Le fait pour un salarié de quitter inopinément son poste de travail, même pour un laps de temps, constitue-t-il une faute justifiant son licenciement ? Certes l'abandon de poste constitue une faute grave commise par le salarié surtout lorsque cet abandon a entravé la bonne marche du travail ou a causé des dégâts préjudiciables à l'employeur. Il faut cependant prendre en considération deux éléments essentiels à savoir : -Les causes qui ont incité l'employeur à quitter son poste, afin de déterminer s'il a agi de mauvaise foi. -Les conséquences de cet acte du salarié sur la bonne marche du travail. Dans le cas d'espèce, M.Kacem, était gardien dans une entreprise. Un soir alors qu'il était en service, il a senti un malaise, et fut obligé de quitter son poste de travail pour aller à ,son domicile situé à quelque cent mètres du lieu du travail. Entre-temps, un incendie s'est déclaré dans l'usine, et ce sont des passants qui ont alerté les agents de la protection civile. Ces derniers sont intervenus à temps pour maîtriser les flammes et limiter les dégâts. Traduit devant le conseil de discipline, M. Kacem a déclaré qu'il a été dans l'obligation de quitter son poste de travail, et avait l'intention d'y retourner une fois qu'il aurait pris le médicament qu'il était allé chercher à son domicile. Il affirma qu'il n'était pas du tout de mauvaise foi. Il a été licencié pour abandon de poste. Cependant, dans la motivation de la décision de licenciement, l'accent a été mis surtout sur l'incendie qui a eu lieu pendant son absence comme pour dire que celà a été la cause de l'incendie. Or une expertise a démontré que l'incendie a était du à un court circuit à cause de l'état défectueux des fils électriques. Par ailleurs M.Kacem, affirme qu'il ne s'était pas absenté plus d'un quart d'heure et qu'à son retour il fut surpris de voir les véhicules de la protection civile sur les lieux. M. Kacem peut dans ce cas agir devant le conseil des prud'hommes afin de démontrer que la décision du conseil de discipline était démesurée. La sanction n'est pas proportionnelle à la faute,qui nécessitait peut-être un mise à pieds pour un temps déterminé ou même un simple avertissement. D'autant plus que l'incendie n'était la conséquence directe de l'abandon de poste, puisqu'il provenait d'un court circuit. S'il avait été présent, M. Kacem n'aurait pas pu parer à la situation, n'étant ni chargé de l'entretien des lieux, ni spécialiste en électricité. Certes il a commis la faute d'abandonner le poste de travail. Mais il peut démontrer que son acte n'est dû à une insouciance de sa part mais par nécessité, voire par force majeure, ayant été dans l'obligation d'aller chercher ses médicaments.