Le compositeur et professeur de musique connu Brahim Bahloul a accusé le musicien Sabri El Ouny d'avoir plagié son œuvre ‘'Targue'' pour créer le spectacle de musique et de danse d'inspiration berbère ‘' Rythmes berbères'', présenté, mercredi 4 août à la 33ème session du Festival culturel d'été d'Ezzahra. Le spectacle ‘' Targue ‘' de Brahim Bahloul a été créé en 2007, alors que ‘'Rythmes berbères'' est une création récente de Sabri El Ouny, présentée pour la première fois en mai dernier au théâtre de la ville de Tunis, puis cet été, dans le cadre de quelques festivals culturels. Lors de la soirée du 4 août, Brahim Bahloul a voulu enregistrer quelques séquences de ‘'Rythmes berbères ‘' sur vidéo pour les avoir comme preuves de plagiat, mais le directeur du festival d'Ezzahra, Rachid Hajlaoui, l'en a empêché, pour n'avoir pas obtenu une autorisation préalable de la direction du festival, et ce en présence de Tahar Mallek, président de l'Association théâtrale ‘'Hassen Zmerli'' et metteur en scène de ‘'Rythmes berbères''. Des membres de cette troupe ont participé à l'interprétation du spectacle. Nous avons également assisté à la soirée et étions apparemment le seul journaliste présent. Interrogé, Sabri El Ouny qui fut, un jour, l'élève de Brahim Bahloul, à l'Institut supérieur de musique de Tunis, a rejeté catégoriquement l'accusation de plagiat, reprochant même à son ancien professeur ‘'d'être obsédé par de pareilles idées'' et se prévalant de jouer parfaitement de plusieurs instruments de musique contrairement à Brahim Bahloul. De son côté, Taher Mallek estime que la musique et le chant berbères sont un legs et un fonds commun dans lequel tout créateur a le droit de puiser pour composer ses œuvres. Le groupe qui a assuré l'exécution de ‘'Rythmes berbères'' était composé de plusieurs instrumentistes, notamment des percussionnistes, parmi lesquels le créateur de l'œuvre, ainsi que de jeunes interprétants, membres de l'Association théâtrale ‘'Hassen Zmerli'', dont la jeune interprétante Najah Talasse qui a été étonnée, en apprenant l'affaire. ‘'Sabri El Ouny s'est montré très impliqué et très appliqué dans le montage de son œuvre, durant les répétitions, et il n'a pas donné l'impression d'un artiste cherchant la facilité dans le plagiat, nous a-t-elle dit. Sur ce plan, ‘'Rythmes berbères'' se distingue, en effet, par une certaine originalité et un esprit de recherche dans l'exploitation du patrimoine musical local, grâce au recours à des ingrédients très significatifs, comme la percussion du sol par les bâtons et la percussion des pierres par des pierres en vue de produire des sons. Au départ, la musique chez l'homme consistait, justement, à faire du bruit et du tapage naturellement rythmés, en frappant le sol par des bâtons et en lançant des pierres, ou encore en sifflant et en gesticulant au moyen de la bouche, ensuite sont venus les divers instruments à percussion, à vent et à cordes. C'est cet aspect qui a sûrement trompé Brahim Bahloul, réputé pour son souci de recherche dans la création musicale. Il a été le premier à utiliser les ingrédients signalés dans son œuvre ‘'Targue'', terme qui signifie en arabe musique, chant, percussion, son. Les anciens arabes utilisaient ‘' le targue'', dans le sens de la percussion des pierres par les pierres, à des fins de divination et pour avertir l'autre, dans certaines circonstances. Signalons à cet égard que Brahim Bahoul a été récemment invité en Inde par l'Etat indien pour assister, en tant que membre fondateur, à l'assemblée constitutive du Congrès international de musique africaine et il nous a dit travailler actuellement sur un projet de recherche concernant la musique bédouine en Tunisie.