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Génération des bâtisseurs, génération tire-au-flanc
Entre hier et aujourd'hui
Publié dans Le Temps le 30 - 01 - 2010

Ils sont dans des endroits où ils ne devraient pas y être à des heures aussi indues.
Ils chattent sur Face Book dès dix heures du matin, emplissent les salons de thé à 16 heures, sont au coude à coude dans les clubs de location de DVD à 17h et squattent les publinets jusqu'à minuit.
Il s'agit de la génération 17- 24 ans, celle sensée être soit sur les bancs des lycées ou des amphis, ou à la limite en train de potasser dans une bibliothèque, sinon carrément au travail pour les plus précoces. C'est à croire qu'ils ont le don de l'ubiquité.
Entre 25 et 34 ans, ils sont censés bosser dur pour gravir les échelons et faire des économies de petites chandelles pour pouvoir se marier, s'acheter une bagnole ou investir dans un appartement à eux.
Ils sont tirés à quatre épingles, signés de la tête aux pieds, les cheveux raides de gel, sentant le parfum dernier cri, déjeunant en semaine dans des resto luxueux et dînant dans les endroits les plus branchés, dansant jusqu'à l'aube le samedi soir, et bronchant avec leur douce moitié dimanche matin dans les hôtels luxueux.
Il ne s'agit pas de la jeunesse dorée, qui fait exception dans tous les pays du monde, mais d'une jeunesse issue de la classe moyenne en Tunisie qui vit en fait sur les lauriers des bâtisseurs qu'étaient leurs parents.
Pas ambitieux pour un sou
Contrairement donc à la génération de leurs parents, qui sont eux-mêmes issus, dans la plupart des cas, de la classe moyenne, sinon parvenus à cette classe sociale moyenne en se hissant au prix d'efforts colossaux : longues études et privations de tout genre, nos tire-au-flanc estiment qu'ils n'ont pas à se casser la tête.
Tout leur a été offert sur un plateau à ces enfants Rois, parce que précieux, puisqu'ils étaient soit enfant unique, soit unique en son genre, quand les parents avaient la chance d'avoir un garçon et une fille pour les deux enfants réglementaires des années 70-80.
Leurs parents qui avaient vécu dans des familles nombreuses, partageant lit et placard et héritant des cartables et tabliers des aînés, ont pris revanche sur cette vie de caserne en offrant à leurs précieux enfants une vie de roi.
Ils se sont saignés pour leur offrir une chambre à eux dès la naissance, les meilleures crèches et écoles plus tard et les vêtements dernier cri pour qu'ils soient " comme tout le monde ", et enfin, pour les plus courageux, construire l'étage supplémentaire " pour mon fils " ou acheter l'appartement que maman continue à payer à l'ex CNEL.
Alerte au dépeuplement
Idem pour le mariage " papa-maman " s'endettent pour que leurs enfants puissent partir en voyage de noces, eux qui ne peuvent se permettre un voyage pour leur trente ans de mariage. Quand on leur reproche ce trop plein de sacrifice, ils se justifient ainsi : " notre enfant n'aura pas à se tuer aux heures supplémentaires au travail juste pour pouvoir payer le loyer "
Et leurs enfants de les prendre au mot ! Ils travaillent juste ce qu'il faut pour ne pas être mis à la porte, et juste ce qu'il faut pour pouvoir payer loisirs et fringues. Ils n'ont pas besoin de faire des courses pour la " bouffe " le frigo de maman est toujours bien rempli, on s'y approvisionne à tout moment.
Enfin, l'idée d'avoir des enfants les panique ces grands enfants. Alors, si l'ONFP compte sur eux pour repeupler le pays, autant faire appel aux dons des pays frères et amis surpeuplés.
Saloua Charfi
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Témoignages
Mehdi, 29 ans, fonctionnaire dans une banque : " J'ai laissé tomber les études sans aucun remords "
" J'étais en troisième année à la fac lorsqu'un ami à papa m'a proposé ce poste. J'ai tout de suite laissé tomber les études sans aucun remords.
J'ai un bon salaire que je n'aurais peut être pas eu si j'avais traîné une année de plus à la fac juste pour avoir une maîtrise, je bénéficie surtout de plein de crédits, je me suis payé une voiture populaire sans peine, j'ai un appartement cadeau de mes parents qui ont aussi payé tous les frais de mon mariage ".
Rima, 28 ans, doctorante : " Je n'ai pas du tout envie de me tuer au travail pour avancer en grade "
" Je viens de déposer ma thèse, je soutiens dans quelques mois, je ferai encore quelques efforts pour publier et passer mon concours et après vous n'entendrez plus parler de moi.
Je fais ma douzaine d'heures d'enseignement et rien d'autre. Je n'ai pas du tout l'envie de me tuer au travail pour avancer en grade. Passer toutes mes nuits le dos voûté sur mon ordi, non merci trop peu pour moi. J'ai envie de vivre, de m'éclater, de profiter de ma jeunesse. Je ne referai pas l'erreur de ma mère qui s'est empoisonnée la vie et a gâché la nôtre pour arriver au plus haut grade. J'aurais préféré trouver un bon dîner tous les soirs concocté par maman, au lieu d'avoir une maman docteur en médecine ".
Nouha, 29 ans, ingénieur : " Je veux avoir du temps pour moi "
" Je me suis mariée au printemps dernier, la reprise a été très dure pour moi après mon retour du voyage de noces. Je me suis rendu compte que cette maison que j'ai arrangée à mon goût pour y vivre confortablement à toute heure de la journée, je n'en profite finalement que dans la soirée et encore, je suis si crevée que je dors sur le divan du salon. En fait ma vie se passe dans un bureau étouffant. Sincèrement je ne compte pas vivre à ce rythme là toute ma vie. Je ne pourrais pas l'annoncer maintenant, j'entends d'ici les protestations de ma mère : " quoi ?! Faire des études aussi longues pour t'emprisonner entre 4 murs ! " Or c'est bien le cas maintenant puisque je suis prisonnière du boulot. Dès que j'aurais un enfant j'arrête de travailler. Je veux avoir du temps pour moi pour faire du sport, lire, me faire belle, faire du shopping ".


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