Alors que M. Kouchner se rend en Mauritanie pour discuter des moyens de faire face à la mouvance intégriste, Barak Obama, Prix Nobel d'une paix utopique, admire le déploiement, en mer du Japon, de son porte-avions l'USSGeorge Washington pour intimider Pyongyang. Cette opération est baptisée « Esprit invisible », aveu prémonitoire (mais inconscient) de la myopie de Washington face aux véritables esprits du mal qui exécutent les otages et prétextent la religion. L'exécution de Michel Germaneau par « L'Aqmi » (Al Qaïda au Maghreb islamique) n'est ni la première et ni, malheureusement, la dernière. Car l'Occident n'a pas réellement de solution contre cette nébuleuse qu'il avait alimentée, fabriquée et dont il avait fait le lit, du temps des anciens blocs. Le plus classique des mécanismes aura néanmoins échappé à l'entendement de cet Occident : le syndrome Pygmalion… Et ce funeste Pygmalion, dont l'icône reste « l'ennemi-intime » Ben Laden, de se retourner contre celui qui lui a insufflé cette âme maléfique. Plus inquiétant encore, les ramifications d'Al Qaïda sont, aujourd'hui, tellement complexes, tellement mieux tissées qu'une toile d'araignée, que le mot « terrorisme » se dilue dans des descriptions imagées et fantasmagoriques, alors que les Etats-Unis, l'Europe et la Russie ne se sont « réellement jamais concertés pour une stratégie « scientifique » ou, du moins, pour une approche dépassionnée et réaliste des choses. Car malgré les attentats de Madrid, malgré la composante religieuse fortement marquée de l'insurrection tchétchène, Européens et Russes auront minimisé l'impact de l'intégrisme qui s'est pourtant mis à recruter dans la précarité sociale, le chômage, et auprès des exclus de la croissance. Pour autant, ils ont cru que la fronde terroriste se limiterait aux Tours jumelles. Quelque part, chacun y trouvait son compte : Ben Laden éventre le World Trade Center, et Bush va capturer Saddam (l'ennemi viscéral de Ben Laden) à sa place ! La Vieille Europe se limitait à de vagues désapprobations tandis que Poutine roulait des mécaniques, l'œil vigilant sur la mer rouge et la mer caspienne. Que le terrorisme fût l'affaire des seuls Etats-Unis arrangeait un peu tout le monde et, particulièrement, le Golfe et le Moyen Orient (en dehors de l'Iran et de la Syrie). Le prix à payer : regarder Israël faire. Or, pouvait-on être, à ce point, dupe des promesses de paix, de chasse au terrorisme, d'un Barak Obama qui croit pouvoir démanteler Al Qaïda en Afghanistan alors qu'elle est partout ? Car non seulement l'Amérique a réussi, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, à mettre en crise les trois religions monothéistes et à installer un nouveau conflit des religions, mais voilà qu'elle paraît déboussolée. De son côté, en voulant justifier le terrorisme intégriste par la seule donne religieuse, l'Europe aura amplifié l'islamophobie allant jusqu'à défendre les caricatures du Prophète, au nom de la liberté d'expression. L'Occident a donc fait le lit de l'intégrisme. C'est ce que leur avait dit Ben Ali dans une retentissante interview au Figaro, le 3 août 1994. Et pourtant, nous « gérions » le GIA à nos frontières…