Lorsqu'il était à la tête de l'équipe nationale, Roger Lemerre, n'a jamais réussi à faire l'unanimité ni sur ses conceptions tactiques ni sur ses choix et encore moins sur sa méthode de travail. On lui a reproché tour à tour, ses concepts qu'on trouvait archaïques, son caractère irascible, son penchant pour l'autoritarisme et ses manies du détail. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare qu'on lui conteste le mérite d'avoir remporté la Coupe d'Afrique en 2004 en mettant en grande partie cette réussite sur le compte du hasard. Mais personne n'a pu mettre en doute son professionnalisme dans son comportement et son total respect de la déontologie envers toutes les composantes de son environnement. Ce comportement dont il a fait un principe, m'est revenu à l'esprit à la lecture ces derniers temps de quelques déclarations pour le moins incompatibles avec le professionnalisme pour ne pas dire le savoir-vivre tout court. En effet, le même jour cette semaine deux entraîneurs ayant en commun d'avoir été aux commandes du même Club Africain ont cru devoir déroger à ce principe sacro-saint. Le premier, nouvellement recruté, a voulu justifier à l'avance, sa rapide éviction en démolissant médiatiquement et méthodiquement l'ensemble qu'il est venu promouvoir. Le second, trois ans après avoir quitté ce club, sur un coup d'éclat il est vrai, mais dont on ne gardera que le souvenir de sa finalité, a estimé être en droit de juger avec hauteur et superbe ses successeurs immédiats. Si déjà dans nos clubs, la compétence dans la gestion n'est pas tout à fait évidente. Si nos joueurs sont trop à la merci des réactions de leurs supporters et que ceux-ci sont à leur tour tributaires plus que de raison de leur fibre ultra, la notion de professionnalisme perdrait tout ce qui resterait de son sens quand des techniciens dont c'est le rôle d'être les gardiens auront manqué de pudeur. M. Bracci aurait mieux fait de s'enquérir, avant, du poids de la charge dont on l'investissait et M Ben Chikha aurait été mieux inspiré s'il n'avait pas quitté son poste pour ne pas avoir à affronter le temps et son usure, plutôt que de jouer l'oracle, après coup, en caressant au passage et dans le sens du poil ce fauve qu'on appelle ultra. D'aucuns préféreraient ceux qui, comme Roger Lemerre, sont critiqués pour leurs conceptions plutôt que ceux pour qui la déontologie est un mot creux. J'avoue quant à moi que j'aimerai être compté parmi eux.