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Chronique d'une fraternité…
Cinéma - «Des Hommes et des Dieux» de Xavier Beauvois (Salle Alhambra, la Marsa)
Publié dans Le Temps le 16 - 11 - 2010

En 1996, en Algérie, alors que le GIA sévissait dans les villes et villages, une communauté du monastère de Tibéhirine, au flanc de l'Atlas fut enlevée puis assassinée. Sept moines périrent dans des conditions qui demeurent jusqu' aujourd'hui mystérieuses. De cette tragédie, Xavier Beauvois retrace la vie de cette communauté quelques mois avant son basculement dans « Des Hommes et des Dieux. »
Dirigé par frère Christian (Lambert Wilson qui acquiert dans ce long-métrage un charisme particulier jamais vu auparavant), le monastère fait office de dispensaire pour les villageois, une cellule d'écoute pour les adolescents (les adolescentes surtout), de centre d'aide pour les femmes et les enfants. Les moines y vivent modestement, cultivant la terre, produisant du miel qu'ils vendent au marché hebdomadaire. La vie passe paisible. Les villageois et les moines cohabitent dans le respect du culte religieux de chacun. Les appels du muezzin parviennent jusqu'au monastère, les versets psalmodiés sont ponctués par des « Amen » dans les deux langues et les chants liturgiques, les prières qui réunissent les frères dans la chapelle scandent le film.
Mais dans l'Algérie des années 90, la confusion règne et le bras de fer entre gouvernement et terroristes entraîne dans son sillage victimes et dommages irréversibles. Pris dans cette tourmente, le monastère sera la cible aussi bien des officiels que des marginaux. Leur refus de partir malgré la menace et l'exhortation des politiques et leur opposition à se laisser impressionner par les armes et l'irruption impromptue des terroristes signent l'arrêt de mort des moines, faisant miroiter leur fin à long ou court termes Et on les voit, encadrés par leurs ravisseurs, s'acheminer dans les profondeurs de l'Atlas en plein hiver, dans la blancheur de la neige.
Dès les premières minutes du long-métrage, on se laisse entraîner dans le monde monacal. La simplicité des lieux et le dénuement du village nous plongent au cœur d'une vie simple où l'agriculture est l'essence même de la vie. La parole est réservée, mesurée. Ses manifestations se font toujours à huis clos dans un bureau, dans la caserne, à l'intérieur d'une maison ou dans la salle des réunions du monastère ou dans la chapelle. Une partie du long-métrage se déroule ainsi dans le silence ; le paysage de l'Atlas, le travelling, la mimique des personnages se substituent aux mots, racontent la vie.
Entre fuir un pays livré au désordre (une idée qui a été au cœur des discussions au sein de la communauté) et rester malgré le danger, les moines opteront pour le second choix, mettant leur destinée entre les mains de Dieu, faisant acte d'une foi inébranlable en le Divin. Frère Luc (interprété brillamment par Michael Lonsdale) dira à la fin d'un échange avec frère Christian : « Laissez passer l'homme libre. »
Cette réplique pourrait résumer à elle seule l'esprit du long-métrage car à travers le destin des moines de Tibéhirine, Xavier Beauvois donne à réfléchir sur le sens même de la vie, de la tolérance et de la cohabitation entre hommes de diverses confessions. Si le Coran côtoie la Bible, si le verset se joint aux prières dans la chapelle, ce n'est nullement dans l'esprit de la séparation mais dans le souci de montrer que la différence n'est que factice, que l'esprit libre est celui qui va à la rencontre de l'autre et l'adopte avec sa différence qui n'est que richesse.
Avec sept personnages qui tiennent la tête d'affiche (la chose n'est pas anodine), sans oublier la figure des villageois, Xavier Beauvois pointe du doigt cette dichotomie entre la volonté de gouverner et celle de vivre. L'espoir d'un monde meilleur où la communauté saurait garantir la liberté de chacun dans le respect de son être et non la force des armes qui imposerait la terreur pour marcher dans le sens que dicte un seul individu.
Que retiendrait-on du long-métrage « Des Hommes et des Dieux » sinon, ce casting impressionnant de par sa qualité, le jeu attachant des acteurs et des figurants, les plans où le paysage se substitue à la parole pour décrire la profondeur des relations de l'homme et de la nature et de l'homme envers ses semblables ? Que retiendrait-on encore sinon ce silence abyssal que viennent renforcer la complicité d'un rire ou d'un pleur et la musique : celle de la nature et celle de Tchaïkovski à la fin du film ?
Prix du jury au festival de Cannes et prix de l'Education nationale entre autres, « Des Hommes et des Dieux » est un long-métrage qui va au-delà des préjugés et dépasse le cadre d'une investigation d'un fait divers pour inciter l'homme à percevoir la beauté dans la diversité et l'humain contre l'abjection et l'inhumain…


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