L'écriture pour l'enfant est un genre spécifique qui n'est pas aussi facile qu'on le pense ! Plusieurs écrivains se sont aventurés dans ce genre d'écriture et se sont excellés ; d'autres au contraire, n'ont pas bien réussi ! En Tunisie, les œuvres littéraires destinées à l'enfant sont peu nombreuses en comparaison avec celles qui paraissent quotidiennement en Occident ou même en Orient arabe. Il va sans dire que le secteur des éditions spécialisées dans les publications consacrées à la jeunesse (enfants et adolescents) reste encore un domaine moins développé que celui des publications destinées aux adultes, alors que dans beaucoup de pays, cette littérature d'enfance et de jeunesse jouit d'une importance capitale et elle est régie par une législation adéquate ; de même des concours sont périodiquement organisés et des prix littéraires sont décernés aux meilleures œuvres ciblant cette tranche d'âge. Aussi la consultation sur le livre et la lecture, qui a eu lieu l'année dernière en Tunisie, aurait-elle pensé à cette lacune qu'il faudrait absolument combler ! Cependant, les rares écrivains tunisiens qui écrivent pour l'enfant publient de temps en temps des œuvres qui suscitent l'intérêt et l'admiration des jeunes lecteurs. Le dernier-né de ces livres pour enfants est celui de Youssef Rzouga « Ardhou Al Majez », (Terre de Métaphore) un recueil de contes pour enfants, qui vient d'avoir le 1er Prix lors de la 2è session des « Lauriers Hayet pour l'enfant ». Le livre, un recueil de contes, bien relié en carton épais, comporte aussi plusieurs illustrations en couleurs accompagnant les différents contes. « Ardhou Al Majaz », le village de l'homme de futur dans les mains d'un enfant et d'un papillon, est le conte principal qui s'inscrit dans la littérature de science-fiction, un genre qui plaît de plus en plus aux enfants et aux adolescents d'aujourd'hui : il s'agit d'un voyage à travers le monde arabe réalisé par un enfant et son compagnon le papillon au moyen d'un corps volant – un être imaginaire- ayant les qualités humaines, un être empreint de sagesse et plein de curiosité et surtout un être expansif et serviable, prêt à emporter les deux amis jusqu'aux confins de la terre à une seule condition : que les deux voyageurs lui disent une blague au départ et un proverbe à l'arrivée ! Affaire conclue et l'aventure commence. C'est un véritable périple dont le point de départ est le sud tunisien –Tozeur- et qui va les mener vers plusieurs villes et pays arabes (Baghdad, Jordanie, Palestine, Yémen, Riadh, Damas, Doha, Abu Dhabi,…) ce n'est là qu'un premier voyage qui finit à Djerba. L'auteur promet à la fin de ce voyage d'autres aventures auxquelles il consacrera encore deux autres livres du même genre qui nous porteront vers d'autres régions du monde arabe, notamment l'Egypte, Liban, Maroc et d'autres… Ce livre, plein de charme et de poésie, est une approche singulière adaptée par l'auteur pour faire découvrir le monde arabe aux enfants qui auront à explorer, à travers le dialogue des personnages et la description aussi bien vivante que passionnante faite des lieux visités, toute la beauté de ce monde, son histoire, sa géographie, ses hommes et ses différentes traditions, le tout dans un style souple, gracieux et facile. L'histoire de « Ardhou Al Majaz » est précédée d'un recueil de petits contes intitulé : « Hadha Zamani » (c'est mon temps !) et elle est suivie par un conte qui a pour titre « Madinatou Dhad, voyage avec les lettres » Dans tous ces textes, l'auteur a délibérément choisi de s'éloigner un peu des sentiers battus jusque-là suivis dans l'écriture des contes pour enfants basée sur le merveilleux et tournée vers un passé fait essentiellement de mythes et de légendes, quand bien même l'enfant du troisième millénaire aurait souvent besoin d'apprendre bien des choses sur son milieu, son présent, son passé riche en événements et en prouesses, sa culture et son patrimoine, mais aussi son avenir, à travers les histoires qu'on lui raconte ! Rappelons que l'auteur de « Ardhou Al Majez », Youssef Rzouga, est un écrivain et poète tunisien, originaire de Ksour Essef (Mahdia). Il a écrit environ vingt livres dans des genres différents ; poésie, roman, nouvelles... Il publia sa première nouvelle « Quelques chose qui s'appelle la nécessité », en 1973 dans le magazine « Radio et Télévision » alors qu'il n'avait que 17 ans. **La terre de métaphore, édition «SOTEPA GRAPHIC», 2009, 176 pages