Dans le cadre de l'événement Kairouan capitale de la culture islamique 2009, l'association des parlementaires Tunisiens et l'Académie Tunisienne des sciences, des lettres et des arts « Beit El Hekma », ont organisé sous le haut patronage du président de la République, une conférence intitulée « Beit El Hekma et le rapprochement culturel Arabo-islamique entre Bagdad et Kairouan ». Le programme de cette journée a comporté une série de conférences qui ont mis en exergue les rapports fructueux qui ont toujours existé entre le Machreq et le Maghreb et les relations qui ont caractérisé les rapports entre Beit El Hekma de Kairouan et Beit El Hekma de Bagdad dans le domaine du savoir . Entre ces deux Institutions, les relations étaient réelles et elles étaient marquées par des échanges mutuels. Notre espace culturel commun, Maghreb et Machrek, nous permettra en effet, de faire circuler la science théologique Islamique ou littéraire ou encore scientifique au sens propre du mot, à travers l'ensemble des espaces arabo- musulmans et de réfléchir sur les miracles de la culture et de la science arabes. Kairouan au même titre qu'El Basra et EL Koufa en Irak, Al Foustat en Egypte, la Mecque et Médine dans le Hijaz, eut son Beit el Hekma avec l'avènement des Aghlabides. Selon le géographe El Bakri, Raccada devenue sous le règne d'Ibrahim Ben Ahmed en 236 de l'Hégire, le centre politique et idéologique des Aghlabides, fut le siège de Beit El Hekma et non pas Kairouan. La présidence de cette académie fut confiée à un savant venu d'Irak, Abou Yousser Chibani, avant son transfert à Mahdia, après le déclin des Aghlabides et l'arrivée au pouvoir des Fatimides. Elle connut au cours de cette période, une grande prospérité et une activité scientifique et culturelle très importante. Et son apport au corpus du savoir universel à travers ses illustres savants, médecins, astronomes, mathématiciens oulémas de différents rites, est considérable. Pour certains, Beit El Hekma aurait vu le jour à El Abassya, avant son transfert sous le règne D'Ibrahim Ethani à Raccada puis à Kairouan, sous le règne de Zidat Allah Al Aoual, le dernier des émirs Aghlabides rappelant que la création de cette académie a été décidée par Le calife Abassyde Al Maamoun qui fut également à l'origine de la création de Beit El Hekma de Bagdad ; une Institution qui a incarné la multiplicité et la diversité des cultures pour la promotion d' un dialogue responsable et fructueux dans le respect de la diversité des cultures tout comme Beit El Hekma de Raccada qui a regroupé sunnites et chiites et autres (Moutazalka) et dont les rapports ont fini par enraciner les valeurs de tolérance, de respect et de reconnaissance de l'autre, rappelant le rôle actif des Méjliss scientifiques organisés souvent en présence de l'émir Aghlabide. Ce genre d'Institution fut également dévoyé à des fins politiques pour servir les intérêt stratégiques et les enjeux du pouvoir en place. Cette Institution rayonna sur le Maghreb et sur l'Andalousie et également sur le Machreq, notamment dans les domaines de l'édition et de la traduction et celui des échanges culturels et scientifiques entre les savants des deux académies et la complémentarité qui a caractérisé leurs relations. L'école médicale Kairouannaise atteignit son apogée lors de l'époque Fatimo-Ziride sous la houlette d'Ibn El Jazzar.