" Ce crime ne doit pas rester impuni ", affirme Medvedev, en visite en Allemagne Le Temps-Agences - Les proches et collaborateurs de Natalia Estemirova, militante des droits de l'homme russe assassinée mercredi, lui ont rendu un dernier hommage hier à Grozny, capitale de la Tchétchénie, ont rapporté les agences russes. Une centaine de personnes, journalistes, défenseurs des droits de l'homme mais aussi simples citoyens qu'elles avait aidés, beaucoup en larmes, se sont rassemblés en début d'après-midi au Square des journalistes, où sa dépouille avait été tranportée pour une cérémonie d'adieux. Le Square des journalistes se trouve à proximité du bureau de l'organisation non-gouvernementale (ONG) de défense des droits de l'Homme Memorial pour laquelle la victime travaillait à Grozny. Une photo d'elle avait été accrochée près d'un monument ainsi qu'une affiche sur laquelle était écrit en grandes lettres noires: "A qui le tour?", a rapporté l'agence Ria Novosti. La dépouille de Natalia Estemirova, 50 ans, avait été ramenée un peu plus tôt de la morgue de Nazran, en Ingouchie voisine, autre république du Caucase russe en proie à une rébellion armée. Son corps y avait été découvert mercredi en fin d'après-midi, avec des traces de blessures par balles à la tête et la poitrine, après son enlèvement quelques heures plus tôt à Grozny. Après la cérémonie d'adieux, le cortège funèbre s'est rendu à la grande mosquée centrale de Grozny, en empruntant l'avenue Poutine. Il devait ensuite rejoindre le village familial, Iouchkhoï-Iourt, près de Goudermès, où l'inhumation aura lieu avant la tombée de la nuit. ----------------------------- " Ce crime ne doit pas rester impuni ", affirme Medvedev, en visite en Allemagne Le Temps-Agences - Le président russe, Dmitri Medvedev, a rendu un hommage inédit hier à la militante russe pour les droits de l'Homme Natalia Estemirova, assassinée la veille dans le Caucase, et a assuré que sa mort ne resterait pas "impunie". "Il est évident que son assassinat est lié à son activité professionnelle, qui était utile pour tout Etat normal", a déclaré M. Medvedev lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel, à Munich, dans le sud de l'Allemagne. "Elle disait la vérité ouvertement, parfois durement en parlant des autorités. Mais c'est pour cela qu'on apprécie les défenseurs des droits de l'Homme", a-t-il poursuivi. "Ce crime ne doit pas rester impuni", a-t-il insisté. "Je suis sûr que les meurtriers seront retrouvés", a-t-il assuré. Dmitri Medvedev a jugé "primitives" et "inacceptables" les accusations portées à l'encontre de Ramzan Kadyrov, l'homme fort de Tchétchénie soutenu par le Kremlin, que l'ONG de Natalia Estemirova, Memorial, a directement montré du doigt. "Je pense que celui qui a commis ce crime comptait précisément sur le fait que les versions les plus primitives et les plus inacceptables pour le pouvoir seraient immédiatement véhiculées", a dit le président russe. "C'est une telle provocation. Je suis sûr que nous éluciderons ce crime et que ceux qui l'ont commis seront condamnés en conformité avec le code pénal russe", a-t-il ajouté. L'hommage rendu par Dmitri Medvedev à la militante des droits de l'Homme, plutôt rare en Russie, tranche avec le cynisme affiché par son prédécesseur, Vladimir Poutine, après l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa en octobre 2006. Interrogé lui aussi lors d'un voyage en Allemagne, à Dresde (est), M. Poutine avait lancé qu'Anna Politkovskaïa ne représentait pas grand-chose dans son pays. Sa "capacité d'influence sur la vie politique du pays, en Russie, était extrêmement insignifiante", avait-il dit. "Ce meurtre nuit plus à la Russie et aux pouvoirs en Russie et en République de Tchétchénie (...) que ses publications", avait-il estimé. M. Medvedev, qui insiste souvent sur le respect de l'Etat de droit en Russie, même si cela n'est pas toujours suivi d'effet, a aussi réagi beaucoup plus vite et avec plus de compassion à la mort de Natalia Estemirova, dès mercredi par la voix de sa porte-parole, puis hier à Munich. La chancelière allemande a insisté pour sa part sur la nécessité d'une enquête. "Je crois que du côté russe tout doit être fait pour arrêter les meurtriers", a-t-elle souligné, évoquant "le meurtre d'une femme courageuse". Pour l'organisation non-gouvernementale Memorial, le coupable ne fait pas de doute: "Nous le connaissons tous -- son nom est Ramzan Kadyrov", le président pro-russe de Tchétchénie, a déclaré Oleg Orlov, responsable de Memorial.