Le contenu des slogans scandés par les manifestants en décembre 2010 dénonçant la hausse du chômage, la misère dans laquelle vivote la majorité des Tunisiens notamment à l'intérieur du pays , nous laisse dire sans risque de nous tromper que la cause principale de la chute de l'ancien régime est d'ordre économique. Depuis le déclenchement de l'étincelle de la révolution jusqu'à nos jours , le peuple Tunisien continue ainsi à refuser de vivre comme auparavant. Le droit au travail et l'amélioration des conditions de vie essentiellement dans les régions défavorisées de l'intérieur sont largement revendiqués. Il en ressort donc la nécessité d' accorder une importante très particulière aux investissements publics gigantesques en infrastructures en constructions d'hôpitaux, d'écoles et d' autoroutes que les économistes croient indispensables pour faire face à la montée du chômage et au déséquilibre régional . Il va donc de soi que les contestations sociales entachées souvent d' émeutes et la forte pression sur les gouvernements qui se sont succédé à la révolution tournent autour de deux grands axes de la politique économique à savoir la croissance et le Plein emploi .. L'Etat se trouve donc face à une situation confuse et critique pour sortir du trou noir. Comment un Etat dont l' économie est fragilisée par la corruption, par un marché parallèle nuisible qui ne cesse de prendre de l'ampleur, par une récession économique d' un partenaire qui ne s'est pas encore rétabli de ses séquelles de la crise de 2008 ,par un désordre d 'un pays voisin qui nous offrait des débouchés variés et par une réapparition d'un courant conservateur allergique à toute innovation et fidèle à un passé douloureux parviendrait-il à surmonter ces problèmes, franchir ces obstacles et relever ces défis avec rigueur et détermination? Quelle politique économique adopter pour assurer une croissance saine sans perturbations des équilibres macro économiques? La théorie économique nous a enseignés que pour grandir et grossir il faut investir et agir. L'Etat doit mettre tous ses moyens au service de la nation, il est vrai que les libéraux stipulent que ce n'est pas le rôle de l'Etat de créer des emplois et de générer l'activité économique et que c'est au secteur privé de s'en charger. Or, faudrait -il être logique et réaliste , Un opérateur privé n' est pas si naïf pour venir s 'installer dans des lieux où l'infrastructure routière laisse à désirer où il n 'y a pas de téléphone et où l' internet n 'est pas fonctionnel. Il faut qu'il ait les conditions nécessaires pour maximiser son profit et subvenir aux besoins de ces régions " le capital est couard " a dit un jour Hamadi Jebali ancien chef du gouvernement. Compte tenu de ce qui précède et vu les ressources limitées dont souffre notre pays. Ce dernier s'est vu dans l'obligation de s'endetter pour croître en s'appuyant sur la politique budgétaire pour assurer la relance qui s'est traduite par des augmentations salariales sans pour autant augmenter les impôts et par une politique monétaire jugée expansionniste. Cette politique économique d'inspiration keynésienne qui incite à la demande pour sortir de la crise a suscité le mécontentement de plusieurs observateurs et a relancé leurs inquiétudes "l'Etat ne doit pas dépenser plus qu'il n'en reçoit " ont-ils remarqué. Ils dénoncent également la progression du taux d'endettement et le déficit public jugé excessif étant donné que les budgets ne sont plus à l'équilibre. Certains sont allés même jusqu'à préconiser un gel des salaires. Toutefois, économistes experts et citoyens sommes nous dans la légitimité de nous interroger sur l'efficacité de cette politique d'austérité proposée par ses observateurs qui cherchent à réduire les coûts et les dépenses publiques .? Or il s'avère que cette politique ne va pas de pair avec les attentes des citoyens qui ne veulent pas être trahis par la révolution et qui veulent goûter aux fruits de leur révolution. Q'allons-nous leur dire si on opte pour une politique de rigueur? Il est vrai que l'endettement est une solution à court terme il est vrai également que plus les intérêts de la dette augmentent plus le problème devient préoccupant. " L'endettement est la solution de ceux qui n'ont pas de solutions " a déclaré Mondher Lallah docteur en économie lors du symposium débat organisé par l' Association Idées et Etudes IDET le 1er juillet 2017 à la maison de l' entreprise Seulement , nous pourrons dire ou plutôt souffler à ces observateurs trop conservateurs que le protectionnisme a montré ses limites depuis longtemps qui sont beaucoup plus graves que celles du libéralisme . Nul ne peut nier le rôle joué par l Etat tunisien durant les années 60. Actuellement, l'heure est à la libéralisation et à la conception des mécanismes du marché en dépit de certaines anomalies et incohérences, Seul moyen susceptible de mettre fin à la marginalisation et capable de réduire l'écart entre le nord et le sud entre l'est et l'ouest entre la ville et la compagne. L'Etat doit se contenter d'être un régulateur. Il est vrai que les origines de la crise sont d'ordre économique, comme il a été précédé, toutefois, nul ne peut dissocier l'économique du social et du politique.