Vient de paraître — Des sardines de Mahdia à la passion: des mathématiques La vie fascinante de Béchir Mahjoub    Abdallah Labidi : l'absence du président du Sommet arabe est déjà une prise de position    Daily brief national du 17 mai 2024: Kais Saïed discute du sujet du financement étranger des associations    La Tunisie au cœur des initiatives météorologiques africaines    Migration irrégulière : La Tunisie en quête de partenariats africains    COINNOV : Ouverture de la deuxième session de candidature pour le Fonds dédié aux PME industrielles    Bourse - Déploiement des pratiques ESG : Ennakl Automobiles parmi les quinze sociétés sélectionnées    «Romena Tour à Testour»: De belles activités sur la route de la grenade    Handball — équipe de Tunisie Junior: Coup de semonce !    Le CA affronte le CSKorba à Korba: Siffler la fin de la récréation    ST: Rêver plus grand    Nabeul: Des élèves organisent "un marché de solidarité" au profit d'une association caritative [Vidéo]    Achèvement des travaux de surélévation du barrage Bouhertma    Propagation de la maladie du mildiou : Le ministère de l'agriculture émet des recommandations    Ben Arous: Un ancien entrepôt ravagé par un incendie, sans dégâts humains    Migration irrégulière: La région de Sfax secouée par de violents affrontements entre migrants    Ce samedi, l'accès aux sites, monuments et musées sera gratuit    Exposition «punctum» de Faycel Mejri à la Galerie d'art Alexandre-Roubtzoff: L'art de capturer l'éphémère    Le Mondial féminin 2027 attribué au Brésil    Récolte d'abricots à Kairouan: Une saison faste, mais..    Pourquoi: Diversifier les activités…    Pris sur le vif: La valse des étiquettes    Visite technique des véhicules: Les dix commandements    Raoua Tlili brille aux championnats du monde paralympiques    Industrie du cinéma : une affaire de tous les professionnels    Mokhtar Latiri: L'ingénieur et le photographe    La croissance n'est pas au rendez-vous    16 banques locales accordent à l'Etat un prêt syndiqué de 570 millions de dinars    Le ministre de l'Agriculture supervise l'achèvement des travaux de surélévation du barrage Bouhertma    Météo de ce vendredi    USA : La Chambre des représentants américaine contraint Biden à soutenir militairement Israël    USA- Démission retentissante d'une employée juive de l'administration Biden en protestation contre le soutien à Israël    Royaume-Uni – USA : Le maire de Londres traite Trump de raciste et de sexiste    Hatem Mziou : la réponse du président était positive    Mandat de dépôt contre Saadia Mosbah    Basket – Pro A : résultats complets de la J2 play-out (vidéo)    Palestine : la Tunisie s'oppose aux frontières de 1967 et à la solution à deux Etats    Bank ABC sponsor de la paire Padel Hommes    Accès gratuit aux musées et sites historiques à l'occasion de la Journée internationale des musées    Coupe de Tunisie : Les arbitres des huitièmes de finale    76e anniversaire de la Nakba : La Tunisie célèbre la résistance du peuple palestinien    En bref    Tunisie : Fermeté présidentielle face à l'ingérence dans les affaires internes    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    Le roi Charles III dévoile son premier portrait officiel    Festival de Carthage: Les préparatifs avancent à grands pas    Mark Zuckerberg : Carthage doit être détruite !    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



FMI-Tunisie: Restaurer la confiance!
Publié dans Leaders le 16 - 06 - 2023

Par Dr. Olfa Berrich - Récemment, le président Kais Said a rejeté formellement et publiquement les «diktats du FMI», donnant l'impression qu'il ne faisait pas confiance aux injonctions de l'institution du Bretton Wood, ajoutant que les «thérapies» préconisées par le FMI appauvrissaient les Tunisiens et généraient des risques d'instabilité politique. De son côté le FMI a perdu confiance envers les gouvernements tunisiens, suite aux divers prêts avancés à la Tunisie, sur la base de promesses de réformes jamais tenues. Le citoyen tunisien n'est pas en reste, il ne porte pas dans son cœur les réformes du FMI, voyant qu'elles réduisent son pouvoir d'achat, dévalorisent le dinar et se traduisent souvent par des licenciements. Bref, entre le FMI et la Tunisie le courant ne passe plus ! Le capital de confiance est à son plus bas! Décryptage, chiffres à l'appui
Une question de confiance?
