Mustapha El Haddaoui, le sélectionneur marocain, ne croyait pas si bien dire quand, la veille du match il notait que «le résultat de Sousse, même s'il est encourageant n'était pas satisfaisant ». En effet, même avec la parité au résultat c'est la Tunisie qui passe à la phase finale en 2011 au Soudan. Cette qualification est d'autant plus méritée qu'elle arrive au bon moment pour sceller la réconciliation entre l'équipe et son public. Venant après l'échec de « la précédente CAN » , la qualification à la CHAN 2011 s'inscrit inévitablement dans un cycle nouveau dont l'objectif à court et moyen terme, est la mise en place de l'ossature d'un groupe compétitif aux ambitions bien affichées, une double qualification « CAN-Coupe du monde 2014 ». Vaste programme ! En ramenant une difficile mais néanmoins méritée qualification du Maroc, les protégés de Sami Trabelsi , entre les deux prestations face aux « Lions de l'Atlas », ont dû puiser dans leurs ressources pour aller chercher le billet pour le Soudan. Manquant cruellement d'efficacité à Sousse, l'égalisation était au prix d'une réaction, pour le moins désordonnée, voire brouillonne. Bref, ils ont manqué de réalisme. Tirant la leçon à temps, ils ont su rectifier le tir à Casablanca faisant preuve d'une grande générosité dans l'effort et d'une parfaite solidarité dans l'engagement . C'est qu'en dépit d'une première mi-temps quelconque, la réaction tunisienne en seconde période fut au niveau de la motivation et de l'ambition du groupe, ce qui confirme la crainte d'avant match de l'entraineur marocain mettant en garde ses joueurs de « ne pas surestimer et encore moins sous-estimer l'adversaire », les exhortant au passage « de négocier le match avec fermeté et résolution ». Prémonition ? Ou juste retour des choses ? La victoire tunisienne si elle a été imaginée en première période, elle fut dessinée concrétisée en seconde mi-temps. Un jeu presque statique ! Avec une défense presque inédite, où l'entente dans l'axe entre Ifa et Ben Youssef est loin d'être parfaite, il était prévisible devant la rapidité et le pressing des avants marocains que notre défense allait au devant de quelques difficultés . En dépit d'un travail remarquable des excentrés Meriah et Hammami, le jeu des Tunisiens n'était pas « bien posé ». Usant et abusant parfois du jeu dit-long, la construction était laborieuse et la percussion presque inexistante . La rapidité du contre adverse ne laissait aucune chance aux joueurs du milieu de s'organiser d'abord en phase offensive et à être présents devant pour une meilleure récupération . Ce dysfonctionnement est dû en partie au caractère exagérément défensif du milieu tunisien où la présence côte à côte de Korbi, Yahia et Bergaoui a créé le surplus qui a freiné l'élan offensif de l'équipe. La dynamique offensive Quand à la mi-temps, le score est resté inchangé, faute de capacité marocaine suffisante à consolider l'acquis, le staff technique national a bien évalué la situation pour avancer d'un cran en apportant les corrections nécessaires. Le coup de coaching de l'entraineur fut réussi, le remplacement de Hammami ( latéral) par Msakni (attaquant) a permis d'aérer le jeu des tunisiens qui se trouvent du coup propulsés à l'attaque surtout que le second coup de coaching (Dhaouadhi un peu diminué par Bouazzi plus frais) a obligé permis également de faire appel aux incursions latérales ( les deux buts tunisiens sont à la base d'actions partant des couloirs). Ainsi, libérée l'équipe tunisienne produira un football de qualité créant pas mal d'occasions sur lesquelles ils ont buté hélas sur un excellent gardien ou le montant de la cage marocaine. Et même si les camarades de Salhi sont vite revenus au score dans un bref moment d'inattention, ce n'est pas faute de solidarité mais par manque d'expérience et de maturité de l'axe de la défense. La solidarité du groupe ayant fait le reste. Le Maroc a manqué de « résolution » (dixit Haddaoui) devant l'engagement « ferme » des Tunisiens. La qualification est certes bien méritée, mais il demeure certain également que des lacunes persistent encore tant sur le plan de la vigilance défensive que sur celui de la créativité offensive . C'est là que le travail commence…