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La démocratie tunisienne cyniquement défigurée !
Publié dans Le Temps le 17 - 07 - 2020

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"LE TEMPS - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"On se rappelle, tous, cette scène du film « Le dictateur » où le protagoniste incarné par Charlie Chaplin joue avec le fameux globe, le tournant dans tous les sens, dans un délire de conquêtes. Il s'agit d'une succulente parodie d'Hitler. Or, Hitler, c'était l'expansionnisme, le totalitarisme et la guerre planétaire. Tout lui était permis, dès lors qu'il incarnait le pouvoir absolu. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Or, la triste parodie de celui qui joue avec le globe pourrait être transposée dans notre système à nous. Le paradoxe, est que nous sommes en démocratie.
« La première démocratie » du monde arabe. Nous avons « la meilleure constitution au monde » (n'est-ce pas Mustapha Ben Jaafar ?). Mais on a oublié une donne fondamentale. A savoir que, tout autant que la dictature, la démocratie enfante des « despotes » constitutionnels. Et ces « despotes » engoncés dans leurs déterminismes idéologiques, franchement antagonistes, ne jouent pas avec le globe. Ils jouent avec la Tunisie !
« Le grand manitou » et ses 76 ministres
Trop facile -quoique cela soit déterminant- d'incriminer un code électoral qui a permis la résurgence des extrémismes. Trop facile aussi de dénoncer les manœuvres ayant tué dans l'œuf la naissance de la Cour constitutionnelle. On s'en accommode pour, dit-on, ne pas entraver la finalisation de la démocratie et de la justice transitionnelle. Et, quand les positions antagonistes deviennent tenaces, on nous dit que c'est comme cela que fonctionnent toutes les démocraties du monde.
Mais de quelle démocratie parle-t-on quand l'Assemblée des Représentants du Peuple (admirez le mot : peuple) en est là à nous avilir, à nous présenter, chaque jour, des scènes de violence, de démonstrations de force, de noyautages des plénières, avec la bénédiction du « grand manitou », de celui dont le Mouvement fait souffler le chaud et le froid, depuis déjà une décennie, sur la scène politique et jouant sur le métabolisme politique ?
De quelle démocratie parlerait-on quand, pas moins de huit gouvernements, se sont succédé à la Kasbah et que le neuvième arrivera bientôt ?
De quelle révolution de la dignité, parlerions-nous, quand le chômage atteint des proportions jamais connues auparavant, quand tous les moteurs de la croissance sont grippés, quand le taux d'endettement du pays atteint les 85% du PIB ? Et de quelle démocratie s'agirait-il encore, quand les pouvoirs sont émiettés, quand un Président massivement élu au suffrage universel se voit fouler les prérogatives par un Président de l'Assemblée qui s'entoure de vassaux, dans le but de peaufiner ses agendas régionaux ? Démocratie dites-vous ? Un leurre. Une dormeuse. Parce que, depuis bientôt une décennie, il n'y a eu que la « démocratie remodelée à la sauce islamiste ». C'est la seule constante depuis la révolution : Ennahdha a toujours été aux commandes (et même avec l'intermède Béji Caïd Essebsi). En neuf ans, elle aura accaparé 76 portefeuilles ministériels (entre ministres et secrétaires d'Etat) et un nombre hallucinant de gouverneurs, de délégués et d'ambassadeurs occultes... En quoi cela a-t-il servi au pays ?
Plus encore, et dans le marasme actuel, Ennahdha (à laquelle rien n'échappe) était au fait du « Fakhfakhgate ». Elle a quand même voté pour la confiance de son gouvernement, dans l'esprit de le soumettre à un chantage tenant à l'élargissement de la ceinture gouvernementale, prenant aussi le temps de s'aliéner le parti de Nabil Karoui, lequel ne cesse de répéter que si on ne l'avait pas « injustement jeté en prison, c'est lui qui aurait été élu Président ». Le but était clair: élargir la ceinture gouvernementale et contrer ses ennemis au sein du gouvernement : Attayar et, surtout, le Mouvement Achâab, mouvement panarabe aux antipodes de l'islam politique. Les « Hitler » de chez nous n'en finissent pas de jouer avec la Tunisie....
