Le 22 janvier sur nos colonnes, Mokhtar Tlili avait annoncé son recrutement par le président du comité national olympique palestinien et de sa fédération pour prendre en charge les sélections sœurs masculines (seniors et olympique) et féminine. Avec en plus la lourde charge de restructurer le football en Palestine sur des bases scientifiques et avant-gardistes. Une mission entrant dans le cadre de la coopération mutuelle entre les deux comités olympiques nationaux tunisien et palestinien. Finalement, le visa l'autorisant à se rendre à Ramallah vient de lui être octroyé. Mais avant de partir, il nous a contacté pour déballer tout ce qu'il avait sur le cœur. Homme connu pour sa franchise à la limite acerbe et grandement dérangeante pour autrui mais également pour lui-même, ce coup-ci il n'a pas dérogé à la règle en jouant comme à ses habitudes aux tontons flingueurs. Il est vrai qu'on ne change jamais « Mokh » comme il se plait à ce que ses proches le surnomment. Entretien : - Le Temps : Plus de deux semaines pour l'octroi d'un visa pour un pays arabe, au point où certains ont pris votre départ à Ramallah pour un canular de plus de votre part à l'instar de votre imaginaire sévère atteinte cardiaque alors que vous entraîniez la CAB pour vous retrouver le surlendemain à travailler en Libye ? - Mokhtar Tlili : Pourquoi vous autres, vous avez la manie de remuer les histoires anciennes et qui n'intéressent plus personne pour l'heure ? Sinon concernant mon départ retardé, je connais ceux qui ont été derrière cette rumeur et je leur répondrai par ceci : je viens d'avoir mon visa et je pars ce vendredi chez nos frères palestiniens n'en déplaise à l'aigreur suscitée chez certaines petites gens. Je vais tout restructurer sur place avec comme objectif primordial la qualification palestinienne aux jeux olympiques de Londres en 2012. Ma femme me rejoindra ultérieurement, le temps que je m'installe et trouve mes repères sur place. Plein d'avantages avec une villa luxueuse meublée, une voiture, billets d'avion, etc. c'est un insigne honneur pour moi d'être le premier technicien tunisien à entraîner les sélections sœurs palestiniennes. « L'air de notre compétition est devenu irrespirable » - Un départ « imposé » par une oisiveté qui n'a que trop duré à votre goût ? - Absolument pas ! Sachez que si j'avais voulu, j'aurais entraîné les meilleurs sous nos cieux cette saison, mais l'air de notre compétition est devenu tellement malsain, vicié, irrespirable que je me suis abstenu à le faire par respect à mon passé, à ma renommée. - Et si vous étiez un peu plus explicite ? - L'ambiance est pourrie, des pseudo dirigeants qui ne cherchent que leurs propres intérêts au détriment des clubs. Des joueurs indisciplinés conditionnés et encouragés par le laxisme et la faiblesse de leurs employeurs, des arbitres, pas tous heureusement, changeant le cours d'un match sciemment, une frange du public commettant des actes répréhensibles, et bien sûr une fédération illégitime ramant à contre courant et lésant de façon ciblée certaines couleurs pour être dans les bonnes grâces des responsables des autres, etc. Je dis tout simplement qu'il faudrait mettre un terme péremptoire à ce « cirque» qui caractérise notre sport roi. Approche ne pouvant se réaliser qu'avec un nouveau BF puissant, autonome et chapeauté par une sommité probe et juste. - On décèle chez vous une colère froide et sourde à l'endroit de l'actuel BF ? - Bien sûr ! Ses errements sont innombrables et je me demande pourquoi attendre juin pour partir. Ils auraient mieux fait de plier bagages déjà en Angola avant d'attendre le retour au pays. Leur dernière énormité selon moi est d'avoir engagé des pourparlers avec Faouzi Benzarti à leur retour de la CAN pour qu'il prenne les commandes de l'E.Nle à partir de juin. « L'affaire Benzarti ne regarde que la tutelle... » -Que leur reprochez-vous dans cette démarche au juste ? -Du moment qu'ils sont partants, ils n'avaient plus à s'immiscer dans les affaires futures du onze national. Par ailleurs, comment la fédération peut-elle discuter avec Faouzi sans tenir compte de l'avis et des intérêts de l'Espérance ? Sachant que l'E.Nle est hors circuit cette saison, ce sont nos clubs qui vont nous représenter à l'échelle africaine cette année. C'est en quelque sorte mordre la main espérantiste secourable qui a été tendue au BF pour le sortir de la crise et de la grogne de la rue au lendemain de notre peu glorieuse sortie au Mozambique. Et puis l'affaire du prêt de deux mois pour la CAN a été réglée entre la tutelle et l'Espérance, je me demande de quelle légitimité se targue le BF pour discuter avec Faouzi d'une affaire qui n'est point dans ses prérogatives et ne regarde que la tutelle et l'EST ? Si ce n'est pas de l'incorrection, ça y lui ressemble comme deux gouttes d'eau ! En agissant de la sorte, les fédéraux pour moi, ont cherché à déstabiliser les « sang et or » point barre ! - Vous pensez donc que le cumul serait préjudiciable pour tout le monde quelque part ? - Oui je l'ai toujours dit, mais l'Espérance sera sacrée avec ou sans Faouzi croyez-moi ! Il n'y a pas le feu et sous peu elle reprendra son envol. Il faut savoir que ce sont les présidents et les clubs qui font les grands entraîneurs et pas l'inverse ! - Le mot de la fin ? - J'espère réussir dans ma nouvelle mission avec ma gratitude à tous ceux qui m'ont aidés jusque là dans mon travail. Mon vœu est que notre sport sorte de son marasme et retrouve son lustre et ses titres de noblesse d'antan, et que ce domaine soit purifié définitivement de ceux qui ne s'en approchent que pour en tirer profit personnellement ou pour leurs proches. Entretien conduit par