Par M'hamed JAIBI Les syndicalistes, les hommes et femmes de gauche et les intellectuels de divers bords ne ratent jamais une occasion pour reconfirmer le droit inaliénable des salariés de mener librement leurs mouvements revendicatifs. Et il s'agit effectivement d'un droit inaliénable que la Constitution garantit et protège, et que la loi réglemente. Cependant, le nombre des actions revendicatives ne fait qu'augmenter d'année en année dans le pays, depuis la Révolution de la liberté et de la dignité, et le nombre de jours de travail perdus devient fort inquiétant, dans un climat de nonchalance générale, caractérisé par le manque de concentration au travail, les longs retards, les pauses multiples, les fréquents repos maladie... Bref, l'heure n'est pas vraiment au labeur et à l'effort qu'attend de nous un pays se devant d'être sérieusement repris en main. Or ce phénomène est plus notoire dans les administrations et les entreprises publiques, affectant leur qualité de service au détriment de tous les citoyens et du dynamisme économique et social du pays. La montée des revendications était compréhensible au lendemain de la Révolution, laquelle venait libérer la parole et l'expression. Et les gouvernements qui se sont succédé depuis se sont efforcés d'y répondre avec souplesse et plus ou moins de compréhension et de pragmatisme. De sorte que rares sont les secteurs qui n'aient pas eu droit à une revalorisation de leurs revenus ou une amélioration de leur statut ou de leurs conditions de travail. Maintenant, est-il logique de continuer à fonctionner de cette manière au moment où il devient urgent d'opérer un sérieux changement de vitesse, afin d'assurer les conditions d'un redémarrage de l'investissement, de la création d'entreprise et de l'emploi, de répondre aux attentes des régions en termes d'infrastructures et de réalisations économiques et sociales, de doter de nouveau le pays d'une croissance apte à générer des richesses suffisantes pouvant améliorer la prospérité et le bien-être dans notre pays, et garantir l'avenir de nos jeunes générations ? Assurément, non ! Car l'heure est à la responsabilité patriotique, à la mobilisation pour sauver le pays, à la mise en commun de toutes les ressources et énergies pour trouver les voies du renouveau et retrouver la crédibilité et le rayonnement. Et pour cela, alors que le gouvernement nous demande de lui accorder 100 jours pour remettre la machine en route, ne devrait-on pas lui offrir 100 jours sans grèves ni sit-in ? 100 jours de répit.