Le club de littérature francophone, à l'association culturelle Ibn Arafa, présidé par l'écrivain Fethia Brouri a organisé le vendredi 22/12/2017 une rencontre avec Ahmed Kristo, poète et traducteur autour de son nouveau recueil de poésie « Le Mirage » « Le Mirage » est un recueil de 94 pages, édité en France par Edilivre, en octobre 2017. Il est composé de 34 poèmes variés autour de différents thèmes qui touchent à presque tous les aspects de la vie. La plupart de ces poèmes sont des fables, sachant que la fable est un genre très ancien où le récit, en vers ou en prose, illustre un thème ou une idée générale avec une moralité. Les fables de notre poète ne dérogent pas à cette règle. Le poète critique la conception du mariage chez les jeunes. Leur choix est purement matériel, l'amour n'a plus de place; est-ce par cupidité ou par besoin ? La difficulté des conditions de vie y est-elle pour quelque chose ? Nous lisons : « Pauvres, sans maison, sans voiture!/ Chômeuse, sans bien sans fortune/ Comment voulez-vous qu'elle se marie? Cependant, l'auteur défend ces jeunes quand il pense que pour des délits mineurs, il vaut mieux exiger du jeune fautif des travaux d'intérêt général que de le placer en prison où il côtoie les criminels et risque de devenir comme eux: On peut lire ainsi : « Un voleur débutant, non professionnel.../ Le juge, en malin, l'a condamné à trois ans/ Dans la plantation des poulets volés » Le poète s'intéresse aussi à la vie politique. Il dénonce ainsi les magouilles des dirigeants qui n'adhèrent pas au partage en usant de tous les moyens pour asservir les gens. Les chefs veulent tout avoir pour eux; ils ne se soucient guère des pauvres gens. Ces politiciens qui changent de cap là où il y a meilleurs intérêts. Et même les prêcheurs de bonne foi sont souvent des imposteurs qui cherchent à tromper les autres pour les exploiter afin d'acquérir des avantages ou de les préserver : « Les moyens sont justifiés par les fins!/ Malheureusement de nos jours et de tous les temps/ C'est ce que ne cessent de nous dire nos dirigeants/ Car ils ne sont que les lieutenants du Satan! » Le poète plaint le monde qui aspire vers le progrès sans réfléchir à ses effets néfastes, surtout quand ce même progrès est utilisé de travers, provoquant la pollution, les épidémies, les conflits, les guerres... Face à ces fléaux, il appelle à la solidarité, au partage en rappelant que nous sommes tous frères et sœurs: « Des usines, des chantiers/ Des raffineries, des merdiers/ Des produits chimiques/ Des déchets atomiques / De quoi polluer l'atmosphère/ La terre, les mers, les rivières/ Créer de nouvelles épidémies/ De la vache folle /A la grippe aviaire /Et le trou d'ozone/ Qui a bouleversé les saisons » Le poète exprime son désarroi face à un monde qui court à sa perte, un monde qui a perdu toute notion de valeurs et il se demande pourquoi ne pas agir et essayer de remédier à ces défaillances pour sauver la face: « La société sombre/ La société s'engouffre/ Dans un abîme profond/ Sombre, dangereux et absorbant » Le poète prêche la cohabitation. Pourquoi se compliquer la vie et ne pas la vivre tout simplement surtout que la vie de chacun est tracée d'avance par Dieu et elle est éphémère: « Nul n'échappe à sa destinée!/ Tout est programmé/ Tout est tracé/ La vie est un cul de sac/ Un labyrinthe sans plaques/ Ciel, terre ou mer/Tu reviens toujours/ Au point de départ » Le poète a abordé d'autres sujets tel que la jalousie, la liberté, la solidarité... Le tout dans un style précis et concis avec différents procédés d'écritures et une variété des vers, des rythmes, des rimes, invitant le lecteur à un doux voyage à travers ses magnifiques fables et textes en prose envoûtants. Signalons qu'Ahmed Kristo a écrit et publié d'autres recueils de poésie en langue française: « L'infini I » (en 2007), « L'Infini II » (en 2009), « La Mort du loup » (en 2011), « Le Printemps des larmes et du sang » (en 2014). Il a également traduit de l'arabe vers le français: « De Abâdân vers le monde francophone du poète iranien Jamel Nassari » (en 2015), « Le cercle des poètes tunisiens tome I » (en 2015). Il a aussi écrit plusieurs articles de presse en langue Arabe concernant l'enseignement, le social, le sport, l'histoire et la politique. Il est aussi un membre très actif de la société civile.