* Création de l'écomusée de l'orangeraie Ils étaient une vingtaine de paysagistes, architectes, agronomes, géographes et Urbanistes de Tunisie, d'Espagne, de France, de Belgique à se réunir à la maison de l'environnement de Hammamet. Un espace agréable qui abrite un campus écologique organisé par l'Association d'Education Relative à l'Environnement de Hammamet en partenariat avec l'APARE. Il est proposé dans le cadre du projet REMEE soutenu par l'Union Européenne dans le cadre du programme Euromed Héritage IV. Ce campus est organisé dans le cadre du projet euroméditerranéen de coopération REMEE " Redécouvrir Ensemble la Mémoire de l'Eau en Méditerranée , nous dit M. Ridha Mankai, Président de l'Association d'éducation relative à l'environnement d'Hammamet. Le projet REMEE est l'un des douze projets soutenus par l'Union Européenne dans le cadre du programme EUROMED HERITAGE IV. Il est issu de l'initiative conjointe de 7 partenaires euro-méditerranéens (6 associations et une collectivité locale en Algérie, France, Grèce, Maroc, Tunisie et Turquie) qui s'investissent depuis de nombreuses années dans la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel méditerranéen. Les objectifs du projet sont multiples :Promouvoir la sauvegarde du patrimoine vernaculaire matériel (architectural et paysager)et immatériel lié à la gestion de l'eau auprès des décideurs et citoyens de l'espace euroméditerranéen; sensibiliser les habitants, principalement les jeunes, à la protection et la mise en valeur de ce patrimoine ;mettre en valeur les usages et pratiques de gestion de l'eau liés à ce patrimoine ;intégrer le patrimoine lié à la gestion de l'eau dans des projets de développement local impliquant les populations et la société civile des territoires concernées " .
La réhabilitation du patrimoine Le projet REMEE, nous explique Dr Salem Sahli, s'articule autour de plusieurs activités complémentaires, dont quatre opérations locales démonstratives associant un développement local fondées sur la réhabilitation du patrimoine, et une participation forte des populations locales (en Algérie, au Maroc, et en Tunisie), un programme pédagogique transnational " Jeunes acteurs du patrimoine de l'eau ", la réalisation d'outils de sensibilisation du grand public, et la création d'un centre de ressources documentaires sur le patrimoine et les usages de l'eau en Méditerranée. Le campus " Création d'un écomusée de l'orangeraie " s'insère ainsi dans l'opération locale tunisienne, laquelle répond à une demande sociale croissante de "reconquête " de l'identité hammamétoise liée à la tradition agrumicole et arboricole. Cette opération vise à sensibiliser les Tunisiens et les touristes à l'intérêt de la protection et de la valorisation de la tradition agrumicole et arboricole en général d'Hammamet. Au Cap Bon, enfin c'est la maîtrise de l'irrigation des vergers qui fait la renommée de la région. Dans cette dernière, la communauté paysanne, forte de l'héritage de ses ancêtres arabes andalous, a conservé un précieux patrimoine qui se manifeste clairement dans l'organisation du verger et dans la richesse du langage vernaculaire lié à l'usage de l'eau. L'eau sortant du puits, grâce à la traction animale s'il s'agit d'un Dalou ou à la force d'entraînement d'une éolienne désignée localement par le terme Sarout, arrive d'abord dans un premier bassin appelé HJIR (collecte temporaire pour les besoins de la famille). Elle s'écoule ensuite vers un grand bassin nettement plus profond que le premier dénommé JABIA (stockage de l'eau). La Jabia est munie de deux orifices pouvant être fermés ou ouverts à l'aide d'un MOGHLEK afin de maîtriser les volumes d'eau d'irrigation. Quittant la Jabia en direction du verger l'eau passe dans un troisième petit bassin dit La KHOSSA qui sert à casser l'énergie de l'eau émergeant du grand bassin. Elle est drainée ensuite dans la SEKIA principale construite en brique tout le long de l'axe central du verger. La sékia est munie de plusieurs petites encoches latérales placées en face d'autres sékia secondaires façonnées à même le sol. De ces sékias en terre, l'eau est dirigée intentionnellement par le fellah vers les carrés d'agrumes HOUDH, limités chacun par une levée de terre dite DSSIR. Une fois les agrumes du premier irrigués, le fellah réoriente l'eau vers un autre carré et ainsi de suite.HJIR JABIA La tradition agrumicole à Hammamet .Hammamet est une destination touristique fortement prisée certes mais c'est aussi un des principaux centres de production d'agrumes en Tunisie. En effet, les vergers traditionnels, "sania" dans le langage local, constituent encore un élément central de l'identité hammamétoise.
