Cette année encore, la couverture de la soirée de clôture du Festival de la Médina nous échut, avec tout de même une différence de taille par rapport à l'édition de 2009 : le spectacle s'est déroulé au beau milieu de la « cité arabe » et non au Théâtre municipal. L'événement coïncidait avec une des soirées de la nouvelle manifestation « Une Médina et des veillées », organisée, du 3 au 9 septembre 2010, par la Municipalité de Tunis en collaboration avec le Ministère du tourisme et le Ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine. Comme pour rester dans cette ambiance nostalgique et célébrer la réconciliation de la capitale avec son site arabe le plus authentique, la 28ème édition du Festival de la Médina programma, pour la soirée de clôture, la toute dernière création de Fadhel Jaziri « Hadhra 2010 », qui rappelons-le, ouvrit le Festival de Carthage cet été et fut ensuite au menu d'autres grandes manifestations estivales. Pour tout dire, le spectacle mitigé de Jaziri se tint, mardi soir, au milieu d'une cité en fête. Non seulement en raison de l'approche de l'Aïd, mais la Médina de Tunis donnait l'impression de faire peau neuve après l'achèvement des travaux de réaménagement du circuit touristique reliant la Zitouna à la zaouia de Sidi Brahim Riahi. Et puis que de monde ce soir-là dans les ruelles remarquablement illuminées de la vieille cité. A l'entrée de la rue du Tribunal, une foule monstre faisait la queue pour voir ou revoir le spectacle de Jaziri et quelques mètres plus loin, juste en face des Jardins du Palais Kheireddine, une autre assemblée non moins nombreuse s'organisait en cercles familiaux autour d'un gigantesque banquet payant en partie seulement puisqu'on offrait à l'assistance comme aux passants plusieurs mets typiques de notre gastronomie ramadanesque. Dans un coin de la grande place, une troupe se préparait à donner un concert de soulamia au moment où les 101 artistes réunis par Fadhel Jaziri montaient sur scène. On pouvait suivre le spectacle depuis cette aire puisqu'on le projetait en direct sur la façade du Palais Kheireddine. Mais nous préférâmes entrer dans la cour de ce site séculaire. Une Hadhra plus « autochtone » Sur scène, la troupe était à l'étroit et il lui était difficile de réussir tous ses tableaux. Bien qu'agrandi de quelques mètres (on nous rapporta qu'il fallut 2 semi-remorques de planches pour effectuer cette extension), l'échafaudage obligeait chaque fois la troupe à serrer les rangs si bien que le spectateur peinait à évaluer le travail des chorégraphes et celui des scénographes. En dépit de ce handicap majeur, il y eut des séquences impressionnantes paradoxalement bien servies par l'exigüité du décor : le tableau avec les étendards notamment et celui animé par le joueur de mezoued. Dans l'ensemble, la Hadhra jouée mardi soir nous parut moins portée qu'à Carthage sur ses aspects novateurs. La guitare se fit plus discrète, le saxophone fut moins présent que le violon, les costumes et les danses étaient beaucoup moins exotiques et surtout plus pudiques que le soir du 9 juillet 2010. Quelques ratés, cette fois encore : en particulier l'invocation en solo de l'une des chanteuses dont la voix était, malgré l'excellente qualité de la sono, à peine perceptible et aussi le piteux état dans lequel étaient les palmes décorant le cortège de la mariée. Sinon, le spectacle plut à l'assistance sans trop la marquer néanmoins. Les applaudissements du public furent sporadiques et plutôt timides. Il y avait de quoi, en fait ! La fête dans la gabegie Du côté du parterre, presque personne ne se sentait vraiment à l'aise en suivant le spectacle. Avant d'être investi par le public, l'espace était pourtant impeccablement organisé. Tout y était disposé de la meilleure manière possible. Mais lorsque les spectateurs affluèrent, la pagaille régna et les organisateurs eurent beaucoup de mal à gérer la gabegie ambiante. Il paraît que sur les mille 500 spectateurs présents (chiffre très approximatif), plus de la moitié répondaient à une invitation du comité d'organisation ou à celle d'un sponsor du festival. Comme chaque hôte s'était fait accompagner par un ou plusieurs proches, on vous laisse imaginer le surnombre que cela pouvait créer et créa de fait. L'assistance comptait d'autre part un nombre impressionnant de jeunes trop remuants. Ce qui n'était pas du tout pour offrir une meilleure visibilité au reste du public ! En tout cas, lorsque nous quittâmes les Jardins (??) du Palais Kheireddine, il y avait plus de 30 spectateurs debout qui cachaient la scène à cinquante autres assis sur leurs chaises au fin fond de la cour. Un peu comme dans nos grandes cérémonies familiales, quoi ! Tant mieux, puisque personne ne s'en est plaint ! C'est un peu ça aussi, la fête !