A quelques jours de l'Aïd El Idha, les fonctionnaires et les salariés s'inquiètent de nouveau pour leur budget. Les rendez-vous et les événements caractérisés par des dépenses supplémentaires s'enchaînent sans relâche tout au long de l'année. D'où des soucis financiers et des appréhensions pour les chefs de familles et même les célibataires qui n'arrivent toujours pas à joindre les deux bouts à la fin de chaque mois. Les augmentations de salaires ne répondent pas encore à leurs besoins, et rares sont ceux qui réussissent à subvenir totalement à leur besoin sans avoir recours à d'autres alternatives (endettement, achat par facilité ou surendettement...). Et alors où se situe le grain de sable ? Une minorité de salariés appartenant à la classe moyenne avoue qu'ils parviennent à satisfaire toutes leurs exigences, soit 4,3 % des fonctionnaires. C'est ce qu'a révélé Olfa Rafrafi dans sa recherche réalisée dans le cadre de mémoire d'études approfondies en sociologie, et ce suite à une enquête effectuée auprès d'un échantillon composé de 200 fonctionnaires. D'ailleurs le problème se pose avec acuité auprès des fonctionnaires mariés ayant des enfants et même ceux qui n'ont pas de gosses. Ils avouent que leur salaire ne répond pas totalement à leurs besoins. Par exemple, 9,6 % de ceux qui ont des gosses sont confrontés à ce problème chaque mois. Pire, les célibats qui ont des familles en leur charge (parents, frères...) font face au même problème. Il est difficile pour 29,2 % des interviewés de colmater les brèches à chaque fin de mois.
Manque de confort Malgré les augmentations des salaires effectuées lors des dernières années, les fonctionnaires demeurent toujours incapables de vivre de façon commode ou confortable. Ils renoncent même à leurs projets futurs ou ambitions qui se résument le plus souvent en un simple voyage. La priorité est accordée aux dépenses quotidiennes soit l'alimentation, le transport et l'habillement. Des dépenses qui se facturent toujours plus cher, c'est ce que démontrent les indices de prix affichés à chaque mois. Vient en deuxième position l'habitat. 29 % de l'échantillon réservent une partie de leur salaire au paiement du crédit de logement ou le paiement du loyer. Mais comment se débrouillent les fonctionnaires à la fin de chaque mois ? La plupart (35 %) achètent leurs biens par facilité de paiement. D'autres, soit, 27 % optent pour des économies notamment par rapport à l'alimentation ou les consultations médicales. Plusieurs parents choisissent de ne pas se rendre auprès des médecins pour économiser les frais de consultation. L'automédication reste une alternative pour eux. Certains avouent qu'ils n'achètent pas des nouveaux habits. Ils s'en privent faute de moyens. Si quelques-uns optent pour ces solutions d'autres n'ont guère de choix que de s'endetter auprès des banques. 9,5 % des interviewés ont recours à des crédits bancaires.
Les alternatives Toujours dans le même contexte, plusieurs fonctionnaires manifestent leur intérêt à trouver d'autres sources de revenus. Toutefois, les solutions ou les alternatives sont limitées. 70 % de l'échantillon se rabattent sur leurs salaires alors que 9 % jouent le rôle de commerçants dans l'espoir de réaliser des petits gains. D'autres donnent des cours particuliers essentiellement ceux qui travaillent dans le secteur d'enseignement. Il s'agit en fait, d'une bouée de sauvetage pour cette frange de la société. Ironie du sort, des fonctionnaires sont contraints de travailler en tant que chauffeurs de taxi avec un seul espoir d'avoir une somme supplémentaire à la fin du mois. Ils déposent des congés de maladie pour profiter le maximum de ce repos rémunéré. Comment s'explique cette situation ? Pourquoi les fonctionnaires ont toujours eux des difficultés économiques ? Cela s'explique entre autres par le changement du système économique et la libéralisation du marché. La révision de la politique n'a fait qu'augmenter les profits des privés contre un recul de la part des fonctionnaires au PIB. Elle était d'ailleurs de l'ordre de 40 % en 1983 pour se situer à 36 % en 1999. Les recherches menées dans ce sens ont prouvé que les salariés ont été touchés par cette politique. Ils ont à payer les avantages accordés aux investisseurs privés notamment en termes d'exonération des taxes douanières. L'impôt direct est atténué d'une année en année en effet, mais il reste tenace...La taxe à la consommation a été par en revanche révisée à la hausse, d'où des charges supplémentaires toujours supportées par les salariés.
Et le stress Surendettement, privation, économies...sont les maîtres mots de cette frange qui vit une situation stressante. Des conflits dégénèrent également entre les couples à cause des problèmes financiers. En effet, nombreux sont les fonctionnaires qui souffrent de problèmes psychiques, (angoisse, surmenage, dépression) à cause de ces difficultés. Ils avouent même qu'ils ont le sentiment d'être incapables de gérer convenablement leurs salaires et même leur vie. Une donne qui s'applique aussi bien aux mariés qu'aux célibataires. Ils endurent un sentiment de désappointement.