La politique du FMI en Tunisie est au cœur du débat. Fortement contestée par certains appréciée par d'autres, elle ne cesse d'occuper les unes des journaux et de déclencher une grande polémique entre les pourfendeurs et les partisans de cette institution monétaire. A cet effet, et après avoir constaté que notre situation économique est dégradée, que les indicateurs sont en train de virer au rouge et que les changements pour y remédier se font toujours attendre, devons-nous revoir la relation qui nous lie avec cet organisme et évaluer ses impacts ? De ce fait, plusieurs questions méritent à présent d'être posées. Etre bon élève du FMI suffira- t-il de sortir de la crise économique dont les effets menacent notre souveraineté ? La réponse ne pourrait certes être affirmative tellement les défis auxquels notre pays est continuellement confronté sont si profonds qu'ils ne pourraient pas être résolus par de simples recommandations d'un bailleur de fonds. Lesquelles recommandations jugées sans le moindre doute nécessaires pour rétablir les équilibres macro-économiques mais guère insuffisantes pour redresser notre économie et garantir la reprise et nous faire sortir de crise Ainsi n'aurait- il pas fallu nous interroger d'abord si nous sommes sur le bon chemin ? et si nos choix économiques sont en mesure de s'adapter à ces réformes souvent douloureuses exigées par le FMI Autrement dit, sommes nous bon élève du FMI? La question est certes pertinente, néanmoins, la réponse soit elle affirmative ou négative ? est sans grand intérêt si elle n'est pas précédée par deux autres interrogations jugées, à notre avis, non moins importantes : Qui est le FMI et que veut-il au juste ? Le FMI est une institution Internationale qui regroupe 189 pays dont le but est de "promouvoir la coopération monétaire, garantir la stabilité financière faciliter les échanges internationaux contribuer à niveau élevé d'emplois et la stabilité économique et faire reculer la pauvreté". Toutefois, faut il signaler que plusieurs experts , économistes et experts ne partagent pas cette tendance et considèrent que la politique de cet organisme ne fait que creuser les écarts entre les pays riches et les pays pauvres , matérialiser la suprématie des pays développés . La politique du FMI est le symbole de l'impérialisme économique rétorquent-ils ? Serait-il donc adéquat de se demander que veut le FMI ? Le FMI est un créancier qui prête de l'argent aux pays en difficulté à des taux d'intérêt relativement faibles pour les faire sortir de la crise tout en veillant à ce qu'il se fasse rembourser. Il veut donc accroître leur capacité de remboursement car il ne prête pas gratuitement. Il exige en contre partie des réformes. Quant à la Tunisie, pays en besoin de financement qui fait souvent appel à l'aide du FMI notamment après la révolution. Cette institution monétaire nous astreint donc à des mesures et des réformes qui visent essentiellement à réduire notre déficit budgétaire, devenu un grand fardeau, pour notre économie. Un facteur qui est à l'origine de tous les maux dont souffre notre économie. De ce fait les exigences du FMI se traduisent essentiellement par une panoplie de mesures en vue d' améliorer notre situation économique : - Comprimer la masse salariale après avoir tiré la sonnette d' alarme et constaté que la moitié des dépenses de l 'Etat qui avoisine 14 milliards de dinars est consacrée aux salaires, d'où la proposition d' un redéploiement du personnel et d''un plan de départ prématuré à la retraite. Pourrions-nous enfin dire que bien que plusieurs réformes fussent entamées notamment la réforme bancaire cependant nul ne peut nier la lenteur et le retard observés dans l'exécution de ces réformes. Les longues heures de négociations avec les responsables de l'institution de Bretoon Woods en témoignent. On est encore à l'attente du déblocage de la troisième tranche. Paradoxe ! Faudrait-il également signaler l'approche un peu paradoxale entre la dernière déclaration du secrétaire général de l'UGTT Noureddine Tabboubi relative à l'entame des augmentations salariales et le dernier rapport du FMI qui recommande un gel des salaires jusqu'à 2020. En conclusion nous pourrions dire qu'indépendamment de nos relations avec le FMI et en dépit de leur importance pour nos équilibres, notre modèle socio économique est obsolète il a montré ses limites. Une importance bien particulière devrait être accordée à un nouveau modèle qui crée de la richesse à travers le développement des petites et moyennes entreprises, secteurs créateurs d'emplois et à travers l' encouragement de l'innovation et de la mixité des projets publics privés pour alléger la pression des dépenses budgétaires , en plus de la revalorisation de la notion de travail , la moralisation de nos relations économiques et par la réinstauration d'un climat de confiance. Verra-t-on le jour où nous n'aurions plus à quémander l'aide du FMI?