Le dossier du Proche-Orient, est quasiment une affaire américaine. L'Europe et la Russie ne sont associées que pour sauver les apparences. De fait, la question de la paix dans cette région est une exclusivité américano-israélienne qui ne tolère aucune immixtion de la part des autres puissances. C'est Tel-Aviv qui exige que cela soit ainsi pour une raison bien évidente : les Etats-Unis ne peuvent se permettre de fâcher Israël en se mettant en travers de ses intérêts. Ils n'ont jamais et à aucun moment de l'histoire du conflit moyen-oriental observé une neutralité - même de façade - pour donner de la crédibilité à leur statut d'intermédiaire entre les belligérants. En dépit de tout cela ils demeurent les seuls capables de réunir autour d'une même table les différents protagonistes ou de parrainer des pourparlers indirects entre eux. L'administration Obama travaille depuis des mois sur une telle option pour tenter de sortir de l'impasse. Même s'il ne s'agissait là que d'une copie bien flétrie de ce que pensait pouvoir faire le successeur de Bush, qui s'était engagé à faire avancer " le processus de paix ". Deux discours prononcés dans la région ont fait croire que Barack Obama allait en finir avec l'état d'apathie qui règne depuis des années pour qu'au moins une ébauche de solution soit trouvée. Mais c'était compter sans l'intransigeance des nouveaux dirigeants de l'Etat hébreu qui ont fini par imposer leurs propres vues et leur calendrier. Mettant à profit le dossier du nucléaire iranien, les Israéliens en ont fait une priorité pour eux et pour l'allié américain. Coup bien réussi puisque la diplomatie de Washington consacre depuis tous ses efforts sur la question. Conséquence : le problème de la Palestine est relégué au second plan, même si épisodiquement on le remet sur la table. Tel-Aviv sait que M.Obama et son équipe ont perdu la main sur ce dossier depuis qu'ils n'ont fait qu 'aligner reculade sur reculade par rapport aux intentions du début de mandat, perdant du coup, toute crédibilité auprès de l'opinion et des dirigeants palestiniens, les plus modérés, mais aussi aux yeux de l'opinion publique internationale. Mais les dégâts ne s'arrêtent pas là : l'attaque contre la flottille de la paix dans les eaux internationales et la mort de neuf civils sont venues enfoncer le clou d'autant que la réaction américaine devant la tragédie a pêché par manque de fermeté. Aussi et comme si cela ne suffisait pas les Etats-Unis ont pesé de tout leur poids pour freiner Ankara dans son élan de pousser le Conseil de sécurité de l'ONU vers l'adoption d'une résolution condamnant sans ambages, le forfait israélien ! une attitude qui en dit long sur le désormais total alignement de Washington sur la politique de Tel-Aviv et qui met à mal la diplomatie américaine pour qu'elle puisse vraiment jouer les bons offices entre les parties en conflit. D'aucuns estimaient que la Turquie en envoyant la flottille vers Gaza, cherchait à piéger Israël et a bien réussi son coup. Une autre thèse stipule qu'il s'agit d'un piège tendu par les dirigeants de l'Etat hébreu au président Obama pour que ce dernier se dévoile et choisisse son camp. Fini, donc, pour lui le temps des atermoiements. Certes, Barack Obama est dans l'embarras, après avoir été contraint à une position qui va à l'encontre de celle de la majorité écrasante de la planète, mais cette position a au moins l'avantage de la clarté. Désormais, tout le monde sait que les Etats-Unis resteront ce qu'ils ont toujours été pour Israël, et que le discours des premières heures du mandat de son président n'est plus de mise.