C'est toujours compliqué, mais non moins intéressant d'aborder la grande histoire, par une porte dérobée, cachée, jusque-là tenue secrète, par la force des choses, dans la mesure où le chemin s'avère, particulièrement ardu parfois, pour remonter le fil d'Ariane, jusqu'à aboutir à l'origine des choses, quitte à s'éparpiller dans tous les sens avant que la vision ne soit enfin claire, et le chemin balisé pour comprendre. Ne serait-ce qu'une bribe d'un passé qui nous échappe, jusqu'au jour où le passage du temps, la fin de «l'embargo », et la nécessité d'exhumer des archives, pour rétablir certaines vérités, répondre à la curiosité des chercheurs, ou comparer des données, parfois contradictoires sur les mêmes détails, ou fragments d'(H)istoire à recouper, pour enfin reconstituer le puzzle, en l'absence d'une mémoire vivante, ou de témoignages qui viendraient corroborer, ou pas, les faits énoncés, ne se transforme en urgence absolue, dans l'objectif de parvenir enfin, à lever tous les équivoques. En tenant compte du fait que ce travail titanesque, suppose, notamment, de recourir à l'avis de spécialistes patentés, pour contextualiser faits et évènements, et permettre au lecteur d'aborder, sans grande difficulté, la découverte d'un ouvrage, autrement important ici en l'occurrence : « L'action nationaliste en Tunisie » de Roger Casemajor, (Sud Editions, Tunis).
Le mouvement national tunisien constitue une étape très importante, cruciale, de l'Histoire du pays. Une Histoire, peut-être défrichée dans ses grandes lignes, mais qui recèle encore bien des zones d'ombre, sur lesquels, enseignants, chercheurs et spécialistes de tous bords, se sont toujours penchés avec une curiosité insatiable, dans une quête effrénée, évidemment compréhensible, pour tenter d'en ramasser les fragments épars, pour une meilleure visibilité. Transparence serait peut-être un terme plus adéquat. Mais c'est un exercice de longue haleine, qui ne peut être que fécond, si tant est que l'exigence soit au rendez-vous. La passion aussi. Pour la vérité.
Après « Habib Bourguiba Le bon grain et l'ivraie » de Béji Caïd Essebsi, ce présent ouvrage : « L'action nationaliste en Tunisie », (du pacte fondamental de M'Hamed Bey à la mort de Moncef Bey 1857- 1948), présenté et annoté par Hassine-Raouf Hamza, professeur d'Histoire Contemporaine à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis), vient lever le voile, un tant soit peu, sur ce qui constituait à l'origine, un « Rapport secret des Renseignements Généraux », signé par un enfant du pays, -Roger Casemajor- (1912-1959). « Il était l'un des principaux responsables des Renseignements Généraux en Tunisie sous le Protectorat, et à ce titre, traitait du dossier nationaliste et de toute l'information concernant ses chefs et ses militants », comme c'est expliqué en substance, dans le quatrième de couverture du livre.
On comprendra alors que sa lecture, ne peut être qu'édifiante. Et autrement enrichissante…