Avez-vous remarqué le nombre de cafés qui ouvrent à chaque coin de rue ? Le pire c'est qu'ils sont tous pleins de jeunes désœuvrés, de vieux retraités et parfois de quelques couples plus ou moins légitimes. Là, ils vont passer des heures à regarder passer les passants et surtout les passantes, respirant l'air pollué des rues, s'engluant de l'atmosphère poisseuse de la Chicha. Et la question qui se pose avec insistance c'est : ils n'ont vraiment rien à faire ? Ils ne travaillent donc jamais ? Et de quoi vivent-ils alors ? A mon modeste niveau de travailleur acharné, je trouve que les heures et les jours passent trop vite et je suis toujours à la bourre, pressé, stressé, angoissé face à la fuite du temps... Je me suis donc installé dans un de ces cafés et j'ai vu et j'ai compris... Le premier est un chômeur qui ne trouvera jamais de travail, car il ne sait rien faire. Sa vieille mère lui paye le gîte et le couvert et sa sœur lui donne son " masrouf ", rogné sur sa maigre paye d'ouvrière. Alors il va au café pour regarder passer les filles... Le second est retraité qui fuit son foyer conjugal, devenu un enfer depuis que sa femme est devenue une " azouza " criarde. Il pousse le vice jusqu'à respecter les horaires administratifs, assis là sur " sa " chaise. Et il va au café pour regarder passer les filles... Le troisième est un escroc, toujours à l'affût d'une arnaque, d'un " afar ", d'une malversation. Il gagne de temps aux jeux du hasard et il assure qu'un jour la chance lui sourira. En attendant il va au café pour regarder passer les filles... Tous vivent dans un monde d'illusions et de chimères, où ni bonheur ni fortune ne viendront jamais illuminer leur univers factice... Ils regardent passer les filles, passer la vie, venir la mort...