À l'évidence, le capital de confiance entre le FMI à la Tunisie, (membre du FMI depuis le 14 avril 1958), s'est effrité gravement depuis la Révolte du Jasmin en 2011. Et le désamour serait réciproque, avec des hauts et des bas. Un désamour parfois fondé sur des préjugées et des incompatibilités idéologiques.
Mais en l'état, le FMI a clairement perdu confiance envers les gouvernements et certaines élites politiques de l'après 2011. Des élites qui n'honorent pas leurs engagements en matière de réformes, de modernisation et de bonne gouvernance des budgets publics, pour lesquels ils ont obtenu les financements du FMI (en 2013, 2018, 2020).
Le FMI a appris la leçon, et veut désormais un engagement signé par le président Kais Saied, entériné par le parlement pour mettre en œuvre des mesures jugées douloureuses telles que la réduction des effectifs de fonctionnaires, la compression des budgets des subventions pour les produits de base (alimentation, énergie, transport) et surtout la restructuration d'une centaine de Sociétés d'Etat.
De facto, le FMI n'apprécie pas l'ambiance et toutes ces déclarations politiques qui dénoncent les «diktats du FMI», sans preuve et sans proposer des alternatives, ou des révisions des termes de l'entente préliminaire signée le 15 octobre en 2022.
Et dans ce contexte, on peut se poser deux questions d'économie politique.
Un: est-ce qu'en déclarant sa défiance au FMI, le président Saied veut s'aligner sur une opinion publique qui craint les mesures de reformes douloureuses exigées par le FMI et qui ne fait pas confiance à cette institution créée par les accords de Bretton Woods, en 1945 et qui consacrent la domination des Américains et alliés dans la gouvernance économique et financière du monde?
Deux: est-ce qu'en qualifiant le FMI de toutes les déconvenues budgétaires et économiques de la Tunisie, n'y a-t-il pas des convictions idéologiques et une posture électoraliste, en prévision des élections présidentielles à venir quelques mois en 2024?
Mesure et démesure
Un sondage international, réalisé en 2021, auprès de 1209 répondants représentatifs en Tunisie, pose la question de la confiance envers le FMI. Ce sondage réalisé par une fondation américaine associée située à Vienne, mais créée à l'origine par une alliance d'universités américaines nous apprend que le FMI, en tant d'organisme porteur d'aides économiques, n'a plus la cote en Tunisie, malgré tous ses prêts et appuis passés à la Tunisie.
Contrairement à nos attentes, les résultats révèlent que le niveau de confiance des Tunisien-ne-s envers le FMI est extrêmement faible:
• Trois personnes sur cinq (57%) déclarent qu'ils ne font pas du tout confiance au FMI.
• Une personne sur trois (33%) ne fait pas beaucoup confiance au FMI.
• Et seulement une personne sur dix (10%) fait suffisamment ou totalement confiance au FMI.
Utilisant le même sondage pour d'autres pays, on apprend que l'inconfiance envers le FMI est plus forte en Tunisie qu'ailleurs dans des pays comparables. Deux pays francophones, le Maroc et le Liban, ayant des perceptions fort différentes envers le FMI, comparativement à la Tunisie. Ce même sondage a montré qu'au Maroc:
• 21% des Marocain-ne-s ne font pas du tout confiance envers le FMI (57% en Tunisie).
• 51% ne font pas beaucoup confiance envers le FMI (33% en Tunisie).
• 24% font suffisamment ou une confiance totale envers le FMI (10% en Tunisie).
Ces statistiques ne sont pas trop loin à celles du Liban:
• 44% ne font pas du tout confiance au FMI.
• 37% ne font pas beaucoup confiance au FMI.
• 19% font suffisamment ou totalement confiance envers le FMI.
Cette comparaison montre combien le Tunisien lambda ne fait pas confiance au FMI. Cette crise de confiance mérite des recherches scientifiques plus poussées.
