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FMI-Tunisie: Restaurer la confiance!
Publié dans Leaders le 16 - 06 - 2023

Par Dr. Olfa Berrich - Récemment, le président Kais Said a rejeté formellement et publiquement les «diktats du FMI», donnant l'impression qu'il ne faisait pas confiance aux injonctions de l'institution du Bretton Wood, ajoutant que les «thérapies» préconisées par le FMI appauvrissaient les Tunisiens et généraient des risques d'instabilité politique. De son côté le FMI a perdu confiance envers les gouvernements tunisiens, suite aux divers prêts avancés à la Tunisie, sur la base de promesses de réformes jamais tenues. Le citoyen tunisien n'est pas en reste, il ne porte pas dans son cœur les réformes du FMI, voyant qu'elles réduisent son pouvoir d'achat, dévalorisent le dinar et se traduisent souvent par des licenciements. Bref, entre le FMI et la Tunisie le courant ne passe plus ! Le capital de confiance est à son plus bas! Décryptage, chiffres à l'appui
Une question de confiance?
À l'évidence, le capital de confiance entre le FMI à la Tunisie, (membre du FMI depuis le 14 avril 1958), s'est effrité gravement depuis la Révolte du Jasmin en 2011. Et le désamour serait réciproque, avec des hauts et des bas. Un désamour parfois fondé sur des préjugées et des incompatibilités idéologiques.
Mais en l'état, le FMI a clairement perdu confiance envers les gouvernements et certaines élites politiques de l'après 2011. Des élites qui n'honorent pas leurs engagements en matière de réformes, de modernisation et de bonne gouvernance des budgets publics, pour lesquels ils ont obtenu les financements du FMI (en 2013, 2018, 2020).
Le FMI a appris la leçon, et veut désormais un engagement signé par le président Kais Saied, entériné par le parlement pour mettre en œuvre des mesures jugées douloureuses telles que la réduction des effectifs de fonctionnaires, la compression des budgets des subventions pour les produits de base (alimentation, énergie, transport) et surtout la restructuration d'une centaine de Sociétés d'Etat.
De facto, le FMI n'apprécie pas l'ambiance et toutes ces déclarations politiques qui dénoncent les «diktats du FMI», sans preuve et sans proposer des alternatives, ou des révisions des termes de l'entente préliminaire signée le 15 octobre en 2022.
Et dans ce contexte, on peut se poser deux questions d'économie politique.
Un: est-ce qu'en déclarant sa défiance au FMI, le président Saied veut s'aligner sur une opinion publique qui craint les mesures de reformes douloureuses exigées par le FMI et qui ne fait pas confiance à cette institution créée par les accords de Bretton Woods, en 1945 et qui consacrent la domination des Américains et alliés dans la gouvernance économique et financière du monde?
Deux: est-ce qu'en qualifiant le FMI de toutes les déconvenues budgétaires et économiques de la Tunisie, n'y a-t-il pas des convictions idéologiques et une posture électoraliste, en prévision des élections présidentielles à venir quelques mois en 2024?
Mesure et démesure
Un sondage international, réalisé en 2021, auprès de 1209 répondants représentatifs en Tunisie, pose la question de la confiance envers le FMI. Ce sondage réalisé par une fondation américaine associée située à Vienne, mais créée à l'origine par une alliance d'universités américaines nous apprend que le FMI, en tant d'organisme porteur d'aides économiques, n'a plus la cote en Tunisie, malgré tous ses prêts et appuis passés à la Tunisie.
Contrairement à nos attentes, les résultats révèlent que le niveau de confiance des Tunisien-ne-s envers le FMI est extrêmement faible:
• Trois personnes sur cinq (57%) déclarent qu'ils ne font pas du tout confiance au FMI.
• Une personne sur trois (33%) ne fait pas beaucoup confiance au FMI.
• Et seulement une personne sur dix (10%) fait suffisamment ou totalement confiance au FMI.
Utilisant le même sondage pour d'autres pays, on apprend que l'inconfiance envers le FMI est plus forte en Tunisie qu'ailleurs dans des pays comparables. Deux pays francophones, le Maroc et le Liban, ayant des perceptions fort différentes envers le FMI, comparativement à la Tunisie. Ce même sondage a montré qu'au Maroc:
• 21% des Marocain-ne-s ne font pas du tout confiance envers le FMI (57% en Tunisie).
• 51% ne font pas beaucoup confiance envers le FMI (33% en Tunisie).
• 24% font suffisamment ou une confiance totale envers le FMI (10% en Tunisie).
