Que l'O.Béja remporte la finale de la Coupe aux dépens d'un ensemble sfaxien désorienté et sans une ligne directrice claire et bien définie dans son jeu ne devrait en aucune façon être perçu comme étant une surprise même si le Club Sfaxien était donné par une partie d'observateurs plus ou moins peu avertie favori. Les Cigognes qui ont réalisé cette saison des progrès tangibles à tous les niveaux du jeu sous la férule de Rachid Belhout ne sont pas nés de la dernière pluie quand il s'agit de l'épreuve de la Coupe dont ils sont devenus au fil des ans des spécialistes. Faudrait-il rappeler que les camarades de l'excellent S.Nefzi en étaient à l'occasion à leur 4ème finale après celles de 1993, 1995 et 1998. Après un 1er trophée remporté par les Nordistes en 1993, face à l'ASM, les voilà qu'ils épinglent à leur tableau de chasse un deuxième titre et des plus méritoirement.
L'O.Béja a battu, en effet, son homologue sfaxien dans les règles de l'art, avec des moyens du bord qui ne sont pas probablement en comparaison avec ceux des sudistes mais qui furent savamment exploités par le staff technique " Rouge et Blanc " dominant bien son sujet. Rachid Belhout a mis en place un dispositif tactique bien approprié pour les circonstances et surtout en fonction du jeu des Sfaxiens qu'il a, à l'évidence, bien étudié.
Le CSS a manqué d'espaces
Les Béjaois bien en jambes et forts d'une fraîcheur physique perceptible ont réussi à priver le Club Sfaxien des espaces nécessaires pour leurs manœuvres. Préconisant un implacable marquage à la fois de zone et sur le porteur adverse du ballon, ils ont littéralement étouffé les velléités sfaxiennes la plupart du temps loin de leurs zones ce qui explique d'ailleurs la rareté des occasions sérieuses de but créées par les protégés de Luka Peruzovic.
C'est que le milieu qui constituait d'abord le compartiment fort du CSS, était cette fois effacé tant au niveau de la récupération avec un Bergaoui et autre Hammami peu efficaces dans leurs manœuvres que celui de la relance malgré les efforts déployés par Ibrahima Touré et surtout Kamel Zaïem, constamment sous haute surveillance.
La défaillance de l'entrejeu sfaxien a été pour beaucoup dans le naufrage de l'équipe. Ne parvenant pas à poser son jeu, celle-ci s'obstina à percer le plus souvent par le centre et procédait le plus clair du temps par des centrages en profondeur qui faisaient l'affaire des longilignes défenseurs béjaois. Ces balles destinées à Hamza Younès ne furent en effet d'aucune utilité pour l'attaque sfaxienne. Si l'on excepte les dix premières minutes, au cours desquelles les Clubistes de Sfax se créèrent deux occasions par Fateh Gharbi (9') et Touré (15'), tout le reste de la première mi-temps et plus particulièrement à partir du but qu'ils ont réussi sur un penalty gratuitement accordé par Yussufu, fut à l'avantage des Cigognes qui ont été tout près de doubler la mise par Sameh Derbali dont le tir ayant heurté un défenseur sfaxien a pris à contre-pied le gardien Khalloufi, mais le cuir effleura le petit filet ratant de très près les filets (44'). Méconnaissable et à court d'inspiration, le Club Sfaxien a-t-il été mal servi par un quelconque excès de confiance ? Nous ne le pensons pas dans la mesure où il n'y avait pas de raison pour que les Sfaxiens se sentent, dans leurs têtes, supérieurs à leur adversaire et Riadh Charfi a été catégorique en affirmant à cet égard, que ses joueurs n'ont pas regardé de haut les Béjaois mais qu'ils ont versé dans la précipitation surtout en seconde mi-temps. " Depuis le but de Béja, les nôtres ont cherché à revenir rapidement à la marque et avec le défilement de la rencontre, ils ont fini progressivement par céder à la précipitation avec toutes les conséquences que l'on connaît.
Défaillances défensives sfaxiennes criardes
Ce n'est pas uniquement le milieu et le jeu de l'attaque qui n'ont pas bien marché du côté des Sfaxiens mais aussi l'organisation défensive. Leur arrière-garde a été l'auteur d'une prestation médiocre avec un Yussufu loin de sa forme habituelle.
Le Ghanéen, à l'évidence mentalement écrasé par sa première finale de Coupe, est passé à côté de son sujet, commettant plusieurs bévues dont cette main à l'origine d'un penalty accordé gratuitement. Même s'il s'est partiellement repris en seconde mi-temps il constitua une des grosses déceptions de l'équipe sfaxienne avec Hamdi Rouïd auteur d'erreurs monumentales qui ont failli amener d'autres buts béjaois. Seuls Khalloufi qui a sauvé deux périlleuses occasions et le jeune Mahmoud Ben Salah et à un degré moindre, Fateh Gharbi, ont tiré leur épingle du jeu.
En contrepartie de la fébrilité défensive des Sudistes, on a relevé en face une assurance de bon aloi affichée tout le match par Nefzi, Rodrigue et Matar Bacha, entre autres. Lucides dans leurs têtes et solides sur leurs jambes, ils ont été sans la moindre concession.
Rachid Belhout comme on peut bien le deviner était à l'issue de la consécration, un homme comblé mais il ne s'est jamais départi de son humilité en affirmant que cette victoire est le fruit d'un effort collectif de toutes les parties prenantes du club. " Les joueurs ont accompli ce que je leur ai demandé : s'amuser sur le terrain et se faire plaisir en jouant au football, sans trop penser au résultat et celui-ci est venu de lui-même. J'étais convaincu que si les joueurs appliquaient ce que je leur demandais, la Coupe ne pourrait pas leur échapper. Il ne faut pas cependant que nous dormions sur nos lauriers, mais de travailler toujours davantage pour gagner d'autres challenges.