La canicule qui a sévi la semaine dernière est du genre auquel les Tunisiens se sont relativement habitués. Ils en ont même vu pire par le passé proche et lointain. Toujours est-il que, depuis la commercialisation des appareils modernes de climatisation des maisons et des administrations, nos concitoyens se sont mis à s‘en procurer de plus en plus. Certes, les foyers qui en sont équipés sont encore minoritaires ; mais chaque été (bien plus qu'en hiver), leur nombre s'accroît et il y en a même ceux qui se procurent un deuxième voire un troisième climatiseur pour se prémunir encore mieux des fortes chaleurs. Cette tendance s'est-elle confirmée pendant l'actuelle saison ? Les quatre ou cinq jours caniculaires de la semaine dernière ont-t-ils drainé davantage de clients chez les revendeurs des appareils de climatisation ? Comment nos compatriotes s'y prennent-ils pour acquérir de tels engins relativement chers ? Ont-ils des préférences en matière de marques et s'y connaissent-ils vraiment en puissance des appareils ? Pourquoi ne pense-t-on aux climatiseurs qu'en été ? Le Tunisien achète-t-il son appareil pour l'été seulement ou bien pour la saison froide aussi ? Et les autres engins plus modestes comme les ventilateurs ont-ils encore des acheteurs en Tunisie ? Nous avons posé toutes ces questions à deux revendeurs agréés des appareils de climatisation et de ventilation, qui exercent leur commerce au cœur de la capitale. Leurs réponses respectives, qui concordent sur plusieurs points, montrent qu'ils connaissent parfaitement les comportements et la psychologie du consommateur tunisien. Dans un magasin de la rue de Bab el Jazira Dans la boutique de M.Mustapha B.R., c'est le fils de ce dernier qui a bien voulu nous répondre : « Oui, commença-t-il par nous dire, la semaine dernière fut bonne pour notre commerce. C'est à l'occasion des journées très chaudes que nous réalisons les meilleures ventes d'appareils de climatisation. Depuis deux jours et en raison du rafraîchissement notable enregistré dans les températures, nous accueillons beaucoup moins d'acheteurs. Le Tunisien est comme ça en été : tant que la chaleur est supportable et qu'il arrive à dormir, il ne pense jamais à la climatisation, mais il suffit d'une seule nuit passée à suffoquer pour que le lendemain, il se décide à venir chez nous. Et alors il devient d'une exigence impossible à satisfaire pour certains commerçants : en effet, dès qu'il a payé son appareil, il veut tout de suite le voir installé chez lui. Le plus patient ne supportera que quelques heures d'attente. C'est pour cette raison que beaucoup de clients nous préfèrent aux grandes surfaces ; nous les satisfaisons en beaucoup moins de temps. Concernant le prix de l'appareil, le Tunisien se le procure de toutes les façons possibles lorsqu'il ressent comme une urgence vitale l'installation du climatiseur. Nous accordons des facilités de paiement et y sommes obligés parce qu'ailleurs, comme dans le grand magasin d'à côté, on consent des amortissements très tentants et sur plusieurs mensualités. Il n'en demeure pas moins vrai que pour en bénéficier, il faut réunir une paperasse énorme et passer par diverses tracasseries administratives. Chez nous, le paiement s'effectue par chèque ; c'est plus sûr aujourd'hui, parce que depuis quelque temps, nos banques ne délivrent les chéquiers qu'à leurs clients solvables et fiables ». Dans la grande surface d'à côté Le responsable de la grande surface sise à quelques mètres de là confirme que le chiffre d'affaires dans les ventes de climatisation dépend largement des températures enregistrées : « Lorsqu'il fait doux, les ventes baissent considérablement comme en cette fin de semaine plutôt fraîche (NDLR : on était dimanche 25 juillet). Allez le vérifier par vous-mêmes dans nos rayons. Pour ce qui est des marques les plus demandées, il y a lieu de noter le succès réalisé cette année par une grande firme coréenne. Cela dit, on achète également les grandes marques occidentales. Les puissances demandées sont le plus souvent 7000 et 9000 BTU option chaud-froid, même si en hiver on met rarement en marche le climatiseur. Nos clients qui paient par facilités ne sont pas plus nombreux que ceux qui paient comptant. Nous prenons beaucoup de précautions avant de consentir les facilités de paiement parce que, tout simplement, nous ne voulons pas connaître le sort de la grande société déficitaire que tout le monde connaît et qui n'existe plus aujourd'hui à cause de ses imprudences » Les ventilateurs se vendent toujours bien Nos deux interlocuteurs ont en effet confirmé le succès que connaissent, aujourd'hui encore, les appareils électriques de ventilation: « Les familles modestes, précise le jeune B.R., n'ont pas les moyens d'acheter des climatiseurs à plusieurs centaines de dinars, même lorsqu'on leur accorde des amortissements alléchants. Mais aujourd'hui, le ventilateur a un usage plus personnel que collectif : dans certaines maisons, on en utilise jusqu'à trois en même temps. Contrairement à ce qu'on colporte comme préjugé sur cet appareil, sa consommation d'électricité est insignifiante comparée à celle d'un climatiseur. C'est vrai par ailleurs qu'on achète ce genre d'engins à bon marché du côté de Boumendil, mais les produits du marché parallèle sont trop fragiles par rapport aux marques de qualité que nous proposons ici à nos clients ». Le service après vente laisse à désirer On a soulevé la question du service après vente avec nos deux interlocuteurs qui donnèrent chacun une explication à la lenteur et à la médiocrité des prestations rendues dans le domaine de la maintenance en particulier. « Quand la pression est trop forte sur les techniciens de ces services, souligne M.B.R., il est tout à fait naturel que ces derniers marquent du retard dans l'accomplissement de leur travail ou qu'ils le bâclent. » Pour le responsable de la grande surface, c'est selon les enseignes. « Certaines maisons de renom sollicitent les services de techniciens très compétents et très consciencieux. D'autres emploient des agents médiocres ou très paresseux. Mais il faut savoir aussi que, parfois, on met trop de pression sur ces agents de la maintenance sans pour autant les récompenser à la mesure de leurs efforts. En effet, il y en a qui sont très mal payés et dont on ne peut logiquement pas attendre qu'ils soient très enthousiastes au travail. Malheureusement, c'est le consommateur qui en pâtit et qui se trouve obligé d'attendre plusieurs jours, dans certains cas, pour voir le réparateur frapper à sa porte !» Enquête réalisée par Badreddine Ben HENDA