Voilà, donc, que l'on se retrouve à devoir « jouer » avec la constitution. Mais, dès le départ, il faudra bien admettre qu'il y a eu erreur de casting de la part du Président. Il avait de gros calibres dans son dossier de tri. Il y avait Fadhel Abdelkéfi, vite éliminé pour une prétendue sympathie avec Nabil Karoui. Il y avait aussi un Hakim Ben Hammouda, un homme qui avait l'assentiment de presque tout le monde et qu'on dépeint comme un facilitateur doublé d'économiste et de financier maitrisant bien les dossiers brûlants du pays. Mais le choix de Kaïs Saïed s'est porté sur Fakhfakh. Sur instigation de Youssef Chahed, dit-on, mais ce n'est pas le plus important. C'est le choix exclusif du Président. C'est peut-être aussi une lubie.
Place à la bataille «constitutionnelle» !
Cette affaire de suspicion de conflits d'intérêts avait bien éclaté avant le Covid-19. Et, trop confiant en sa bonne étoile et en l'appui du Président, Fakhfakh a adopté le principe de guerre romain du « veni, vidi, vici ». C'est-à-dire : « Je gagne quel que soit X ». Ou encore, « Je suis là pour durer » avant de faire dans la provocation de caniveaux « Yabta Chouya ». Il s'agit pourtant, ni plus ni moins, que de suspicion de conflits d'intérêts. Dans les démocraties qui se respectent, la simple suspicion induit automatiquement la démission dans la dignité, en attendant que la Justice dise son mot, sinon carrément le limogeage.
Or, Fakhfakh a été, lui-même, dérouté par les marques de solidarité que lui avait manifesté le Président, lundi dernier. Mais, au lieu de se suffire à ce parapluie, il s'est occupé du Conseil de la choura qui s'est réuni à deux reprises, l'espace de trois jours. Il annonce, donc, dès lundi un remaniement ministériel, et finit par l'opérer : éjection des ministres nahdhaouis et un rafistolage à coups d'intérims.
Entretemps, voyant la chose venir, et en réaction aux 85 signatures récoltées pour la destitution de Ghannouchi, Ennahdha et ses suppôts récoltent 105 voix pour la motion de censure du gouvernement. La motion est aussitôt déposée au bureau de l'ARP, alors que celle qui veut la tête de Ghannouchi l'a été, hier. On parlait d'apprentis-sorciers dans une précédente livraison. Voilà que cela se vérifie.
Car, anticipant le tout, Kaïs Saïed a exigé de Fakhfakh qu'il présente sa démission. Celui-ci l'a présentée au Président le matin même du mercredi, avant la réunion quadripartite entre Saïed, Fakhfakh, Ghannouchi et Taboubi. La pétition tenant au retrait de confiance au gouvernement, elle, n'a été déposée que l'après-midi du jour même. Et, c'est le télescopage entre deux articles de la constitution. Ennahdha s'appuie sur l'article 97 qui dit que la motion de censure doit être examinée en l'espace de 15 jours après son dépôt, avec à la clé, le vote concernant le nouveau chef du gouvernement proposé et qui doit être issu de la première force parlementaire. En intimant l'ordre de démissionner à Fakhfakh, le Président brûle la politesse à Ennahdha. Le dépôt de la démission ayant précédé celui de la motion de censure, c'est l'article 89 qui s'applique : il remet les choses entre les mains du Président qui se charge, dès lors, de désigner la personne la plus à même de diriger le gouvernement, et cela en l'espace de dix jours. Il va sans dire que la démission de Fakhfakh est constitutionnellement indiquée comme la démission du gouvernement tout entier. Naturellement, le Président en a saisi, par écrit le Président de l'ARP et demandé des éclaircissements de la part des partis et des blocs parlementaires en vue d'engager des négociations autour du prochain chef du Gouvernement qui, dans tous les cas de figures, ne sera choisi que par lui.
Tout paraît, donc, conforme aux textes constitutionnels, même si Ennahdha et ses alliés crient à la supercherie. Or, maintenant, Fakhfakh est parti. Mais, c'est réellement à partir de maintenant que commencera réellement la véritable guerre ente Saïed et Ghannouchi. L'Etat s'en retrouve désinstitutionnalisé et la démocratie cyniquement défigurée. Le peuple attendra. Kaïs Saïed lui-même y joue gros.
p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"


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