Le rapport préconise l'adoption d'une loi claire sur «l'inéligibilité des candidats qui auraient, d'une manière délibérée, falsifié des parrainages» Ils n'étaient pas au complet les membres du comité de l'Isie hier à Tunis pour présenter le rapport final sur les élections législatives et présidentielle. L'absence de deux membres à la conférence de presse a suscité des interrogations surtout que les concernés, contactés par téléphone, n'ont pas souhaité commenter leur absence. Dans un document de 58 pages, l'équipe présidée par Chafik Sarsar est revenue en dix chapitres sur le déroulement de l'ensemble du processus électoral, en insistant soigneusement sur les difficultés qu'ils ont dû surmonter, contre vents et marées. «Dès sa première réunion, le comité de l'Isie a fait face à une série de défis relatifs à la mise en place urgente des différentes structures parallèlement à la préparation des différents textes d'application, tout en étant tenus par les délais constitutionnels qui exigeaient l'organisation des deux élections dans un délai ne dépassant en aucun cas le 31 décembre 2014», a tenu à dire Chafik Sarsar à l'ouverture de la conférence de presse. Des dizaines de recommandations Le document qui a été remis au président de la République, au président de l'Assemblée des représentants du peuple et au chef du gouvernement, formule des dizaines de recommandations en prévision des échéances électorales à venir. L'Isie a en effet travaillé sous la pression du temps, d'une part, et celle des textes juridiques contraignants qu'ils n'ont pas choisis, d'autre part. «A titre d'exemple, les conditions de recrutement des collaborateurs au sein de l'Isie ont été un frein à l'attraction des compétences, que ce soit au niveau de l'âge minimum ou l'ancienneté», a précisé le président de l'Isie, qui appelle dans la foulée à réviser certaines dispositions relatives au recrutement du personnel de l'instance. Dans un souci d'efficacité, le rapport final demande également à ce que l'Instance soit exempte des règles relatives aux marchés publics. L'Instance a eu l'occasion hier de revenir sur l'affaire de la falsification présumée des parrainages, qui avait embarrassé l'Isie à l'époque. Pour ses membres, l'Isie était mal outillée pour prendre des décisions concernant ces signatures. Le rapport préconise donc l'adoption d'une loi claire sur «l'inéligibilité des candidats qui auraient, d'une manière délibérée, falsifié des parrainages». Enregistrement spontané et identifiant unique Ce rapport de l'Isie, qui vient plus de trois mois après la proclamation des résultats définitifs des deux élections de la deuxième république, est, semble-t-il, arrivé à la conclusion que l'inscription des électeurs doit continuer à se faire de manière spontanée et non automatique comme l'ont demandé un certain nombre d'organisations indépendantes. Selon le rapport : «70% du corps électoral est inscrit et que la comparaison entre les données de 2011 et celles de 2014 prouvent qu'il n'y a pas de gros changements au niveau de la répartition géographique des électeurs». Néanmoins, le président de l'Instance, Chafik Sarsar, demande à ce qu'un identifiant unique, celui de la carte d'identité nationale, soit retenu dans l'opération d'inscription des électeurs. Selon les recommandations du rapport, un effort particulier doit être déployé en direction de la deuxième et troisième génération d'émigrés, afin de les inciter à demander leurs cartes d'identité nationale. Communiquer avec les jeunes Un effort de communication en faveur des jeunes devra être fait selon le même rapport. L'ensemble des études montrant que les citoyens âgés entre 18 et 35 ans ne se sont pas déplacés massivement vers les urnes en 2011 tout comme en 2014. De son côté, le vice-président de l'Isie, Mourad Ben Mouelli, est revenu sur l'épisode de l'interdiction faite aux observateurs de sortir les bureaux de vote avant la fin de l'opération de vote, en estimant que même avec du recul «c'était la bonne attitude à prendre compte tenu des dépassements graves des observateurs qui ont été répertoriés ». Une réponse qui ne convainc pas le président de Mourakiboun, Rafik Halouani, présent à la conférence de presse, qui estime cependant la mesure «circonstancielle» et ne pouvant pas, selon lui, se répéter lors des prochaines échéances.