Quand Rachid Belhout débarqua à Béja, tout le monde se posait les mêmes questions à son propos. D'où vient-il ? Quel est son palmarès ? Est-il vraiment la solution à la difficile situation que vivait le club lors de son arrivée ? Avec deux points à son actif après six rencontres, il est vrai qu'il n'y avait pas de quoi pavoiser. Les férus n'ont pas attendu longtemps pour constater le saut qualitatif qui était en train de s'effectuer. Dès les premiers matchs de l'ère Belhout, l'équipe s'est métamorphosée, changeant de style et de cachet. L'O.Béja, est revenu à son football plaisant, en mouvement et créateur. Cette symbiose entre les joueurs et les schémas tactiques faciles mais combien efficaces, préconisés par le coach algérien, fut appréciée à sa juste valeur par les férus béjaoi qui petit à petit sont devenus plus nombreux au Kmiti. A partir de là, une idylle s'est tissée entre le public béjaoia et Rachid comme se plaise à l'appeler, ce dernier. Cette adoption et cette chaleur humaine réciproque qui s'est créée entre l'homme et tout le giron du club a rendu encore plus facile le travail du technicien dans la mesure où la confiance régnait et la concorde était de mise. Nous l'avons invité pour une pause café après une séance d'entraînement afin de lui poser quelques questions concernant sa carrière de technicien, les circonstances qui l'ont amené à Béja, le secret de cette maturité de l'équipe techniquement et mentalement de son présent, de son avenir et de toutes questions dont il a été très aimable comme à l'accoutumée, de nous répondre avec courtoisie et humilité. Le Temps : Pouvez-vous nous donner un aperçu sur votre longue carrière en tant que joueur puis entraîneur ? -Rachid Belhout : Je suis né à Salah Bey l'un des quartiers de Sétif qui reste un bastion du football d'où sont sortis plusieurs joueurs de renommée dont Kermali. A 12 ans, j'ai quitté avec ma famille, l'Algérie en direction de la France et plus exactement à Montmédy près de Sedan. C'est là que j'ai commencé ma carrière de joueur avant de connaître d'autres clubs plus futés tels que Sedan et Dijon. Par la suite je suis passé en Belgique où j'ai joué respectivement avec Virton FC, Halouzy et Artans. Quant à ma carrière d'entraîneur, elle a débuté avec les jeunes de Virton FC, Martemanche Arlans et Bastogne avec lesquels j'ai remporté plusieurs titres. Par la suite, je suis passé au Luxembourg durant huit ans où où j'ai exercé dans des clubs de 1ère division tels Eishen, Red Boys, Wiltz et l'Union Luxembourgeoise avec qui j'ai eu l'occasion de participer aux premiers tours de la Coupe d'Europe deux années de suite. En 2004-2005, je fus contacté par les dirigeants de Sétif avec qui j'ai passé une saison et demi avant d'être engagé par l'USMAlger en 2005-2006 avec qui j'ai joué une finale, malheureusement perdue contre son rival d'Alger, la Mouloudia. Après une saison 2006-2007, passée à Chlef où nous avions réussi à être vice-champion d'Algérie, je sui passé à USMAnnaba en 2007-2008. - Comment s'est effectuée votre venue à Béja. -Des amis algériens qui me connaissaient et qui avaient des attaches en Tunisie, ont parlé de moi au président du club béjaoi, M. Nefzi qui m'a contacté et j'ai donné mon accord car d'un côté, il y avait un challenge à relever vu la situation du club avant ma venue et d'un autre je voulais d'une expérience en Tunisie dont j'ai entendu le plus grand bien et qui a toujours réussi aux Algériens. C'est ainsi que je me suis trouvé à Béja, et croyez-moi, je ne regrette nullement d'avoir fait le choix dans la mesure où j'ai trouvé une ambiance cordiale de toute part et un esprit de famille qui m'a été d'un grand soutien moral. «De bons joueurs techniques à l'OB…» - On parle aujourd'hui souvent de l'empreinte et du cachet de Belhout en voyant évoluer l'O.Béja, peut-on en savoir plus ? -Quant on a des principes bien définies