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Toujours là, 8 ans après
Publié dans Le Temps le 11 - 01 - 2019

«Le gouvernement nous ignorent. Il a renié nos martyrs et nos blessés «. Derrière ces mots des familles des martyrs et des blessés de la Révolution, un passé qui ne passe pas et des maux imputés au gouvernement tunisien pour sa gestion de ce dossier sensible.
Inlassablement, lesdites familles réclamaient la publication de la liste définitive des martyrs et blessés de la révolution dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT), pointant du doigt l'absence de volonté politique et le silence de trop du gouvernement.
La célébration du 8e anniversaire du soulèvement du peuple tunisien, permet aux familles des victimes d'espérer, avec le désir intact de créer une brèche dans un mur de silence. En effet, face aux engagements non tenus et aux atermoiements du gouvernement vis-à-vis du dossier des martyrs et blessés de la révolution, les familles des victimes ont choisi la rue, ce lieu de la parole désenchainée, pour faire entendre leur voix et porter à bout de bras leur revendication.
Les attentes étaient d'autant plus grandes qu'en mars 2018 le Comité Supérieur des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales (Csdhlf) avait soumis son rapport ainsi que la liste définitive des martyrs et blessés de la révolution aux trois présidences. Or depuis cette date, et à défaut d'obtenir gain de cause dans ce dossier, les familles des victimes sont devenues les protagonistes de mouvements de protestation et de sit-in à répétition.
« Les familles ont mené plusieurs actions pour la publication de la liste définitive des martyrs et blessés de la révolution, mais l'absence de volonté politique et le déni de la révolution par les politiques et la tergiversation des autorités en place ont compromis la publication de ladite liste «, a regretté Samia Mhimdi, sœur du martyr Hichem Mhimdi.
Cette liste, dit-elle, est une carte de pression politique, et sa non publication a permis à certains d'instrumentaliser le dossier des martyrs et blessés de la révolution pour leurs propres intérêts. Le Csdhlf avait, quant à lui, force de loi pour publier cette liste mais ses craintes l'ont paralysé, laissant ainsi passer l'occasion d'entrer dans l'histoire par la grande porte «.
Pour l'avocate des martyrs et blessés de la révolution, Leila Haddad, la responsabilité des hommes politiques dans ce dossier est sans appel : « Publier la liste finale signifie reconnaitre la révolution et réhabiliter ses héros, or les responsables politiques au pouvoir, qui pour la plupart faisaient parti du régime déchu ne veulent pas concéder cette gratitude aux révolutionnaires «.
L'avocate de la partie civile a remis en cause également l'attitude du président de la République, qui, rappelle-t-elle, a refusé d'œuvrer en faveur du droit à la publication de ladite liste, alors qu'il avait pesé de tout son poids pour l'adoption de la loi sur la réconciliation nationale à l'avantage des caciques de l'ancien régime.
Le président du Csdhlf, TaoufikBouderbala, affirme pour sa part que la présidence du gouvernement est la seule partie habilitée juridiquement à publier la liste dans le JORT, cependant il n'a tout simplement pas appliqué la loi.
Le Comité se trouve dans l'impossibilité de publier unilatéralement la liste des martyrs et blessés de la révolution après le parachèvement du processus, à commencer par la préparation de la liste et sa remise aux trois présidents, jusqu'à la correspondance de l'imprimerie officielle concernant la publication de la liste. La publication par le Comité de ce document ne peut lui attribuer aucun caractère officiel, d'autant plus qu'elle ne permettra pas de garantir le droit de recours auprès de la justice.
Faute d'avoir les prérogatives nécessaires pour trouver une issue heureuse à cet engrenage, le Comité par la voix de son président, appelle les personnes qui estiment que le comité ne leur a pas donné réparation, à déposer des recours auprès du Tribunal administratif, dans la perspective de préparer «une liste complémentaire « les incluant.
A contrepoint, certaines parties ayant supervisé de près le dossier en question ont justifié le retard accumulé durant des années par «la sensibilité de la question relative à l'attribution du statut de martyr aux morts de la révolution». En effet, lesdites parties ont souligné «les craintes d'attribuer l'honneur du statut de martyr à celui qui a saisi l'occasion du soulèvement populaire revendiquant la chute du régime pour s'attaquer aux propriétés publiques et privées».
Dans le camp des familles des martyrs et blessés de la révolution et de leurs avocats, le pessimisme est de mise. « La commémoration du 8e anniversaire de la révolution n'apportera rien de nouveau. La liste ne sera pas publiée et restera tributaire du bon vouloir des trois présidences, alors qu'il n'existe aucune excuse, huit ans après justifiant la fuite en avant de toutes les parties vis-à-vis de la question «, a estimé Me. Leila Haddad.
Ce constat alarmiste intervient après plusieurs mouvements de protestation menés par les familles. L'un des moments forts de ses actions, est celui du 17 décembre 2018 qui a vu des représentants des martyrs et blessés de la révolution lancer la campagne « libérez la liste officielle « pour rendre hommage à ceux qui ont brisé les chaines de l'injustice et de la tyrannie et sauvegarder la mémoire nationale «.
Du coté de l'Assemblée des Représentants du Peuple, la question de la liste est encore plus équivoque. Pour la vice-présidente de la Commission des martyrs et blessés de la révolution et de la justice transitionnelle à l'ARP, Yamina Zoghlemi, la publication de la liste relève non seulement du chef du gouvernement, mais encore, exige selon elle, l'existence de garanties et d'un climat politique stable.
« La liste est prête, mais sa publication demande des efforts communs de tous les partis, organisations et syndicats, pour pousser le gouvernement à franchir le pas, loin des surenchères. «
Huit ans après le déclenchement de la révolution, la liste de ceux qui sont morts pour la Tunisie, peine à voir le jour. En s'éternisant, le combat des familles des martyrs et blessés de la révolution en Tunisie pour leur cause rappelle celui des « Mères de la place de mai « en Argentine.


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