La Banque Centrale de Tunisie a publié hier les évolutions économiques et monétaires arrêtées au mois d'avril 2017. L'institut d'émission a souligné dans sa note d'analyse l'affermissement de l'activité économique. Une évolution attribuable principalement à la contribution positive du secteur agricole, à la reprise de la demande étrangère ainsi qu'à la bonne performance des secteurs miniers et chimiques. Toutefois, une montée des pressions inflationnistes et un élargissement des déficits jumeaux continuent de peser de tout leur poids sur l'évolution de la conjoncture économique. Une amélioration des secteurs du tourisme et du transport a été par ailleurs observée, soit une reprise relative de l'ordre de 4,2% et de 1,9% enregistrée au cours du 1er trimestre 2017. L'inflation a poursuivi son trend haussier en atteignant la barre de 5% en avril 2017 et l'inflation sous-jacente s'est maintenue à 5.9%. Les zones de risques se rapportant aux prévisions inflationnistes virent globalement au rouge. « L'amplification des tensions inflationnistes est essentiellement imputable à la forte progression des prix libres (+5,8% en avril 2017 contre +5,7% en mars) notamment les prix des produits manufacturés (+6,3% contre +5,9%) mais aussi par la poursuite de l'affermissement du taux de croissance des prix des produits administrés (+2,1% contre +1,8%). », note le rapport de la BCT. Baisse de 2.9% des ressources propres de l'Etat L'examen des résultats provisoires de l'exécution du budget de l'Etat, à fin mars 2017, fait apparaître un creusement du déficit budgétaire, par rapport à la même période de l'année dernière. Une baisse de 2.9% a été enregistrée au niveau des ressources propres de l'Etat et ce en dépit de l'affermissement des recettes fiscales de 5,5%. « Face au creusement du déficit budgétaire, au cours au 1er trimestre de 2017, le Trésor a été amené à intensifier son recours au financement aussi bien intérieur qu'extérieur », souligne la même source. La dégradation du solde de la balance des opérations courantes s'est poursuivie au terme des quatre premiers mois de l'année maintenant les pressions sur le taux de change du dinar. Toutefois le solde de la balance générale des paiements affiche un excédent de 530 MDT contre un déficit de 3.017 MDT enregistré une année auparavant, une amélioration essuyée par la mobilisation de ressources externes et par la hausse des flux d'IDE qui ont atteint les 524 MDT au cours de la même période de référence. Une dépréciation moyenne de 7,5% du dinar vis-à-vis de l'euro Par ailleurs, la situation des paiements extérieurs continue à se traduire par une érosion des réserves de changes. Ces derniers sont revenus de 12.935 MDT (ou 111 jours d'importation) à fin 2016 à 12.557 MDT (ou 104 jours) en avril 2017. Ainsi, les tensions sur le taux de change du dinar se sont intensifiées sensiblement, depuis la deuxième quinzaine du mois d'avril 2017, en induisant une dépréciation importante du dinar vis-à-vis des principales devises. Le dinar a enregistré, sur le marché interbancaire, du 1er au 22 mai 2017, une dépréciation moyenne de 7,5% vis-à-vis du l'euro et de 5,1% vis-à-vis du dollar américain. Ainsi et en dépit de la légère amélioration de l'activité économique, les équilibres globaux poursuivent leur détérioration. Et pour endiguer l'envolée de l'inflation, la BCT a augmenté encore une fois son taux d'intérêt directeur pour le ramener à 5%. Parviendra-t-elle à contenir les tensions inflationnistes ?