Au coup de sifflet final de l'arbitre malien Karembe Oussman, certains ont tendance à relativiser l'échec de l'Etoile en terre nigériane face à Heartland, une équipe certes motivée et réputée intraitable chez-elle mais demeurant néanmoins à respecter sans plus. L'Etoile s'est donc vu infliger une raclée que tout un chacun n'attendait pas. Un cinglant 3-0 ça fait vraiment mal à l'équipe et à son prestige d'autant qu'elle passe pour être un grand d'Afrique. Ceci interpelle les plus avertis quant aux causes ayant précipité l'échec et indigne le commun des supporters. Dimanche, l'Etoile on ne l'avait pas reconnue tellement tout a tourné au vinaigre après la demi-heure de jeu, période durant laquelle elle a montré des intentions d'équipe conquérante à Owerri. Les essais ratés pendant la demi-heure de jeu n'expliquent pas tout de l'échec voire de la déroute une heure durant. Nous disons donc qu'il n'y a pas lieu de relativiser l'échec tant il est vrai que les lacunes, les insuffisantes et même l'absence d'application tactique étaient évidentes. Ce genre de match, au contraire, doit servir au staff technique et aux joueurs eux-mêmes de véritable leçon dont il faut retenir pour corriger ensuite tous les anachronismes du jeu de l'équipe qui par ailleurs, ne datent pas d'aujourd'hui. Mais que s'est-il passé au juste pour que l'Etoile se fasse cartonner et humiliée de la sorte ?
Des choix et des erreurs ! Nous avions insisté dans notre article de dimanche paru en guise de présentation du match que l'Etoile n'a pas besoin d'aligner quatre joueurs à vocation offensive ou présumée telle pour pouvoir prétendre à la victoire surtout lorsqu'on compte parmi ce quatuor un certain Opara amorphe et d'une inutilité certaine à cause de son jeu brouillon et "ralentisseur" du jeu de l'attaque. La présence du Nigérian "oblige" en fait Lotfi R'him à confier un autre rôle à Bukari le confinant dans un contexte inadapté aux qualités du Ghanéen. Bukari voudrait bien, pour se rendre véritablement utile, être associé à un joueur aussi rapide que lui, Jedaïed en l'occurrence. Ce jeune que même incorporé au cours du jeu est souvent placé au mauvais côté (gauche). Le jeune étoilé, de par ses qualités de dribbleur et de joueur de débordement constitue une menace constante aux défenses adverses. Jedaïed n'omet cependant pas de se porter en finisseur dès lors que l'occasion se présente. Pour avoir choisi l'arme du contre à l'occasion de ce match, Lotfi R'him n'a pas été jusqu'à matérialiser ses intentions sur le terrain. Il est allé dans le champ de bataille sans les armes appropriées. Et si c'est ainsi, il aura failli dans le choix des hommes aux postes à pourvoir selon le schéma tactique préconisé. Mais ceci ne concerne pas uniquement le compartiment offensif. A l'entrejeu, Mohamed Ali Nafkha, depuis quelques temps ne joue plus son rôle d'un cadre de l'équipe. Ses longs moments d'absence dans le match affectent sans aucun doute le rendement du milieu d'autant plus qu'il se trouve associé à un compère tout juste moyen.
Défense : Gros problèmes ! Lotfi R'him invente mais son invention ne reçoit pas le brevet international puis que nulle part ailleurs il n'existe une paire axiale composée de deux gauchers. Jmel et Ayari dont les qualités de défenseurs demeurent certaines ne sont pourtant pas complémentaires. Nous ne discutons pas le mental de l'un ou de l'autre, mais une chose est pour le moins évidente, il ne peut y avoir entente entre les deux défenseurs. En témoignent les buts encaissés sur des erreurs de positionnement et d'absence de couverture mutuelle. Autant alors revenir à la formule Ayari ou Jmel - Boulaâbi qui demeure en ces temps de "pénurie" la moins mauvaise ou carrément recourir à un jeune issu des Espoirs puisqu'un Mahmoud Khémiri a été tout simplement largué mais qui s'impose à l'ESHS.
Même le coaching n'est pas épargné ! Au-delà des défaillances collectives et individuelles et des choix tactiques devant être adaptés aux qualités des joueurs, se situe, il faut le dire, le problème du coaching sans enlever le mérite à qui que ce soit, force est de relever que le remplacement d'Akaïchi par Jedaïed n'a été qu'une demi-solution. A deux à zéro à la mi-temps d'aucuns pensent qu'il fallait remplacer le moins performant des attaquants, Opara en l'occurrence et associer Akaïchi, le plus menaçant, à Jedaïed R'him a trop attendu pour opérer le remplacement du reste peu judicieux. Et puis, le score étant ce qu'il est à la mi-temps, pourquoi n'a-t-on pas pensé à Gilson Silva ? Un joueur remplaçant est susceptible d'être utilisé dès que le besoin se fait sentir d'autant que le résultat du match intéresse l'Etoile au plus haut point !
Heartland : Réalisme et humilité ! Ceux qui donnaient l'Etoile favorite à Owerri semblent peu connaître la valeur de l'équipe nigériane. Sans compter une constellation de stars (elles opèrent tous en Europe), Heartland constitue une bonne équipe. Techniques et disciplinés au plan tactique, les Nigérians ont certes été intimidés par le renom de l'Etoile pendant la demi-heure de jeu, mais au fil des minutes ils ont vite saisi que la qualité de leur adversaire ne colle pas à son nom. Ils ont vite décelé les nombreux points faibles de l'équipe étoilée pour les mettre à profit et réussir ce qu'ils ont pu entreprendre. Maintenant, la situation se complique pour l'Etoile. Elle devra incontournablement glaner six points à Sousse, contre le même Heartland le 29 de ce mois et face à son tombeur de la première journée du tour du groupe B avant d'aller à R.D.Congo disputer toutes ses chances. Ceci pourrait s'apparenter à "l'œuvre" de Sisyphe à moins que les ajustements dans le jeu de l'équipe soient rapidement apportés et que le facteur chance (indispensable en foot lorsque çà bloque) s'en mêle.