Le Temps-Agences - Une association israélienne vient de publier sur Facebook d'autres photos de soldats de l'armée israélienne humiliant des Palestiniens. Des images parfois pires que celles de l'ex-soldate israélienne qui ont fait le tour de la planète. Un Israélien qui prend la pose à côté d'un prisonnier aux yeux bandés. Trois soldats tournés vers l'objectif, qui s'agenouillent près d'un Palestinien au corps martyrisé. Un militaire qui menace d'une arme un homme allongé sur le dos, auquel on a retiré le pantalon. C'est le contenu des photos que vient de publier l'association israélienne «Breaking the silence», en réaction à la polémique déclenchée par Eden Abargil il y a quelques jours. L'ancienne soldate israélienne avait diffusé sur Facebook des photos d'elle posant, durant son service militaire, auprès de prisonniers palestiniens. L'album était intitulé «Armée… les meilleures années de ma vie». Des clichés jugés indignes, que l'armée israélienne, a condamnés, soulignant qu'il s'agissait d'un acte isolé d'une «brebis galeuse». Mais les photos diffusées sur Facebook par «Breaking the silence» semblent montrer que ce n'est pas si rare que ça. Et les huit clichés qu'elle a sélectionnés et publiés sont parfois pires que ceux d'Eden Abargil. L'association, lancée par d'anciens soldats israéliens, dénonce le comportement de l'armée israélienne sur les territoires palestiniens. Depuis 2004, elle a collecté plus de 650 témoignages de soldats et dispose désormais d'une importante base de documentation composée d'écrits, de vidéos et de photographies. Parmi ces documents, des centaines de clichés similaires à ceux d'Eden Abargil, que l'association utilise depuis des années pour dénoncer les exactions des soldats israéliens en Palestine. Breaking the silence les avait même exposés à Tel Aviv en 2004. Sans succès: ces photos n'ont jamais généré le retentissement de celles de la soldate. La surprenante réaction d'Eden Abargil à la controverse semble aller dans le sens de ce que dénonce Breaking the silence. Pour l'Israélienne, qui a quitté l'armée il y a un an, impossible de comprendre en quoi ces photos peuvent paraître choquantes. «Je ne comprends pas ce que j'ai fait de mal», a-t-elle déclaré à une radio militaire israélienne. «Il n'y a eu de ma part ni violence, ni mépris, je n'ai porté atteinte à personne. Je les ai traités avec respect. Regardez les photos, je ne fais pas de gestes obscènes ou quoi que ce soit de ce genre.» Pour expliquer ce type de comportement, certains avancent le jeune âge des soldats. Chaque Israélien, dès l'âge de 18 ans, part effectuer son service militaire. Il dure au moins trois ans pour les hommes et 22 mois pour les femmes. Ce sont «presque des adolescents, ou un peu plus âgés» déplore Ghassan Khatib, un porte-parole de l'autorité Palestinienne. «Ils se retrouvent dans une position de puissance, où ils peuvent dominer les autres. Cela corrompt les jeunes ». Qui plus est, les habitudes de la nouvelle génération ont considérablement changé la donne et facilité l'émergence de ce type de scandale. Les photos, prises avec des appareils numériques ou des portables, ne coûtent rien et sont donc plus nombreuses et moins réfléchies. Mais surtout, leur diffusion est largement amplifiée par l'intermédiaire d'Internet et des réseaux sociaux. Ce qui restait auparavant dans les albums de famille peut désormais, en quelques minutes, se retrouver aux yeux de la planète entière. -------------------------- Attaque contre l'ambassade turque à Tel Aviv : L'assaillant arrêté Le Temps-Agences - Un tribunal de Tel Aviv a approuvé le placement en détention d'un Palestinien ayant fait irruption mardi à l'ambassade de Turquie en Israël, muni d'un couteau et d'un bidon d'essence. L'homme a tenté de prendre des personnes en otages et demandé l'asile politique avant d'être remis aux autorités israéliennes à l'issue de sept heures de confrontation tendue. L'administration des tribunaux israéliens a précisé hier que le tribunal de Tel Aviv avait approuvé la mise en détention de Nadim Injaz pendant une semaine afin de permettre à la police d'enquêter. Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a identifié l'assaillant comme étant un Palestinien de Ramallah en Cisjordanie. La police israélienne a précisé que Nadim Injaz avait été récemment libéré de prison après avoir été incarcéré pour une attaque contre l'ambassade de Grande-Bretagne en 2006, où il avait également fait une demande d'asile. A Londres, le Foreign Office a confirmé qu'il s'agissait de l'individu impliqué dans l'incident de 2006 à la mission diplomatique britannique. L'homme a été escorté à l'extérieur de l'ambassade de Turquie mardi soir avant d'être emmené à bord d'une ambulance. Vêtu d'une chemise bleue et boitant légèrement après avoir été apparemment blessé par balle, il a brièvement levé les bras et a crié avant d'être maîtrisé par des policiers israéliens. Une heure plus tôt, le gouvernement turc avait annoncé avoir la situation en main. "Les gardes de notre ambassade ont neutralisé l'individu alors qu'il tentait de prendre en otage le vice-consul" après avoir réclamé l'asile, ont annoncé les autorités turques dans un communiqué, en précisant que l'homme était muni d'un couteau, d'un bidon d'essence et d'une arme à feu factice. "Tout est sous contrôle", a expliqué le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu à des journalistes, en soulignant que l'assaillant n'était pas sérieusement blessé. Channel 2 TV a diffusé l'enregistrement d'un appel téléphonique émanant selon elle de l'assaillant. "J'ai deux otages", a-t-il dit en hébreu. "Je vais faire sauter l'ambassade. S'ils ne me laissent pas quitter ce pays, je mettrai le feu à tout le bâtiment. Je brûlerai tout. Je brûlerai les voitures, les portes (...). Je casserai tout". L'avocat Chafik Abouani a affirmé à la radio israélienne qu'il avait parlé à l'homme à trois reprises par téléphone, pour tenter de le calmer et que les otages, le consul et son épouse, les seules personnes à l'ambassade selon lui au moment des faits, s'étaient échappés. Injaz a déclaré qu'il admirait le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. "Je l'aime et le respecte", il devrait "m'accorder l'asile politique face à ces sionistes meurtriers", a-t-il lancé, liant indirectement l'incident aux récentes tensions entre Israël et la Turquie. Ankara a rappelé son ambassadeur en poste à Tel Aviv après l'assaut des forces israéliennes du 31 mai contre une flottille humanitaire pour la Bande de Gaza. Neuf militants pro-palestiniens, huit Turcs et un Américano-Turc, ont été tués dans l'intervention.