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L'escroquerie douce
Mœurs sociales
Publié dans Le Temps le 02 - 08 - 2009

Parmi les phénomènes produits par notre société, l'on a pu remarquer ces derniers temps, une pratique jusque-là, quasi-inexistante : l'escroquerie douce.
Or, il ne s'agit aucunement de ces actes commis par des personnes qui sont à des postes administratifs ou financiers qui leur permettent de rafler quelques centaines de briques, - généralement en toute impunité - .
Ceux-là relèvent plus tôt du faux et usage de faux, de falsification, d'abus de pouvoir, etc...
L'escroquerie douce est, quant à elle, pratiquée par des individus qui agissent dans la majorité des cas, en solitaires et qui n'ont pour nous soutirer de l'argent que leur don de comédien, la foi dans leur acte et la rapidité de son exécution.
Oui, l'escroquerie douce est un art et ceux qui la pratiquent devraient être considérés comme tels.
Voici, chers lecteurs, trois cas auxquels j'ai pu assister personnellement.

Le bluffeur
C'est quelqu'un qui risque le tout pour le tout et quand il arrive au point où vous allez lui concéder ce qu'il demande, il le refuse royalement et vous tourne le dos, vous laissant perplexe.
J'ai rencontré cet énergumène à la sortie d'un hôpital. C'était un homme d'un certain âge, dignement vêtu d'un vieux costume bien entretenu, maigre et s'exprimant avec beaucoup d'élégance.
Il m'interpella de la sorte : " Mon fils, pourriez-vous m'indiquer où se trouve l'abri des bus qui mène à la station des louages pour tel gouvernorat ? Connaissant très mal ce genre de sujet, j'hésitai et puis, voyant qu'il présentait des risques de fatigue évidents et qu'on était en pleine canicule, je lui conseillai de prendre un taxi pour s'y rendre.
La station de louages n'étant pas trop loin.
" Merci mon fils, me dit-il, mais je viens de passer trois semaines dans cet hôpital et j'ai juste de quoi prendre le bus et le louage ".
Sans trop réfléchir, je lui propose de compléter la course du taxi.
- Merci cher enfant, mais je ne vous demande pas de l'argent, mais juste l'abri du bus.
Je lui en indiquais un, sans être vraiment convaincu que c'était le bon. Il me remercia encore, traversa la route et je continuai mon chemin.
A peine ai-je fait quelques mètres que ma conscience commença à me titiller. " Impossible que ce monsieur soit un escroc, je lui ai proposé de l'argent et il l'a refusé... peut-être l'ai-je vexé en lui proposant de compléter la course du taxi au lieu de lui proposer son prix entier ? ".
Ne tenant plus, je reviens le voir, lui tendit la main comme pour lui dire au revoir et lui glissai un petit billet conséquent dans la prune de sa main. Je retirai aussitôt la mienne sans lui laisser le temps de protester et m'en allai.
Une heure plus tard, ayant accompli ce que j'avais à faire, je décidai de revenir devant l'hôpital pour me persuader du fait que je ne m'étais pas fait avoir.
Il était là, parlant à un passant, lui racontait sûrement les mêmes boniments qu'il m'a tenus.
Je me glissais derrière la victime. L'artiste leva les yeux et me regarda. Je lui souris et levai le pouce en guise d'encouragement.
C'était un artiste et les quelques sous que je lui ai donnés valaient bien cette histoire.

Le baratineur
J'ai pris un taxi et - comme cela arrive de plus en plus rarement - le chauffeur était jovial et d'une approche joyeuse. Au bout de quelques minutes, je l'entendis qui parlait au téléphone : " Oh, mon cher frère, l'hôtel où tu m'as envoyé, affiche des prix quatre à cinq fois plus élevés que ce que tu m'as promis. Essaie, s'il te plaît, de contacter quelqu'un d'autre de tes multiples connaissances pour me trouver une proposition moins coûteuse, ne serait-ce que pour deux seules nuits. La pauvre fille se marie et tu sais qu'elle est orpheline et qu'elle est loin de rouler sur l'or. Fais cela pour Dieu, moi-même, je l'ai aidée avec tout ce que j'ai pu. Mais tu sais que je suis père de famille, que j'ai un loyer à payer et des multiples charges. Aujourd'hui, si je gagne un peu plus, je vais encore l'aider mais j'ai des limites, etc... ".
La communication close, il m'interpella en me racontant la triste histoire de cette orpheline que sa mère a emmenée un jour chez la voisine alors qu'elle n'avait que deux ans et qu'elle a laissée là pour disparaître à tout jamais etc...
Une histoire digne de " Sans famille " et de " Cosette ". Une histoire à vous fondre le cœur.
J'hésite. Est-ce que je participe moi aussi à cette digne cause sociale en donnant un peu d'argent ou dois-je m'abstenir ? Je crains d'avoir mauvaise conscience pour la suite si je ne le fais pas.
Mais le jeu de ce comédien ne m'avait convaincu qu'à moitié.
Je trouvais l'échappatoire en lui proposant de l'aider à trouver une chambre d'hôtel à prix réduit. Il me remercia et me donna son numéro de portable.
Quand j'ai voulu descendre, il refusa que je le paye. C'était une ultime tentative. J'aurais pu accepter pour voir sa réaction. Mais, je n'en fis rien et le payais en lui octroyant un gentil pourboire.
Une fois, parti, je décidais de l'appeler. Le numéro était bien évidemment factice.
Ouf, je l'ait échappé belle...

L'opportuniste
C'est dans l'une des gares sur le parcours qui relie Sousse à Tunis qu'il sévit. A l'arrêt, il monte dans le wagon de première classe en titubant. Il est grand et maigre, semble complètement démuni de cerveau et tend au premier qui veut bien le prendre un papier en le priant de lire ce qu'il y a d'écrit dessus et si ce train va bien à Gabès.
Le train se dirige évidemment vers Tunis. Les voyageurs sont interpellés mais demeurent perplexes. Il ne leur laisse pas le temps de réfléchir, se met droit et lance son discours : " Au nom du Prophète, je ne vous demande pas de me payer le billet jusqu'à Gabès, mais juste d'y participer avec une petite pièce de cent millimes... "
Un voyageur éméché, lui dit " hé toi, l'enfant de Gabès, viens prendre tes cent millimes ". Et la manne céleste s'ouvrit. Tout le monde y alla de sa petite monnaie.
Tout le monde, à part moi. Cet opportuniste n'allait nulle part. Il sut que je le savais parce que j'étais le premier à qui il a tendu le billet en entrant. Quand je l'ai regardé dans les yeux, il se détourna de moi et m'évita par la suite quand il ramassait son petit cachet de comédien.
Et puis, c'est quand même bizarre que ce soit le hasard qui l'ai emmené au wagon de première classe, n'est-ce pas ?
Il était, quand même, pas mal comme comédien !


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