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Ignorance, insouciance et désenchantement : la Tunisie dans l'attente d'un sursaut
Publié dans Leaders le 31 - 08 - 2015

A la prison de la Mornaguia, la bibliothèque compte près de 7 000 ouvrages, presque autant que le nombre de détenus sous écrous, entre prévenus et condamnés. Le registre des livres empruntés révèle un chiffre significatif : moins de 50 livres par quinzaine demandés par des amateurs de lecture parmi les 7 000 détenus, pourtant oisifs. Confus, le conservateur de la bibliothèque apporte la réponse : la plupart sont analphabètes et ceux qui savent lire préfèrent des journaux populaires ! Triste réalité, difficile à endurer : l'ignorance, l'inculture. A la Mornaguia, comme ailleurs dans le pays, le mal est là. Profond, aux lourdes conséquences.
L'école est en échec. Le système éducatif coûte cher et fabrique l'exclusion. Traumatisé par la succession de pas moins de cinq ministres en cinq ans (Baccouche, Abid, Labiadh, Jarray et Jalloul), il est encore loin de quitter la zone de forte turbulence. La pertinence des cursus et programmes, la qualité de l'enseignement et la compétence des formateurs placent l'école, avec les grèves successives, dans l'œil du cyclone. Les parents d'élèves en pâtissent. Eux qui sacrifient tout pour l'éducation de leurs enfants, dans l'espoir de les voir emprunter l'ascenseur social tant rêvé, s'en trouvent doublement pénalisés : perte d'argent et échec scolaire.
Le mal est là. L'avenir est bouché. L'ignorance ouvre la brèche à l'endoctrinement religieux. Le désœuvrement et l'absence de perspectives n'offrent comme alternative aux jeunes que la migration clandestine ou le jihad. Certains tentent de se reprendre en évitant la débauche, la marginalisation, la délinquance… Abandonnés à leur sort, ils sont laissés en rade. La Tunisie en souffre, la Tunisie en paye aujourd'hui les frais.
Qui s'en soucie ? Qui ose affronter utilement, efficacement cette tragique réalité ? Le discours sur l'école est occulté par l'ambition dévorante des politiques et les intérêts des corporatistes. On hausse un peu le ton à chaque rentrée scolaire et universitaire, comme en ce mois de septembre, avec scénarisation de ces ministres, leur chef, le premier, qui reviennent à leur école primaire badigeonner ses murs, sous les projecteurs des caméras, avant de shunter rapidement le son quelques jours après. Retour aux querelles de chapelle et aux grenouillages de marigot.
On est dans l'accessoire, le cosmétique, l'ego ; le positionnement dans la course aux postes et autres prébendes prennent le dessus. Mais point d'analyses profondes, de prospective clairvoyante, de conduite du présent ou d'investissement dans l'avenir. Un pays qui se gère à la bonne heure, au jour le jour, avec la baraka.
Les Tunisiens ont attendu cinq ans pour avoir droit à une constitution démocratique, des institutions pérennes, des élections libres et l'entrée en fonction des nouveaux dirigeants. Aujourd'hui, ils attendent avec impatience la concrétisation des promesses électorales, la stabilisation du pays, la préservation de sa souveraineté et de sa sécurité et la relance de son économie. Leur aspiration profonde est de voir leurs souffrances se réduire, leur quotidien s'améliorer et leur bien-être s'accomplir. Ils savent que la voie de la démocratie est longue et difficile, qu'elle exige beaucoup de sacrifices et autant de patience. Mais, ils avaient cru que leurs nouveaux gouvernants viendraient en raccourcir les délais et accélérer le salut. Au risque de déchanter totalement, les Tunisiens perdent chaque jour encore plus espoir dans l'avenir et confiance dans leurs dirigeants. Est-ce une fatalité ?
Hésitation au sommet de l'Etat, manque d'audace et de courage politique, mais aussi de vision claire et de propositions innovantes : à Carthage, à la Kasbah, comme au Bardo (où les élus de la nation réclament en priorité, sans la moindre pudeur et abnégation, de nouvelles indemnités), on donne l'impression de marcher sur des œufs. A trop se protéger et à verser dans les calculs inutiles, le pouvoir politique s'aseptise, se stérilise. Les contre-pouvoirs s'installent. Ravageurs.
La Tunisie attend aujourd'hui un grand sursaut. Ou initié par le sommet, ou déclenché des tréfonds. Ce sera alors un deuxième 14 Janvier. Deux révolutions successives, certains l'appellent de leurs vœux. Le pays risque alors de se retrouver de nouveau à la case départ, pour une période encore plus longue. Face à l'insouciance des dirigeants, le rôle des élites qui se complaisent dans l'attentisme est de reprendre l'initiative. En conscience éclairée, en force de pression, sans jamais lâcher prise jusqu'à ce que les politiques se départissent de leur léthargie politicienne et prennent à bras-le-corps les vrais problèmes de la Tunisie et des Tunisiens.
A commencer par l'école.


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