Plusieurs associations de la ville de Nabeul souhaitent devenir « co-acteurs », acteurs effectifs de leur ville et être parties prenantes des grandes décisions les concernant. C'est ainsi que plusieurs associations actives dont le syndicat d'initiative, l'Association d'amitié et d'action sociale, ETE+ et Lions club les Jasmins se sont réunies, pour débattre et échanger des idées concernant les prochaines élections municipales et éventuellement constituer un collectif d associations pour défendre les intérêts de la ville de Nabeul. Ahmed Bettaieb, Président du syndicat d'initiative a rappelé que les citoyens ont des droits dans la gouvernance de la cité. « Le but ultime est de rendre les habitants co-acteurs de leur ville sur les grands projets d'intérêt général, à côté de la municipalité et des autres forces politiques .» Jinan Limam enseignante de droit public à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis a précisé que « l'argument fondateur de la décentralisation est qu'elle permet de mieux prendre en compte les préférences des acteurs locaux dans la fourniture de services collectifs. « Or, dit-elle s'il y a « préférences » des acteurs locaux, il faut mettre en place des institutions qui permettent l'expression de ces préférences. La démocratie va de pair avec la décentralisation: elles sont indissociables. La démocratie participative se ramène à l'ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent d'accroître l'implication des citoyens et le rôle de la société civile dans les prises de décision. L'enjeu de la démocratie locale vise à dépasser les principes du régime représentatif pour mettre à profit la proximité et donner le pouvoir au citoyen et à la société civile. Constituer un collectif associatif-citoyen, pourquoi faire? C'est la question que beaucoup se posent et ils ont raison, s'interroge Jinan Limam. « A mon avis, une telle initiative ne peut qu'être salutaire pour la ville de Nabeul car c'est le relais d'une citoyenneté active. Certes, le contexte est marqué par les prochaines échéances électorales au niveau municipal mais indépendamment du positionnement électoral de ce réseau, je pense qu'il doit avoir des objectifs plus stratégiques afin d'en faire une force d'encadrement, de proposition, un instrument de vigilance-veille citoyenne et de l'ériger en véritable contre-pouvoir en matière de gestion des affaires locales à Nabeul. La démocratie participative est désormais une exigence constitutionnelle (article 139). Le projet du code des collectivités locales prévoit plusieurs techniques de participation des citoyens et de la société civile allant du droit à l'information, jusqu'à l'obligation pour le conseil municipal élu de consulter les citoyens et de se concerter avec eux, avec l'injonction pour ce conseil de procéder selon une méthode participative lors de l'élaboration du budget, du plan de développement, du plan d'aménagement, du programme annuel d'investissement...sans oublier la possibilité d'organiser un référendum local à l'initiative du conseil municipal ou des habitants! C'est à la fois plein d'opportunités et beaucoup de défis. Sans une société civile bien organisée et bien informée, ça sera le fiasco citoyenne et de l'ériger en véritable contre-pouvoir en matière de gestion des affaires locales à Nabeul. La démocratie participative est désormais une exigence constitutionnelle. Le projet du code des collectivités locales prévoit plusieurs techniques de participation des citoyens et de la société civile allant du droit à l'information, jusqu'à l'obligation pour le conseil municipal élu de consulter les citoyens et de se concerter avec eux, avec l'injonction pour ce conseil de procéder selon une méthode participative lors de l'élaboration du budget, du plan de développement, du plan d'aménagement, du programme annuel d'investissement...sans oublier la possibilité d'organiser un référendum local à l'initiative du conseil municipal ou des habitants! C'est à la fois plein d'opportunités et beaucoup de défis. Sans une société civile bien organisée et bien informée, ça sera le fiasco» Consacrer la démocratie participative En Tunisie, la consécration de la démocratie participative dans le texte constitutionnel s'inscrit dans le contexte de rupture avec le régime autoritaire et la transition vers la démocratie qui implique une plus grande participation des citoyens et citoyennes. Il faut offrir un cadre juridique garantissant la participation aux affaires locales à ce corps citoyen alerte et actif. Le dynamisme de la vie associative est une condition importante tour à tour pour garantir la réactivité à la politique d'un gouvernement ainsi que pour veiller à ce que les services publics répondent efficacement aux besoins de la population, notamment au niveau le plus local .La société civile constitue un contrepoids, une sphère d'autonomie mais surtout un lieu de participation à la chose publique, notamment aux affaires locales. Les acteurs locaux sont impliqués dans le choix, la conception, la prise de décision, la conduite, le suivi et l'évaluation des projets selon l'article 139 de la constitution tunisienne . La société civile n'est plus donc un simple acteur mais un véritable co-créateur. Sur un plan pratique, c'est un interlocuteur incontournable des processus décisionnels. Son rôle et son engagement sont très précieux dans ce contexte. Rached Khayati, activiste et membre de Lions Club Nabeul les jasmins, a souligné que cette idée longtemps, préconisée par bon nombre de militants de la société civile nabeulienne commence à faire son chemin. En effet, dit-il un grand pas dans la concrétisation a été fait en attendant la désignation d'un coordinateur et d'un secrétaire général puisque le collectif, de par son essence, n'a pas de leader. Ainsi, tous les efforts associatifs jusqu'à ce jour, dispersés seront désormais synchronisés pour plus d'efficacité de l'action associative et l'union sacrée de toutes les bonnes volontés nabeuliennes. Nous serons tous ensemble, sur le même pied d'égalité et sur une plateforme unique afin de prendre en charge tous les dossiers afférents à la ville et entrevoir les élections municipales qui approchent à grands pas, sans inquiétudes et, éventuellement, avec la volonté commune d'appuyer la candidature de la liste qui fera l'unanimité de la société civile nabeulienne. Plusieurs organismes associatifs ont donc manifesté leur intérêt pour cette dynamique locale. Une dynamique collective qui permet, ajoutent Ahmed Bettaieb et Habib Bellamine aux associations de se rencontrer, de communiquer, de dissiper les malentendus, de se respecter, de s'engager dans la construction d'une intelligence collective et de la mettre bénévolement au service du développement local. De chacune des organisations selon ses forces, son talent, son expertise, son expérience et sa spécialité, et à chacune selon ses besoins et ses attentes. Créer des synergies, tisser des partenariats, apprendre les uns des autres, s'entraider et fonctionner selon le principe des vases communicants. Tels sont les défis que les associations de Nabeul se sont engagées à relever. Ils peuvent paraître grands, mais plus ils sont grands plus la victoire sera belle. Gageons que ce réseau permettra à chacun des partenaires impliqués, acteur de terrain, de devenir meilleur dans ces projets, car enrichi des idées et des expériences des autres, car porteur d'une dynamique collective mutualisant les compétences et les créations au service de l'intérêt général.