C'est une belle soirée musicale tunisienne placée sous le signe de l'innovation et de l'arrangement et portant le titre de « Ya zahratan » que l'ensemble du saxophoniste tunisien Riadh Sghaier a proposée l'autre soir à Dar Lasram au public du festival de la médina. Un public mélomane et assez nombreux qui a vite fait d'adhérer à la matière présentée. On s'attendait à un récital en solo de Riadh Sghaier qu'on connait pour avoir participé à plusieurs spectacles célèbres de Fadhel Jaziri et Samir Agrebi et monté auparavant ses propres spectacles. Mais voilà que notre musicien-arrangeur et créateur de musiques était accompagné par un orchestre et par une chorale masculine. Une belle surprise. On notait d'ailleurs l'absence totale de musiciennes ou de choristes femmes. Choix délibéré ? Ou simple coïncidence ? Dans le patio de Dar Lasram, le spectacle était un doux voyage avec une revisite de morceaux choisis de notre chanson sous toutes ses formes : chants anciens du terroir et de toutes les régions de la Tunisie, chansons de variété, ou chants religieux devenus des « tubes » depuis le spectacle « El Hadhra. » On découvrait ou redécouvrait le talent de jeunes musiciens qui, à la guitare, qui, à la batterie et qui, au clavier. Ils jouent certes une musique tunisienne sous une forme occidentalisée et arrangée pour la circonstance. Riadh Sghaier n'avait pas seulement joué et improvisé au saxophone et défendu, par-là même, le Jazz oriental. Il a chanté et joué également au Bendir lorsqu'il s'agissait de chansons religieuses. Son compatriote violoniste Samir Ressaissi assis excentré sur la petite scène et portant une Jebba de couleur « sokri », quittait par intermittence son petit coin pour jouer et chanter debout devant le micro. Le grand détail de ce concert résidait dans le fait qu'il ne s'agissait pas d'interpréter entièrement chaque chanson choisie. La force des paroles Il était question de mettre en exergue la force des paroles et la nouvelle forme qu'ont prises toutes les œuvres choisies. Un bouquet fleuri de pièces de notre chanson et de nos chants populaires. A l'improvisation et à l'arrangement musical s'ajoutaient la manière de chanter en toute aisance avec des souffles jazzy de la part des membres de la chorale pourvue de belles voix dans le chant en solo. En toute aisance, ces artistes respectaient leur art et leur public. Ce dernier reprenait en chœur quelques refrains tout en suivant le rythme des chansons en tapant des mains. Une totale communion entre l'ensemble de Riadh Sghaier et les spectateurs qui étaient présents et une manière de dire le rapprochement existant entre la musique arabe et celle occidentale et particulièrement sous les couleurs du Jazz.