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Les taudis à étages, il en existe encore...
La vie dans la cité
Publié dans Le Temps le 22 - 07 - 2009

En attendant l'achèvement de la quatrième tranche du projet Oukalas décidé en 1990 par le Président de la République, des bâtiments impropres à l'habitation continuent d'abriter des centaines de locataires pour la plupart célibataires et de condition très modeste.
Ces logements insalubres et qui menacent ruine sont situés à l'orée et à l'intérieur de la Médina, c'est-à-dire à quelques centaines de mètres des plus prestigieux buildings et hôtels de la capitale. Lorsque vous constatez l'état de dégradation avancé qui caractérise ces taudis à étages, vous ne pouvez qu'appeler à une action urgente en faveur de leurs habitants menacés dans leur sécurité, leur santé et leur vie. Le projet présidentiel baptisé oukalas a beaucoup fait pour les occupants de ces logements indignes d'une ville qui aspire à l'excellence en matière d'évolution urbaine. Mais les autorités compétentes ne sauraient admettre que certains travaux d'embellissement inscrits dans le cadre de cette œuvre majeure à caractère d'abord humanitaire et social priment sur l'amélioration des conditions d'habitat et de vie des locataires d'oukalas chancelantes et indécentes. Nous nous sommes rendus dans trois bâtisses différentes et avons relevé leur vétusté maximale ainsi que la déplorable existence qu'y mènent les résidents. Les oukalas visitées se trouvent à la rue El Moqtar ou aux environs de cette artère dont on nous a dit qu'elle regorge d'auberges semblables.

Le toit tient à peine
Le responsable de la première oukala nous a fait visiter deux ateliers de couture qui occupent sans doute les pièces les moins délabrées de son immeuble. Il n'empêche que ces locaux loués à plus de cent dinars le mois trahissent à tous les coins des dégradations architecturales de type grave. Sur le plafond de l'un des ateliers, des trous béants et visiblement difficiles à boucher dénoncent la fragilité de la toiture que les ouvrières du coin risquent un jour de voir s'abattre sur leurs têtes. L'aération des lieux est très insuffisante et la lumière du jour y est presque imperceptible en l'absence de vraies fenêtres donnant sur l'extérieur. Il était 11 heures du matin quand nous sommes entrés dans ce local en piteux état, mais les artisanes avaient déjà allumé les néons de leur atelier. Note visite guidée à l'intérieur de cette première oukala fut écourtée par le maître des lieux qui renonça très vite à son intention de nous faire découvrir toutes les pièces habitées de l'immeuble. Mais à l'odeur nauséabonde qui emplissait l'air environnant, nous pouvions deviner les conditions humiliantes où vivaient les habitants de ces bouges.

Le provisoire qui dure
Dans la deuxième oukala, nous avons pu en revanche voir à notre aise les coins et recoins de l'immeuble et constater dès l'entrée par exemple que le balcon de l'étage est soutenu par une poutre longue de 2 ou 3 mètres. D'autres endroits vacillants de la bâtisse s'adossent à des étais plus ou moins solides. Il va sans dire que les murs intérieurs et extérieurs de cette pension de misère sont lézardés et crevassés de partout. L'oukala est habitée par 35 personnes, pour la plupart des salariés du secteur privé qui gagnent dans le meilleur des cas 250 à 300 dinars par mois. Ce ne sont pas tous des célibataires, certains d'entre eux font vivre une famille de 4 et 5 enfants. Il y en a qui viennent de débarquer dans l'auberge comme ce jeune maîtrisard originaire du gouvernorat de Kairouan qui partage sa pièce de 9 mètres carrés et son loyer (50 dinars) avec deux autres résidents. Il est depuis juin à la recherche d'un emploi au poste de gestionnaire ou même de simple fonctionnaire dans n'importe quelle entreprise de la capitale. Cette situation est selon lui provisoire et il n'a pas d'autre choix, vu ses moyens financiers très limités, que de supporter pour quelque temps encore la vie misérable des taudis de la Médina. Ali Saidani, qui vit là-bas depuis plus de 20 ans, croyait lui aussi à son arrivée à Tunis qu'il ne vivrait pas plus de quelques semaines dans cette oukala de malheur dont il est devenu le gardien. " Je n'en peux plus. Ma santé se dégrade chaque année un peu plus et je ne peux plus supporter mes propres dépenses ni celle de mon fils lui-même malade mental. Dans le trou où nous vivons, nous disposons du minimum et ce ne sont pas les 150 dinars que je perçois ici qui amélioreront notre condition. C'est pour cela que je travaille aussi comme veilleur de nuit, mais je ne touche pas plus de 90 dinars pour ce service rendu aux commerçants des alentours. J'ai de la famille à Bou-Salem dans le gouvernorat de Jendouba, mais ce n'est pas la petite somme que je leur envoie qui fait vivre les miens là-bas. "

La précarité partout
Il y avait à ses côtés deux ouvriers qui travaillent dans la banlieue-sud de Tunis et qui vivotent eux aussi dans leurs pièces respectives. Ils ont eu la gentillesse de nous faire visiter ces chambres exiguës dont le plafond tient à peine grâce à des planches de contre-plaqué et à des morceaux de cartons. Une fente minuscule au-dessus de la porte titubante y fait fonction de fenêtre et pendant les jours de canicule l'endroit se transforme en fournaise. C'est la raison pour laquelle la moitié des habitants dort sur les toits la nuit et fait sa sieste à l'ombre des escaliers. Les 35 habitants ne disposent que de deux W.C. de type traditionnel et de deux robinets collectifs. Ils ne paient certes ni l'eau ni l'électricité, mais le loyer est excessif pour la superficie qu'ils occupent et la précarité des conditions que le local réunit. Chacun des résidents est venu de sa campagne natale chercher du travail à Tunis, parce que chez lui l'espoir est mince, sinon nul, de trouver un emploi stable. " Trouvez-y moi n'importe quel poste et pour n'importe quel salaire, je retournerai le jour même dans mon bled. C'est vraiment dur ici et j'ai hâte de retrouver ma femme et mes enfants que je n'ai pu faire vivre décemment à Tunis. Aujourd'hui, ils sont à la charge de mon père mais je leur envoie régulièrement de quoi survivre. " Ainsi parlait, presque les larmes aux yeux, le portefaix de Bir el Kassaa qui habite dans un trou aménagé sur les toits en compagnie d'autres voisins non miséreux qui espèrent que cet article rappellera aux autorités municipales l'urgence d'une intervention en leur faveur.

Et l'humanisme dans tout cela ?
En ce qui nous concerne, nous savons les gigantesques efforts consentis et les énormes budgets alloués pour la réalisation des différentes étapes du Projet Oukalas, mais nous déplorons que certains bâtiments soient encore exploités alors qu'ils menacent la vie de leurs occupants et que certains propriétaires privés n'assurent pas l'entretien nécessaire dans leurs immeubles respectifs alors que les facilités financières et matérielles qui leur sont accordées devraient les inciter à garantir à leurs locataires des habitations dignes de leur qualité d'êtres humains. Ceux que nous avons visités cette semaine n'avaient pas le sentiment de la garder encore, cette qualité !


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