La recherche pharmaceutique a mis sur le marché toute une série de traitements novateurs pouvant prolonger la vie et ayant souvent moins d'effets secondaires que les anciens traitements. Cependant, ces médicaments ne sont pas à la portée financière de la plupart de ceux qui en ont besoin. Les traitements récents contre l'hépatite C et le cancer, des affections répandues dans le monde, peuvent revenir de 50 000 dollars (US $) à bien plus de 150 000 dollars par an. Le tunisien peut –il payer ces médicaments ? La Tunisie serait-elle incapable d›intégrer dans son arsenal thérapeutique les nouvelles spécialités innovantes pour le traitement de pathologies graves ? Explications du Dr Amor Toumi, ancien directeur de la pharmacie et du médicament de Tunisie et expert international en médicaments et santé qui a animé une table ronde sur les médicaments en Afrique en marge du salon international de la pharmacie « Pharma Event Tunisie » organisée les 10 et 11 à Hammamet. «Le grand problème se situe au niveau des produits innovants, dit -il . Ces prix ne tiennent pas en compte des considérations économiques de l'amortissement de la recherche mais sont fixés sur les capacités des américains, des japonais et des européens à payer ce médicament. Les patients pauvres sont de ce fait écartés, ils ne peuvent pas accéder à ces médicaments innovants ? A terme, seuls quelques patients, pouvant financer eux-mêmes leur traitement pourront accéder à certains médicaments innovants ! La fin de l'équité d'accès pour tous aux meilleurs soins qui prévalait jusqu'ici engendrera des inégalités en santé sans précédent entre les personnes malades. Dorénavant, le malade ne pourra plus avoir accès aux traitements efficaces. Ces médicaments innovants sont chers en Tunisie et risquent d›augmenter l›angoisse des patients face à leur maladie, en ajoutant une inquiétude légitime sur la possibilité d›être soignés par les traitements les plus innovants et efficaces. La lutte contre certaines maladies coûtera plus cher à l›avenir et l›espoir de les vaincre, appuyé sur les nouvelles molécules et les thérapies les plus innovantes, notamment immunologiques et nanotechnologiques, nécessitera des investissements de plus en plus lourds. Cette hausse continue des coûts de traitement innovants concerne tout particulièrement la cancérologie. Cette approche fait que les malades ne vont plus avoir accès à des traitements efficaces. C'est le cas par exemple de l'hépatite C qui touche chaque jour de nouvelles personnes. Même si nous guérissons de plus en plus de cette pathologie et que nous vivons mieux pendant les traitements, ceux-ci ont un coût quelque fois exorbitant. Le prix du dernier médicament pour le traitement de l›hépatite C commercialisé sur le marché est insupportable pour notre système de santé. À terme, le risque est bien réel pour les personnes malades de ne plus y avoir accès. Ainsi les prix des médicaments innovants pourraient priver d'une guérison probable de nombreux malades atteints de maladies chroniques. Ce système ne peut pas fonctionner en Tunisie car notre système d'assurance ne peut pas prendre en charge ces pathologies .Il faut en effet compter environ 50 000 € ( 115 000 D) par an et par patient pour des thérapies ciblées contre le cancer. Les laboratoires oublient le reste du monde et misent surtout sur l'Amérique l'Europe et le Japon ainsi que les riches . Donc toute la communauté internationale se doit de se mobiliser face à cette pratique et lutter pour que la question du prix des médicaments ne soit pas soumise aux seules décisions des laboratoires pharmaceutiques. De nouvelles dispositions devront être prises pour réguler les prix des médicaments innovants et garantir la protection de notre système de santé. Nous voulons un système de santé toujours plus juste, plus équitable et plus soutenable économiquement et abordable pour nos patients « a fait remarquer Amor Toumi