Aussi bien le FMI que le gouvernement tunisien se doivent d'expliquer cette crise de confiance, pour mieux la contenir et éviter que la Tunisie ne finisse par se priver des aides généreuses, financements et soutien technique de la part des institutions du Bretton Wood, particulièrement le FMI et la Banque mondiale.
De bouée à boulet?
Le FMI est supposé être une bouée de sauvetage pour la Tunisie en lui accordant des prêts afin de remédier le déséquilibre économique et de promouvoir la stabilité financière. Il ne faut pas que le FMI devienne un boulet, manipulable à gré par les élites politiques et plusieurs médias non avertis.
Rien n'est gratuit, tout se paye ! Connues par sous le label de « mesures d'ajustements structurelles », les aides de FMI sont souvent accompagnées par des risques de paupérisation et des conditions strictes, qui touchent directement ou indirectement le niveau de vie et le pouvoir d'achat des Tunisiens.
Et l'histoire en est témoin!
Deux ans après son indépendance, en 1958, la Tunisie avait rejoint le Fonds Monétaire internationale (FMI) et recouru à l'assistance financière. En 1964, pour la première fois la Tunisie a bénéficié d'un prêt FMI de 14 millions de $, assorti d'une dévaluation du taux de change du dinar de 20% (face au dollar). À cette époque, le dinar valait presque 3 dollars, aujourd'hui il faut plus que 3 dinars pour obtenir un seul dollar.
Le même scénario se répètera entre1984-1986. Ce fut la période de la révolte du pain en Tunisie, lorsque le pays a mis en œuvre des réformes structurelles et économiques dans le cadre d'ajustement structurel du FMI. Les émeutes du pain ont couté la vie à plus de 350 personnes, tuées par balle, par les forces de police.
Ce plan d'ajustement a imposé à l'économie tunisienne des réformes telle que, la réduction des subventions, l'encouragement de l'investissement offshore au détriment de l'investissement interne, l'augmentation des impôts et la privatisation des entreprises publiques. Ici aussi, le dinar a trinqué et il a été dévalué de 25%.
Au fil des années, en décembre 2012, les réserves officielles en devises ont dminué à 94 jours d'importation, sachant qu'au moment de la signature de la Tunisie a été très dévaluée ce qu'il ne lui permettra pas de sortir sur les marchés internationaux pour émission d'un emprunt obligataire, quand même elle a réussi de bénéficier d'un prêt 1,4 milliard d'euros sur deux ans au prêt du FMI pour soutenir ses politiques avec la garantie officielle des trésors américain et japonais.
En 2016, un accord entre la Tunisie et le FMI a été signé sous le nom «Mécanisme élargi de crédit» qui a pour but de renforcer la stabilité économique du pays. Le premier encaissement a été fait le 24 mai 2016. Sachant que le FMI approuve la troisième tranche de son prêt de 2,9 milliards de dollars à la Tunisie en janvier 2018. Cet accord a été suivi par des conditions et réformes spécifiques tel que le renforcement du secteur financier, la réforme des entreprises publiques.
Depuis 2011, le dinar a perdu encore presque 50% de sa valeur face au dollar, et ce dans le sillage des trois prêts octroyés par le FMI, en 2013, en 2018 et 2020.
Néanmoins, l'assistance du FMI, à l'économie tunisienne continue à faire face à des défis sociaux économiques. Taux de chômage élevé de 16.1% en 2022 comparé à 14.3% en 2014. Un taux de croissance annuel de 1.5% en 2022 comparé à -8.6% en 2020.
Toutes ces mesures d'ajustement structurelles peuvent avoir des effets négatifs sur la perception de la confiance envers le FMI. De plus, ils sont perçus comme étant imposés de l'extérieur, sans prise en compte de la réalité des besoins des citoyens.
À titre indicatif, le même sondage soulève que 30% des Tunisiens ne font pas du tout confiance des gens d'autres nationalités, et seulement 2% font totalement confiance des gens d'autres nationalités.
Dr. Olfa Berrich
Post-doctorante dans le cadre d'une recherche CRSH


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.