Lieu d'implantation de l'écomusée : le Centre culturel international Georges Sebastian, milliardaire roumain, se laissa envoûter par le charme de Hammamet et construit une villa somptueuse dans le style du pays, une des plus belles réussites architecturales. Georges Sébastien a su en effet avec une sensibilité rare et une intelligence de l'espace, créer un joyau d'architecture à la fois ancré dans le terroir et l'histoire et vibrant de modernité. C'est ce magnifique espace transformé depuis, plus de trois décennies, en un centre culturel international qui abritera les deux semaines du Campus. Créé en 1962, sous la tutelle du ministère de la Culture, le Centre Culturel International de Hammamet organise des résidences d'écrivains, d'artistes et de compagnies de théâtre et de ballet pour des séjours de création, accueille des séminaires et des stages, et organise le Festival International de Hammamet depuis 1964. Le domaine Sebastian, son jardin botanique - 14 hectares qui furent préservés malgré le développement spectaculaire de l'industrie touristique - et le théâtre de plein air reçoivent annuellement des milliers de visiteurs qui découvrent à la fois un patrimoine culturel et un art de vivre profondément tunisien. Ayant pour objectif général la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine vernaculaire lié aux usages de l'eau dans la ville de Hammamet, le campus, qui se déroulera en Tunisie du 06 au 18 juillet prochain, a focalisé l'action sur la création d'un écomusée édifiant le patrimoine agrumicole de la ville de Hammamet. Cette opération aura lieu dans un site singulier qui est le Centre Culturel International de Hammamet (CCIH). Ce site, classé patrimoine culturel, est déjà doté d'une orangeraie occupant un espace assez important de son jardin. Dans ce cadre nous explique M.Boubaker Houman , universitaire spécialisé dans les sciences de l'environnement et du sol " les objectifs visés par l'organisation du campus se résument comme suit :Développer une réflexion globale sur la gestion de l'eau liée au patrimoine agrumicole de la région (visites de vergers traditionnels, rencontres avec des agriculteurs locaux, lecture sensible des sites visités, etc.).Elaborer un avant projet sommaire (APS) de la création de l'écomusée inséré dans une logique de réhabilitation de l'ensemble du jardin du CCIH. L'objectif étant de respecter l'esprit et l'authenticité du lieu d'implantation, Mettre en place un avant projet détaillé (APD) du projet susmentionné. Cet APD intégrera les trois composantes fondamentales de l'écomusée, à savoir, l'espace d'accueil, l'édifice abritant la salle d'exposition et de sensibilisation, le verger témoin avec son système d'irrigation et le jardin de collection des agrumes endémiques et introduits, présenter les acquis du campus dans le cadre de la tenue d'une manifestation de restitution, largement médiatisée. Le principal résultat attendu consiste en l'établissement d'un dossier technique et d'un document de référence pour la mise en œuvre du projet lors du chantier d'aménagement, programmé pour le mois d'août prochain. Le site d'implantation de l'écomusée proprement dit se compose d'un terrain, actuellement en friche, de près de 3.000 m2 accueillant le verger témoin et le jardin de collection, et d'un bâtiment de plus de 120 m2 qui abritera l'exposition permanente.
Au cœur du campus Les participants au campus seront encadrés par un staff de spécialistes en muséographie, en architecture des jardins, en agronomie et en botanique. Ils auront pour mission, après une phase d'immersion et de découverte de la réalité de terrain, de concevoir les différentes composantes de l'écomusée et du verger témoin en se basant sur une analyse sensible du site d'implantation. Des visites de fermes traditionnelles seront organisées les deux premiers jours afin de collecter les données nécessaires sur les techniques de puisage de l'eau, leur collecte et distribution à l'échelle des parcelles. En même temps seront notées, photographiées et inventoriées les méthodes de préparation du sol, de plantation et de récoltes de produits agricoles ainsi que de leurs modes de transformation. Pendant, les dix jours qui suivent, les participants disposeront de documents écrits et numérisés (plans, cartes, ouvrages, études, etc.) nécessaires à la réalisation d'esquisses puis de projets détaillés qui seront présentés aux partenaires locaux lors d'un séminaire de restitution qui sera fortement médiatisé. L'objectif étant de stimuler, grâce à la dynamique initiée lors du campus, l'appropriation des résultats par les décideurs locaux et d'assurer, en même temps, une plus grande visibilité de l'action entreprise. Contactée sur le chantier, Laila Von Alvensleben d'Espagne est très satisfaite de son séjour à Hammamet "J'amène mes connaissances apprises jusque-là au niveau académique. Je travaille surtout sur la signalétique du site. Le séjour se passe bien et on travaille dans la joie dans ce beau cadre d'Hammamet " Gillaume Ficat Andrieu géographe ne cesse de s'impliquer dans le projet " Etant géographe, j'ai voulu prendre part à ce campus d'Hammamet sur la réalisation d'un écomusée autour d'une orangeraie au centre culturel d'Hammamet. Mon profil géographe aménageur consiste à porter une vision pluridisciplinaire et coordonner l'ensemble des visions architectes, paysagistes, agronomes et designers par mes compétences acquises en France .J'ai une vision plutôt généraliste et globale qui me permet d'aider tous les intervenants dans la réalisation de ce projet. Au début, ce n'était pas facile. J'ai eu du mal au début à m'imprégner du lieu lors de ma première visite. Je suis revenue à quatre reprises. A chaque nouvelle visite, je découvre de nouvelles choses et des curiosités. Je pense que ma collaboration avec mes amis tunisiens est bénéfique bien qu'ils aient des concepts différents de nous. Il a fallu toujours de s'y adapter et prendre du recul pour aboutir au même objectif. Tout s'est bien passé malgré la différence de la culture"