La présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), Wided Bouchamaoui, a annoncé, lundi soir, que la centrale patronale est prête à mettre encore plus de pression sur le gouvernement et l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) afin que le projet de loi de Finances 2018 soit modifié d'une manière à préserver les intérêts des entreprises. A l'issue d'une conférence de presse tenue au siège de l'UTICA, Wided Bouchamaoui a indiqué que si le PLF 2018 était validé dans sa forme actuelle, les sociétés iraient vers les grèves, la fermeture des usines et l'arrêt de la production. De son côté, Habib Testouri, président de la Fédération des arts et métiers au sein de l'UTICA, a déclaré que la centrale pourrait même aller jusqu'à la désobéissance fiscale si le gouvernement persistait à présenter le PLF 2018 dans sa forme actuelle devant l'ARP. De nouvelles menaces après celles formulées par Wided Bouchamaoui la semaine dernière où elle a indiqué, lors d'un passage radiophonique, que l'organisation quitterait l'accord de Carthage si jamais le PLF 2018 ne connaissait aucun changement. En réponse à ces propos, le conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des dossiers économiques, Ridha Saïdi, avait exprimé l'étonnement de l'équipe gouvernementale de la position de Bouchamaoui tout en assurant que le PLF 2018 et contrairement à tout ce qui se dit, est un projet qui vise à protéger les entreprises mais aussi le pouvoir d'achat du Tunisien en veillant à ce que toutes les charges soient correctement partagées entre les partons et les ouvriers. En moins d'une semaine, l'UTICA a sorti les deux petites armes dont elle dispose pour faire pression : son adhésion au pacte de Carthage et l'éventualité qu'elle pousse ses adhérents à aller vers la grève. Deux moyens de pression peu efficaces puisque pour la première menace, le pays peut très bien se passer du pacte de Carthage. Et il y a eu un précédent à savoir l'Union patriotique libre (UPL) qui a quitté l'accord après que son président, Slim Riahi, l'ait carrément déchiré en signe de protestation contre ce qu'il avait qualifié de grave déviation du vrai contenu et des réels objectifs du pacte en question. En ce qui concerne la deuxième menace, tout le monde sait que même si les patrons allaient vers une sorte de grève ou de blackout cela ne pourrait pas tenir très longtemps vu les enjeux économiques et financiers de certains. Le seul outil dont pourraient se servir éventuellement les patrons est la désobéissance fiscale. Lors de la discussion du PLF 2017, les avocats et l'Ordre national des avocats avaient eu recours à cette menace et cela a porté ses fruits puisqu'ils ont fini par obtenir gain de cause. Pour le PLF 2018, et jusqu'à maintenant, seule l'UTICA semble agitée et cherche à trouver la bonne stratégie afin de se faire entendre auprès de la Kasbah. Pour ce second round, l'équipe de Youssef Chahed n'a pas encore réagi ce qui laisserait penser que les menaces et les pressions de l'UTICA sont tombées dans de sourdes oreilles. Affaire à suivre.