La réponse du Ministère de l'enseignement supérieur «Je vous parle d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître » Un temps où il fallait parfois une bonne dizaine d'années pour un chercheur pour achever sa thèse d'Etat d'un millier de pages. Un chercheur qui devait en outre disposer d'une thèse de troisième cycle équivalant aujourd'hui en volume, et souvent meilleure en qualité, à la nouvelle thèse. Avec le choix du système américain, nommé aujourd'hui LMD, (License, Master, Doctorat) les choses sont devenues plus faciles, trop faciles même. Imaginez un étudiant qui vient de faire à peine trois ans pour obtenir une License, et qui se retrouve, du coup, propulsé au troisième cycle. Une fois le Master obtenu, en deux ans seulement, il peut déjà enseigner à l'université, et trois ans plus tard il est docteur ! Cela fait en tout et pour tout, huit ans après le Bac, contre presque 17 du temps de la thèse de troisième cycle doublée d'une thèse d'Etat, et 5 ans de recherche dans le nouveau système contre 13 au minimum dans l'ancien ! Espérons que nous n'aurons pas à regretter dans quelques années, et comme de coutume, la formation méthodologique solide des « anciens » En tout état de cause, nous avons perdu aujourd'hui un nombre assez importants de thèses d'Etat dont les candidats n'ont pu déposer leurs travaux dans les délais, et nous risquons de perdre encore une quinzaine qui sont privés de soutenir, quoique déposées dans les délais. Ces thèses d'Etat, d'un millier de pages parfois, sont transformées en habilitation. Le maître assistant qui se trouve dans cette situation ne perd pas grand-chose au plan de l'avancement mais il se sent frustré et presque diminué au plan moral. Querelle sémantique Le cas des 15 enseignants privés de soutenir pour l'obtention d'une thèse d'Etat, est encadré juridiquement par un décret présidentiel daté du 4 août 2003. Le décret stipule texto ce qui suit : « Le délai de dix ans prévu à l'article 25 du décret n° 93-1823 du 6 septembre 1993 susvisé pour la préparation du doctorat, est prorogé d'une seule année renouvelable quatre fois au maximum… » Autrement dit ceux qui en 1993, avaient entamé la préparation d'une thèse qui n'était pas achevée en 2003, soit sur les 10 ans réglementaires, pouvaient continuer à le faire jusqu'en 2007. Le ministère avait pourtant accepté à cette date, initialement date butoir, d'accorder aux candidats une dérogation d'une année prenant fin le 6 septembre 2008. Cependant le ministère a fait dissoudre les commissions d'évaluation des thèses d'Etat, alors que des candidats avaient déposé dans les délais cités. De plus les enseignants avaient pris le mot « préparation » dans son sens étymologique comme étant relatif à la préparation d'une thèse à partir de l'année 2003, ce qui leur donnait un délai de dix ans plus quatre pour le dépôt, ce qui fait que ceux qui se voyaient refuser l'accès à ce diplôme en 2008, trouvèrent la décision injuste et à la limite illégale. Mais outre l'aspect sémantique et juridique de la chose, les chercheurs ne peuvent pas admettre de transformer leurs thèses d'Etat en simples travaux pour habilitation. Ils justifient leur refus par au moins deux points : Au plan déontologique thèse et habilitation obéissent à des critères scientifiques totalement différents. L'habilitation appartient au système de la nouvelle thèse, et les maîtres assistants disposant d'une thèse de troisième cycle qui choisissent le nouveau système n'ont pas à fournir un travail aussi gigantesque que celui d'une thèse d'Etat pour se porter candidat à l'habilitation. Au plan administratif, les candidats à la thèse d'Etat qui sont rejetés pour un problème de délai, sont condamnés à reprendre leur travail pour l'émietter pour qu'il soit conforme au dossier scientifique exigé pour une habilitation. Une telle démarche les obligera à reporter de plusieurs années leur passage devant une commission d'évaluation, alors qu'ils en étaient à quelques jours. Entre temps leurs propres étudiants les auront devancés, eux qui bénéficient d'un système de raccourci beaucoup plus clément. S.C ---------------------------------- La réponse du Ministère de l'enseignement supérieur Le ministère de l'enseignement supérieur précise que la date du 6 septembre 2008, constitue le délai fixé pour la soutenance des thèses d'Etat et non pas pour le simple dépôt de ces thèses. De ce fait ceux qui ont déposé à la date précitée sont désormais régis par les règles du nouveau système. Ils sont tenus de ce fait à se présenter à l'habilitation.