et une conception bien claire sur la façon de pratiquer le football on essaye toujours d'appliquer ses conceptions là où on passe. Pour moi, qui est maître du ballon est maître du jeu, donc il faut toujours essayer de le conserver et en priver l'adversaire d'où le football en mouvement, la circulation rapide de la balle, le jeu à une touche et à la première intention. Une fois ces principes acquis et assimilés le jeu de l'équipe ne peut que s'améliorer sur le plan de la qualité et de l'efficacité. Maintenant toute conception de jeu reste tributaire de la qualité technique de l'acteur et je crois qu'à l'O.Béja, il y a de bons joueurs techniques qui ont su s'impliquer dans cette façon d'évoluer. - Après avoir assuré logiquement le maintien, l'événement à préparer maintenant c'est la finale de la Coupe, peut-on en connaître les grandes lignes ? -Sincèrement, je dirai d'abord qu'il reste trois matches à livrer en championnat et nous espérons les négocier avec tout le sérieux, l'application et la détermination requise car à mon avis se classer parmi les 5 ou 6 premiers est largement dans nos cordes.Pour ce qui est de la finale nous aurons le temps d'y penser et de préparer cet important rendez-vous que nous espérons réussir et montrer à tous que nous ne sommes pas en finale par hasard. « Je suis à l'OB jusqu'au 30 juin 2010… » - Le présent de Belhout est à Béja, mais qu'en est-il du proche avenir ? Si l'O.Béja est prétendant, pour moi, le dossier est clos -Ecoutez, je suis lié par un contrat officiel et moral surtout jusqu'au 30 juin 2010 avec l'O.Béja. Après cette date, nous verrons, si l'O.Béja, serait prétendant, pour moi l'affaire est close. Si on contraire, il n'y aurait pas de signes apparents, Belhout roulera sa bosse ailleurs et je crois qu'après mes modestes 36 ans d'expérience je trouverai sûrement preneur. - Qu'est-ce qui manque à l'O.Béja, pour passer à un palier supérieur et espérer jouer les premiers rôles ? L'O.Béja, a le droit d'avoir d'autres ambitions -Pour avoir d'autres ambitions et espérer jouer les premiers rôles à l'avenir l'O.Béja, doit avoir les moyens de ses ambitions. C'est-à-dire, en plus du maintien du groupe actuel il faut impérativement quelques bons recrutements dans les trois compartiments. C'est à ce prix que le club peut aspirer à jouer les premiers rôles et en finir avec l'unique ambition du maintien qui ne colle pas sincèrement avec le statut et le passé du club. Bien sûr, la formation au niveau des jeunes est primordiale et le salut ne peut parvenir que du cru. Chady Amri, Amdouni et d'autres sont des exemples de réussite il faut que cela soit la règle et non l'exception. « Ni l'un ni l'autre, le juste milieu » - Quel langage utilisez-vous avec vos joueurs. Etes-vous adepte du bâton ou de la carotte ? -Comme je suis de formation technicien en pédagogie et après toute mon expérience en tant que meneur d'hommes, je crois savoir quel langage utiliser avec des footballeurs. Il n'y a pas de recette universelle, tout est dans la compréhension de la mentalité du joueur, de son éducation, de son niveau d'instruction et de sa personnalité, surtout. Si le bâton est facile la carotte l'est moins car le joueur ne doit pas confondre la gentillesse et la faiblesse donc tout est dans l'art de la persuasion, de la modération et du juste milieu. - Le public béjaoua vous porte bien dans son cœur, quel message aimeriez-vous lui passer ? -La force d'un club reste toujours ses assises, c'est-à-dire ses supporters. Ces derniers sont appelés à être son fer de lance et le bouclier protecteur contre toutes les dérives. L'équipe a besoin des férus dans les moments difficiles surtout mais aussi dans les grands événements comme la prochaine finale de la Coupe c'est pourquoi je les appelle aujourd'hui à être le plus nombreux possible ce jour là et de croire en cet ensemble qui ne les décevra pas.