Le bras de fer entre le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et l'Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (IJABA) s'enlise. En réponse à la menace brandie par le ministre de l'Enseignement supérieur de suspendre les salaires des enseignants au cas où ces derniers ne mettent pas fin à la grève administrative ouverte déclenchée en janvier dernier d'ici le jeudi 7 juin, ce syndicat non rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a annoncé, hier, le maintien du débrayage tout en introduisant un ensemble de recours en justice contre les «mesures répressives» prises par le ministre. «Nous avons déjà déposé un recours auprès de la justice tunisienne contre le ministre qui a menacé de prendre des mesures illégales comme la suspension des salaires des enseignants», a souligné le coordinateur général du syndicat IJABA, Nejmeddine Jouida, indiquant que ces mesures visent à faire plier les universitaires et à les diaboliser ; «Une procédure de référé serait également déposée auprès du tribunal administratif au cas où les autorités de tutelle suspendent les salaires des universitaires », a-t-il ajouté. Le responsable syndical a d'autre part révélé que le syndicat a déjà déposé un recours contre le gouvernement tunisien auprès de l'Organisation internationale du Travail pour entrave à l'action syndicale. Il a également rappelé que 150. 000 étudiants n'ont pas encore passé leurs examens dans 105 établissements d'enseignement supérieur. Ces chiffres sont contestés par le ministère, qui affirme que le nombre des universités au sein desquelles les examens ne se sont pas déroulés s'élève à 32 établissements, soit un taux de 15%. Le bras de fer entre le ministère et le syndicat IJABA perdure depuis janvier dernier. Des négociations tenues en mai dernier entre les deux parties se sont soldés par un échec. Le ministère a présenté une proposition qui reconnait le syndicat d'IJABA comme étant un partenaire dans la réforme du secteur, avec la fixation d'un calendrier pour l'examen de toutes les revendications des enseignants et à leur tête la révision du statut des enseignants et ce, avant la fin de l'année en cours outre l'engagement du ministère à augmenter, de manière progressive, le budget du département, mais la partie syndicale a campé sur ses positions. Suite à ce blocage, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a décidé d'appliquer la loi et de prendre toutes les mesures juridiques nécessaires à l'encontre de tous les enseignants qui refusent d'accomplir leurs devoirs, à partir du 2 juin. Mais, la partie syndicale a fait fi de ces menaces et décidé de continuer leur grève, tout en refusant de remettre les sujets d'examen et les notes à l'administration. Raison pour laquelle, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait fixé au 7 juin le dernier délai fixé pour les enseignants universitaires de lever leur grève, avant de décider la suspension de leur salaire pour travail non accompli. IJABA réclame notamment des augmentations salariales ainsi que l'ouverture des concours aux quelque 5.000 docteurs actuellement au chômage et l'augmentation du budget des universités. Selon le syndicat, la satisfaction de ces revendications est tributaire d'une augmentation de 1% du budget du ministère.