Les assassinats des deux leaders de la gauche, Haj Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd ont été les principaux points noirs de la période post-Révolution et, depuis, les choses trainent en longueur, sans qu'il y ait de sanctions, bien que tout le monde connaisse les instigateurs, les commanditaires et les exécutants de ces ignobles forfaits qui s'étaient déroulés sous le gouvernement de la Troïka. Député et coordinateur général du Courant populaire, le martyr Mohamed Brahmi (58 ans) avait été abattu, jeudi 25 juillet 2013, par plusieurs balles, devant son domicile. Le comble, c'est que l'auteur de cet assassinat est l'un de ses voisins à qui il fournissait de l'aide. L'extrémiste religieux auteur du forfait et embrigadé par la branche dure des mouvements islamistes n'est qu'un simple citoyen ordinaire que les islamistes amnistiés, et ayant même reçu des compensations, avaient rallié à leur cause criminelle. L'assassinat de Brahmi intervenait quelques mois après celui de Chokri Belaid, opposant de gauche et secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifiés, tué le 6 février 2013. Depuis, cette affaire traine aussi en longueur, en raison d'un manque flagrant de volonté de faire toute la lumière sur cet assassinat, malgré la promesse du président de la République Béji Caïd Essebsi, lors de sa campagne électorale. Ainsi, les instigateurs et commanditaires de cet ignoble crime continuent à bénéficier d'une totale impunité, raison d'Etat oblige, et la vérité ne sera pas connue de si tôt. En effet la 5e chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis a décidé, encore une fois, de reporter, cette fois au 22 mai 2018, l'examen de l'affaire de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Heureusement, au moins, elle a, également, rejeté toutes les demandes de remise en liberté des six accusés dans cette affaire. Ce report a été décidé parce que "l'affaire n'est pas en état d'être jugée", selon le porte-parole du Tribunal de première instance et du Pôle judiciaire antiterroriste, Sofiène Sliti. Plus tôt dans la journée, Me Khaled Aouainia, membre du collectif de défense, avait indiqué que les avocats de la défense ont renouvelé leur demande de regrouper les trois affaires en rapport avec l'assassinat de Mohamed Brahmi en une seule affaire. Le Tribunal avait divisé le dossier de l'affaire en trois. Selon lui, l'affaire initiale est celle de l'assassinat de Mohamed Brahmi, mais le Tribunal l'a divisé en plusieurs dossiers, dont le dossier de l'affaire de la sécurité de l'aéroport, le document parvenu au ministère de l'Intérieur faisant état de menaces d'assassinat contre Mohamed Brahmi et le dossier des terroristes impliqués dans l'assassinat. Il a également affirmé que les accusés ont refusé de comparaitre devant le tribunal. La magistrature tunisienne continue de pâtir des dissensions entre les illustres magistrats divisés entre un Syndicat et une Association qui sont loin de chercher un compromis pour enfin travailler ensemble, pour le bien de la Justice et du justiciable.