On parle très souvent de l'Investissement Direct Etranger en Tunisie qui a subi une montée en flèche malgré quelques réticences des suites de la crise mondiale, notamment le mégaprojet Sama Dubai. Mais, l'on parle moins souvent des groupes tunisiens qui s'internationalisent en investissant sur d'autres terres. Ceux qui s'y prêtent sont des plus performants, car il est loin d'être facile de se trouver une place au soleil à l'étranger. Le Ministère tunisien de l'industrie, de l'énergie et des PME et l'UTICA (Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat) ont publié en octobre 2008, une étude qui met en exergue la remontée en surface de la culture de l'internationalisation des entreprises tunisiennes en estimant leur nombre à un millier. L'Algérie est le premier pays d'accueil des investissements étrangers tunisiens suivie par la Libye, le Maroc, la Mauritanie, l'Egypte et la France. Pourtant, étant passée par une torpeur qui a duré prés de trente ans, l'internationalisation des groupes tunisiens enregistre depuis cinq ans, une croissance remarquable. En effet, la Banque Centrale de Tunisie affirme que la croissance annuelle moyenne des transferts de fonds par ces entreprises est de l'ordre de 200% depuis l'année 2004. Au titre de l'année 2008, le montant total de ces transferts était de 120 MDT. La Société Tunisienne de Banque a donné le coup d'envoi de cette culture en implantant des filiales au Sénégal et au Liban depuis les années 1970. D'autres comme Karoui&Karoui, Amen Bank et Poulina ont suivi le pas, réalisant ainsi une belle performance.
Quelle motivation à l'internationalisation ? Si les entreprises étrangères viennent en masse s'installer en Tunisie incitées par un éventail d'avantages, celles tunisiennes cherchent plutôt dans leur processus d'internationalisation à écouler une offre qui dépasse la capacité du marché local. En effet, ce dernier devient saturé avec ses 10,3 millions de consommateurs et qui deviendront en 2030, 12 millions. Sur un second plan, les groupes tunisiens ambitionnent la proximité de leurs clients. En ce sens, que se rapprocher de sa clientèle en s'installant dans leur pays devient un impératif de premier ordre et ce pour plus d'une raison : adapter au mieux le produit aux exigences et besoins des clients, minimiser les diverses charges de production et de distribution, et profiter des avantages mis en place par le pays d'accueil au profit des investisseurs étrangers. Puis, l'ouverture a prouvé, contrairement au protectionnisme, qu'elle est un véritable facteur de croissance. En fait, c'est carrément un gage de rentabilité que de s'implanter au-delà des frontières. C'est même devenu une question d'existence et de pérennité pour l'entreprise surtout dans le contexte de la mondialisation.
Quel secteur phare de l'internationalisation ? Les entreprises franchissant la frontière, ont tendance à appartenir au secteur industriel. Cela dit, elles ne se limitent plus aux marchés arabes et du Maghreb, elles s'aventurent sur des marchés plus exigeants tels que l'Europe. Le groupe One Tech est en un parfait exemple. Ce fabriquant de composants électroniques avait même racheté son donneur d'ordre : l'allemand Fuba Printed Circuits, il y a trois ans, mais il a aussi repris le groupe français SLFG. Par ailleurs, le groupe Poulina s'est implanté à travers 16 filiales dans le Maghreb, l'Europe, et la Chine récemment. Mais, l'entreprise qui a le plus percé dans le domaine de l'internationalisation est Coficab. Spécialiste des câbles automobiles et filiale du groupe Elloumi, elle est présente au Maroc, Egypte, Malaisie, Brésil, Roumanie, et au Portugal. Aussi, le secteur tertiaire grimpe-t-il dans les sondages de l'internationalisation. Des entreprises telles qu'Amen Bank qui contrôle Maghreb Leasing Algérie et les sociétés de bourse et fonds d'investissements au Maroc et en Algérie : Integra Partners. De plus les bureaux d'études, les agences de conseil et communication ainsi que les sociétés d'ingénierie se sont internationalisées notamment en Afrique comme Med Soft et COMETE Engineering, et au Maghreb comme Karoui & Karoui et Sigma Conseil. Le gouvernement prend très à cœur la culture de l'internationalisation des entreprises tunisiennes et prend conscience de l'enjeu de celle-ci. Ainsi, à travers le FAMEX (Fonds d'Accès aux Marchés Extérieurs), il octroi des aides d'ordre financier aux groupes candidats à l'internationalisation pouvant aller jusqu'à 200 MDT. Cela dit, le franchissement des frontières pour s'installer sur des marchés étrangers nécessite des moyens plus que financiers. C'est de tout un processus qu'il s'agit s'étalant sur plusieurs étapes et aucune ne doit être négligée. Il importe alors de mettre en place une structure dont la vocation est l'accompagnement des entreprises dans ce processus. Une structure qui peut être composée d'entrepreneurs qui ont réussi leur expérience d'internationalisation et qui sont les mieux placés pour conseiller ceux qui y aspirent.