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Aziz Amami - j'ai rencontré un homme libre
Publié dans Leaders le 12 - 03 - 2011

Figure emblématique des cyber-activistes tunisiens qui ont initié le combat contre la censure Internet en Tunisie avec des opérations comme Nhar 3ala Ammar en mai 2010 ou Lettre à un député en juillet 2010, arrêté le 6 janvier et libéré à la veille du 14 janvier, Aziz Amami (Azyoz), savoure la victoire du peuple tunisien contre la tyrannie et l'injustice. Alors que ses deux principaux compagnons de route ont choisi, chacun un chemin différent, Slim Amamou (Slim404) étant entré dans le gouvernement et Yassine Ayari ayant choisi de rester dans la contestation, Aziz explique à Leaders ses prises de positions et sa vie depuis le 14 janvier.
Une après-midi brumeuse. Un café trash de Montplaisir. Autour d'une fumée opaque, quatre hommes, en pleine discussion, grillent leurs cigarettes, en jetant un regard distrait aux images des révolutions arabes qui défilent en boucle sur El Jazira. Deux filles, sur la table à côté, se font face en silence. On se met à l'écart. Le cendrier en aluminium est encore plein de mégots. Aziz s'installe. Je sors mon matériel. Tiens, il a déjà allumé sa première cigarette, une marque bon marché. Il ne me demande pas s'il peut fumer ou si j'en veux une. Une allure élégante décontractée, Aziz Amami, avec sa parka et sa chemise assorties, son sac à dos usé et sa barbe négligée. Il ne paie pas de mine de prime abord mais entrer dans son monde n'est pas un exercice de tout repos. D'emblée, il me présente son concept la majorité vibreur, située entre ceux qui crient leur silence et ceux qui se murent dans le leur pour faire entendre leur voix, et qui émet juste assez de bruit pour déranger sans être insupportable. Ses actions : s'attaquer aux ponts, routes et autoroutes et même au grand huit de Dah Dah, tous symboles du régime déchu. Le décor est planté. Ce sera la dérision.
«J'aurais pu supporter Ben Ali encore longtemps, mais ce qui m'a le plus indigné, c'est qu'il a voulu me priver de mon droit de rire, raconte Aziz ». Dans un de ses blogs écrit en 2009, il écrivait déjà : « rire est une arme absolue. Rire est un acte de résistance. Rire est un acte libérateur. Rire est un acte révolutionnaire ». Le combat pour acquérir le droit de rire de tout continue encore pour Aziz qui affirme que « l'on a gagné la liberté d'expression depuis le 14 janvier 2011 mais pas encore la liberté de ton. Par exemple, je revendique le droit de rire même de nos martyrs car rire d'un malheur, c'est l'extérioriser. Le mettre en dehors. Le regarder. Le prendre avec distance. Et puis, tous ces martyrs ne sont pas allés au devant de la mort, ils ont justement manifesté pour réclamer leur droit à la vie et s'ils sont morts c'est pour que nous puissions mieux vivre, c'est donc un acte de vie et de joie que l'on ne doit pas commémorer par le silence et sa minute. Non, ils sont morts pour que l'on ne taise plus, alors célébrons-les dans la musique, le chant et la danse».
Un activiste du rire, Aziz ? Cela le fait sourire. Il en est à sa troisième cigarette. Le serveur se fait attendre. Je vais apporter du café. Aziz est lucide mais décalé, comme entre deux mondes. Comment vit-il ces derniers jours ? «Tranquille, dit-il, je vis doucement la révolution. Je participe à tous les mouvements, les manifestations, les sit-in». Son monde, El Kasbah, la première et aussi la deuxième. Il vient de lancer une pétition pour revendiquer le droit de garder les graffitis sur les murs de la place du gouvernement, « un pan de notre histoire, dit-il et une partie de notre patrimoine». Et il raconte comment cet ouvrier, chargé de repeindre la place, pleurait en passant son rouleau de peinture sur l'inscription «Tounis Horra».
« Si l'Etat veut qu'on le respecte, il faut qu'il respecte les combats de son peuple, ajoute Aziz. Et il ne faut pas oublier que Ben Ali a été chassé parce qu'il a humilié les Tunisiens. La place de la kasbah a été, pendant plusieurs jours, notre agora moderne et elle devrait continuer à être un lieu de liberté et de débat politiques, donné en exemple de démocratie vivante avec un coin qui rappelle qu'une page majeure de notre histoire s'est écrite en ces lieux par des hommes qui ont bravé le froid d'un certain hiver de 2011 pour dire non à la confiscation de leur liberté acquise par le sang».
Mais Aziz était aussi avec ses amis à la Kobba pour discuter. Il dit comprendre leur volonté de retour à la normalité et n'en veut à personne. Le silence des Tunisiens pendant toutes ces années ne le choque pas non plus. La majorité des Tunisiens vivaient assez bien. Il y avait une sorte d'accord tacite entre le peuple et sa classe gouvernante, sécurité contre silence. Et puis, des lignes rouges ont commencé à être franchies et le cercle de la peur s'est brisé. « Par exemple, raconte Aziz, mon père ne s'est révolté que lorsqu'on a arrêté son fils (lui) le 6 janvier 2011 ».
« Quant à l'identité musulmane, on ne peut pas la nier, ajoute Aziz, et il est normal de voir des mouvements l'exprimer ». Le plus important, selon lui, actuellement est d'apprendre à vivre ensemble. Un combat pour lequel il consacre toute son énergie, aussi bien sur les réseaux sociaux que dans la rue, au milieu des gens, s'évertuant à écouter, respecter et à défendre une position conciliatrice, prélude d'un mieux vivre ensemble qui reste à construire.
Activiste, Aziz ? Vous voulez rire !
Anissa Ben Hassine


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