Ces statistiques ne sont pas trop loin à celles du Liban:
• 44% ne font pas du tout confiance au FMI.
• 37% ne font pas beaucoup confiance au FMI.
• 19% font suffisamment ou totalement confiance envers le FMI.
Cette comparaison montre combien le Tunisien lambda ne fait pas confiance au FMI. Cette crise de confiance mérite des recherches scientifiques plus poussées.
Aussi bien le FMI que le gouvernement tunisien se doivent d'expliquer cette crise de confiance, pour mieux la contenir et éviter que la Tunisie ne finisse par se priver des aides généreuses, financements et soutien technique de la part des institutions du Bretton Wood, particulièrement le FMI et la Banque mondiale.
De bouée à boulet?
Le FMI est supposé être une bouée de sauvetage pour la Tunisie en lui accordant des prêts afin de remédier le déséquilibre économique et de promouvoir la stabilité financière. Il ne faut pas que le FMI devienne un boulet, manipulable à gré par les élites politiques et plusieurs médias non avertis.
Rien n'est gratuit, tout se paye ! Connues par sous le label de « mesures d'ajustements structurelles », les aides de FMI sont souvent accompagnées par des risques de paupérisation et des conditions strictes, qui touchent directement ou indirectement le niveau de vie et le pouvoir d'achat des Tunisiens.
Et l'histoire en est témoin!
Deux ans après son indépendance, en 1958, la Tunisie avait rejoint le Fonds Monétaire internationale (FMI) et recouru à l'assistance financière. En 1964, pour la première fois la Tunisie a bénéficié d'un prêt FMI de 14 millions de $, assorti d'une dévaluation du taux de change du dinar de 20% (face au dollar). À cette époque, le dinar valait presque 3 dollars, aujourd'hui il faut plus que 3 dinars pour obtenir un seul dollar.
Le même scénario se répètera entre1984-1986. Ce fut la période de la révolte du pain en Tunisie, lorsque le pays a mis en œuvre des réformes structurelles et économiques dans le cadre d'ajustement structurel du FMI. Les émeutes du pain ont couté la vie à plus de 350 personnes, tuées par balle, par les forces de police.
Ce plan d'ajustement a imposé à l'économie tunisienne des réformes telle que, la réduction des subventions, l'encouragement de l'investissement offshore au détriment de l'investissement interne, l'augmentation des impôts et la privatisation des entreprises publiques. Ici aussi, le dinar a trinqué et il a été dévalué de 25%.
Au fil des années, en décembre 2012, les réserves officielles en devises ont dminué à 94 jours d'importation, sachant qu'au moment de la signature de la Tunisie a été très dévaluée ce qu'il ne lui permettra pas de sortir sur les marchés internationaux pour émission d'un emprunt obligataire, quand même elle a réussi de bénéficier d'un prêt 1,4 milliard d'euros sur deux ans au prêt du FMI pour soutenir ses politiques avec la garantie officielle des trésors américain et japonais.
En 2016, un accord entre la Tunisie et le FMI a été signé sous le nom «Mécanisme élargi de crédit» qui a pour but de renforcer la stabilité économique du pays. Le premier encaissement a été fait le 24 mai 2016. Sachant que le FMI approuve la troisième tranche de son prêt de 2,9 milliards de dollars à la Tunisie en janvier 2018. Cet accord a été suivi par des conditions et réformes spécifiques tel que le renforcement du secteur financier, la réforme des entreprises publiques.
Depuis 2011, le dinar a perdu encore presque 50% de sa valeur face au dollar, et ce dans le sillage des trois prêts octroyés par le FMI, en 2013, en 2018 et 2020.
Néanmoins, l'assistance du FMI, à l'économie tunisienne continue à faire face à des défis sociaux économiques. Taux de chômage élevé de 16.1% en 2022 comparé à 14.3% en 2014. Un taux de croissance annuel de 1.5% en 2022 comparé à -8.6% en 2020.
Toutes ces mesures d'ajustement structurelles peuvent avoir des effets négatifs sur la perception de la confiance envers le FMI. De plus, ils sont perçus comme étant imposés de l'extérieur, sans prise en compte de la réalité des besoins des citoyens.
À titre indicatif, le même sondage soulève que 30% des Tunisiens ne font pas du tout confiance des gens d'autres nationalités, et seulement 2% font totalement confiance des gens d'autres nationalités.
Dr. Olfa Berrich
Post-doctorante dans le cadre d'une recherche CRSH


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