Le monde n'est pas supposé savoir pourquoi le Président américain a été amené à permuter des généraux pour la conduite de la guerre en Afghanistan. Entre McChrystal et Petraeus, ça doit être du pareil au même, en dépit des distinctions que veulent bien faire les amateurs de stars américaines, tous types de spectacles confondus. L'un dans l'autre, et réciproquement, tous les deux ont montré une très grande capacité à utiliser les armes les plus sophistiquées pour raser complètement, et dans un premier temps, un pays. Comme en Irak, l'aviation et la puissance de feu n'ont pas fait de quartier, au point que le monde s'est habitué à parler de crimes collatéraux comme s'il s'agissait d'un dessert après un repas bien arrosé. L'affaire des généraux semble bien être le type même du non événement. Que Hamid Karzaï exprime son désaccord sur la permutation des hauts officiers américains en charge des affaires dans son pays, cela ressort de l'anecdotique dont on remplit les temps morts dans les journaux télévisés. On se demande d'ailleurs si cette prise de position a été communiquée au Président américain. Même les alliés des Etats Unis sur place, pourtant sous commandement du général désigné, trouvent plus sage de ramener ce non événement à « une décision nationale ». En d'autres termes, circulez, il n'y a rien à voir. Il y a bien eu quelques résolutions onusiennes à la base de l'équipée Afghane. Mais là aussi, l'idée s'est faite que donner son avis résulte d'une commande, l'avis allant naturellement dans le sens de l'injonction formulée au départ. L'Onu sert à garder une couche de morale dans la dérive des nations. Maintenant, est-il aussi sûr que derrière la petite crise, il n'y a pas de problèmes encore plus graves relatifs à la manière de sauver ce qui peut l'être dans cette guerre sans fin qu'on avait présentée comme gagnée depuis plusieurs années ? Depuis le temps, comme en Irak, les citoyens du monde n'accordent plus vraiment de l'importance aux chiffres des morts, y compris dans l'armée américaine. Les images des massacres ne font plus recette, et les généraux bardés de décorations n'ont pas vraiment de solutions à proposer. On parle beaucoup de l'héroïsme dont on tirera prochainement des films à la gloire de personnages de fiction, mais aucun problème sérieux n'a vraiment été résolu. Juste comme en Irak. On oublie facilement que l'armada n'a pas été envoyée, au moins publiquement, pour prouver que les avions ont ramené des pays à l'âge de la pierre taillée juste pour la démonstration. Les généraux américains sont probablement très forts. Quand à ramener la paix et la justice en Irak et en Afghanistan, il y a comme du retard à l'allumage.