S'il en est qui tergiversait à propos de la Coalition El Karama et ses pratiques violentes, les incidents perpétrés au sein de l'ARP et la manière qu'un Seifeddine Makhlouf a utilisé pour parler au président de la république doivent convaincre toute hésitation. En fin de compte n'est pas démocrate qui le proclame seulement ! Ils savaient que les propos du député Affès allaient mettre le feu aux poudres et ils ont choisi délibérément de faire monter la mayonnaise en refusant même que l'Assemblée condamne ses propos misogynes et sexistes. Ils, les députés d'El Karama, se sont sentit réconfortés dans leur besogne, encouragés par le silence ambiant chaque fois qu'ils ont agressé Abir Moussi et en la traitant de tous les noms même les plus abjects. Ce qui comptait surtout pour ces députés ce sont les quelques secondes captées et aussitôt diffusées sur les réseaux sociaux pour faire vibrer leurs fans se masturbant devant leurs écrans ! Un « langage » choisi Ils parlent à leur public en utilisant ses codes linguistiques et gestuels. Des concepts très basiques, très misogynes, très machistes (Errojla !) et surtout un langage grossier qui augmente l'adrénaline du troupeau aux moindres frais ! C'est le langage cru de Seifeddine Makhlouf, c'est le langage révisé (en quelques secondes) d'Abdellatif Alaoui qui menace de « casser le nez » de ceux qui ne sont pas d'accord et c'est le langage « takfiriste » du député Affès qui invoque le Coran et la Charia au sein d'une assemblée élue en divisant le peuple tunisien entre « eux » et « nous » ! Ensuite ils sont passés au stade de violence physique contre leur collègue du Courant démocratique, Anouar Bechahed, pour empêcher la Commission de la femme de tenir une réunion pour condamner les propos contre la femme ! Très sûrs de leur fait ils ont même osé prétendre que le député blessé ne faisait que de la comédie. En fait, cette coalition, que la présidence de l'assemblée, très opportunément, a laissé bafouer toutes les réglementation interne et toutes les lois du pays, est chargée de mission d'Ennahdha. Mission commanditée par Ennahdha Le parti islamiste, qui est agacé par Abir Moussi et le PDL, lui a délégué la mission d'envenimer l'atmosphère à l'ARP pour contrer le discours du PDL et créer ainsi des points de fixation éloignant ainsi toute discussion à propos de ce que la PDL réclame comme recentrage du débat politique ! Evidemment, le PDL aussi attise leur violence et y gagne, lui qui caracole dans tous les sondages. Toute cette stratégie Ennahdha l'a déjà utilisé dans les années 2011 et 2012 afin de discréditer la gauche en manipulant en sous mains les tristement célèbres LPR, les Ligues de protection de la Révolution ! D'ailleurs, ces ne sont pas seulement les députés d'El Karama qui sont ainsi recrutés. Le même jour de l'agression du député Anouar Bechahed, une autre frange, celle des supporters d'un autre député, pas trop éloigné d'El Karama, Saïd Jaziri, ont encerclé le siège de la HAICA et n'ont pas hésité à utiliser des slogans religieux et « takfiristes » contre l'instance et ses membres les traitant de mécréants ! Le déploiement de toute cette haine et de cette invective, nous rappelle justement la fragilité de l'édifice démocratique qui a failli s'écrouler avec la mort des martyrs Belaïd, Brahmi et Naguedh et avec les multiples agressions des LPR contre les femmes, les intellectuels et tous ceux qui ne rentraient pas dans les rangs. A.L.B.M.