Le Temps-Agences - Ce sont les victimes indirectes de trois décennies de guerres et de violences en Irak: un million de femmes ont perdu leur mari, et beaucoup vivent dans des conditions difficiles sans pouvoir réellement compter sur l'aide de l'Etat alors que sous Saddam Hussein, les pouvoirs publics se montraient généreux avec les veuves du conflit avec l'Iran. Hamida Ayed, une mère de trois enfants âgée de 45 ans, fait partie de ces 100.000 femmes qui ont perdu leur mari depuis l'invasion des forces américaines en 2003. Des femmes qui ne peuvent réellement compter sur l'aide d'un Etat aux moyens limités. Mme Ayed a normalement droit à 150.000 dinars (103 euros) par mois, plus 15.000 dinars (10 euros) par enfant à charge. Mais après deux ans de démarches administratives, elle n'a toujours pas obtenu les documents nécessaires à sa demande d'aide, et, ne connaissant aucun ami influent pour débloquer la situation, elle a décidé de jeter l'éponge. Pour joindre les deux bouts, elle vend des sandwichs et des boissons gazeuses à son domicile situé dans une enclave chiite de Bagdad où elle s'est installée après la mort de son mari, tué dans des violences interconfessionnelles en 2007. Le gouvernement estime à un million le nombre de femmes qui ont perdu leur mari dans la guerre contre l'Iran (1980-88), la guerre du Golfe (1991), les campagnes de répression contre les chiites et les Kurdes dans les années 1980 et 90, l'invasion de 2003 et les violences qui ont suivi. Les veuves doivent souvent lutter pour survivre et obtenir des subsides de toute façon insuffisantes. La question de l'aide à ces femmes est devenue une préoccupation majeure pour des organisations non gouvernementales comme pour le gouvernement. En 2008, le gouvernement a créé le Directorat de l'aide sociale pour les femmes qui prend progressivement en charge le versement d'allocations du ministère du Travail et des Affaires sociales, accusé d'incompétence et de corruption. Nahdah Hamid, la patronne du directorat, se plaint de manquer de fonds pour apporter des aides hors de la capitale et juge une réforme nécessaire pour éradiquer la corruption dans les services du ministère qui gèrent les dossiers des veuves. La situation était différente sous Saddam Hussein. Le régime offrait des terrains, des voitures et de généreuses pensions aux veuves de la guerre Irak-Iran.