C'est l'histoire, ou plutôt la mésaventure d'une jeune fille d'à peine quinze ans, mais n'en paraissant pas moins de vingt, en proie aux pires difficultés et d'une situation des plus précaires dans laquelle se trouvait sa famille. Cette famille qui se débattait sans cesse pour se procurer ce dont elle avait besoin grâce à des efforts gigantesques, d'autant que le père, ne travaillant qu'épisodiquement, avait une dizaine de bouches à nourrir. Aussi, malgré son jeune âge, cette fille s'est-elle décidée à quitter son nord-ouest natal pour venir dans la capitale chercher du travail. Elle rêvait bien entendu, à l'instar des filles de son âge, à une situation stable, donc à un boulot pouvant lui assurer un avenir meilleur. Elle n'a pas manqué, non plus, de rêver à fonder un foyer et à avoir des enfants. Tous les rêves, se disait-elle, étaient en tout cas, possibles et réalisables. Suffit-il seulement d'avoir un peu de chance. C'est justement cette chance qu'elle était venue chercher à Tunis, le grand Tunis qui l'a impressionnée dès le moment où elle a débarqué. Ce n'est qu'à ce moment en effet qu'elle s'est rendu compte de l'énorme différence entre son petit patelin et ces immenses artères où elle s'est sentie vraiment perdue. Mais elle était désormais engagée, ne pouvant donc plus faire marche arrière, encore moins se dérober. Tant qu'elle y est, il vaut mieux aller de l'avant, sans se retourner, ni se préoccuper des embûches qui pourraient lui entraver le chemin. En tout cas, elle était prête à l'aventure. La première chose à faire, une priorité, était tout d'abord de dégotter un quelconque boulot, ensuite un gîte, les deux allant cependant en parallèle. Déambulant toutefois au hasard, elle a fini par se retrouver du côté de la banlieue sud, où on lui a conseillé d'aller. Mais ce fut dur, très dur, puisqu'elle a dû marcher toute la journée et frapper à plusieurs portes, sans le moindre résultat ! Finalement épuisée, exténuée même, elle est allée se jeter sur une chaise à la terrasse du premier café-maure, le peu d'argent qu'elle possédait ne lui permettant pas, il est vrai, des extravagances. Elle s'est mise alors à revoir la situation sous un angle nouveau. Ce n'était point aisé, comme elle le croyait. La jeune fille était apparemment au stade de soupeser le pour et le contre, lorsque le jeune homme l'a abordée, demandant la permission de prendre place à sa table. Elle n'en voyait évidemment aucun inconvénient ; d'ailleurs était-elle en mesure de porter un jugement, absorbée qu'elle était par ses cogitations ! Pour le bonhomme, c'était cependant une autre paire de manches, car il a très vite pris la situation en main en engageant la conversation, convaincu que son vis-à-vis était manifestement dans le pétrin. Aussi, l'a-t-il rapidement bernée avec sa gentillesse apparente, lui proposant dans la foulée de lui offrir le gîte chez ses parents qui seraient enchantés, lui a-t-il assuré, de l'accueillir et lui permettre de passer la nuit dans la chambre de sa petite sœur. Une proposition alléchante qu'elle a acceptée, après une légère hésitation. Seulement à leur arrivée au domicile parental, la jeune fille fut étonnée de ne voir personne l'accueillir, car il n'y avait pas âme qui vive. Or continuant son travail de sape, le type l'a rassurée, lui affirmant l'imminent retour des siens, tout en l'enlaçant pour lui apporter du réconfort, puis essayer de l'embrasser, suscitant un mouvement de recul chez la jeune fille. Mais apparemment décidé, il l'a giflée, avant de la jeter par terre... Dans la plainte qu'elle a déposée après s'être libérée, la fille dira que son bienfaiteur-agresseur a abusé d'elle superficiellement, constat qui a été confirmé par le médecin légiste qui l'a examinée. Mais l'agresseur en question, une fois interpellé, allait déclarer que son hôte était consentante...