La fève est aujourd'hui cultivée dans le monde entier. Généreuse, c'est un régal pour le palais. Elle se croque crue ou bien cuite. Grâce à sa facilité de conservation sèche, elle fut pendant longtemps un aliment de réserve essentiel face aux pénuries alimentaires. Plus grosse graine de la grande famille des légumineuses, la fève comme la féverole sont des plantes rustiques que l'on peut cultiver dans des sols plus argileux que siliceux, frais, ayant du fond et qu'il faut ameublir par un labour profond et fumer au fumier de ferme. La fève représente, dans la symbolique berbère, la fécondité, la force et la longévité. Des protéines, des vitamines, des oligoéléments, et des sels minéraux en bonne quantité. Les fèves fraîches ou févettes sont un régal végétal de printemps. Elles sont la composante de nombreux apprêts de notre cuisine. La campagne de 2018 est jugée bonne par les producteurs. Le Cap Bon demeure la première région du pays où on cultive cette légumineuse. Il suffit de se promener du côté de Kélibia, Menzel Témime et Korba, pour voir ces champs de fèves et ces fellahs, hommes et femmes en train de cueillir et transporter ces sacs de fèves. Cette activité est confrontée à plusieurs contraintes dont la rareté des ressources hydrauliques, la cherté de la main d'œuvre, du transport et des plants importés, l'absence d'une structure représentative des producteurs pour mieux défendre leurs intérêts, le manque de routes pour désenclaver les exploitations agricoles ». Outre les gros problèmes d'organisation professionnelle, ceux des exploitants de fèves s'appellent dépendance aux intermédiaires peu transparents, absence de diversification variétale et capacité de stockage réduite. Le grand gagnant c'est le consommateur. «On fait tout pour tirer les prix à la baisse ou limiter leur hausse. On est contraint à vendre le kg de fèves à 300 millimes aux commerçants. Le grand perdant c'est le producteur à cause de la montée du coût de traitement des fèves, de la main d'œuvre et du transport», explique un fellah de Kélibia. Certains agriculteurs sont obligés de ne pas cueillir leur production, par manque de journaliers dans les champs. « Le coût de la main d'œuvre est élevé. 25 à 30 dinars la journée, nous explique un agriculteur de Menzel Témime. Les difficultés à trouver du personnel seraient si nombreuses que des récoltes se perdent dans les champs. C'est assez problématique. Ici on aurait eu besoin de cinq personnes, et on n›est pas les seuls agriculteurs à vivre cette pénurie. Etant donné qu›on n›a pas de main-d'œuvre, les fèves n'attendent pas et quand elles sont prêtes, il faut les ramasser sans tarder. C'est trop dur. Les jeunes n'ont pas d'intérêt pour ce genre de travail. On essaie souvent de trouver des travailleurs locaux, mais sans succès» Les fèves ont des vertus thérapeutiques. Avec sa quantité de protéines végétales supérieure à la moyenne des légumes, la fève fraîche est nutritive, reconstituante et tonique. Elle est recommandée dans de nombreuses recettes végétariennes et végétaliennes. Riche en vitamines du groupe B et en vitamine C, en potassium, fer et magnésium, la fève fraîche est gorgée de polyphénols qui ont un fort pouvoir antioxydant et qui nous protègent contre les radicaux libres. Source de fibres, la fève sèche ou fraîche aide à lutter contre le diabète et favorise le transit intestinal. En outre, elle est souvent conseillée dans les régimes amincissants car elle provoque un effet de satiété rapide sans être trop calorique. On utilise les fleurs de la fève en infusion ou en décoction pour calmer les douleurs des coliques néphrétiques, les inflammations de la prostate et les affections des reins.