Sûrement que, comme tout un chacun, vous avez entendu parler de la création de « la radio culturelle », station qui est censée, comme son nom l'indique, nourrir et se nourrir des arts et de la culture. Depuis, ni quand on prend un taxi, un café, un train ou un louage, on n'a le privilège d'écouter les émissions de cette nouvelle arrivée dans le paysage médiatique tunisien. Serait-elle morte de faim, la culture s'avérant être une nourriture caloriquement faible ou bien une denrée introuvable dans le marché aux engrais ? Aurait-on créé un projet qui devrait se nourrir du néant pour gonfler les muscles d'un néant qu'on considère comme la terre la plus fertile donnant le meilleur blé alors qu'en réalité, cette terre n'a rien de fertile et qu'elle puise le peu de beauté de façade dont elle dispose dans le petit fond obligatoire que l'homo-sapiens politique met à sa disposition ? Qui écoute la Radio culturelle ? Sur quelle fréquence émet-elle ? Qui sont ses décideurs, ses meilleurs animateurs et ses émissions cultes ? Existe-t-elle encore et pourquoi ? Nous voulons dire pourquoi existe-t-elle et pourquoi n'existe-t-elle pas ? Est-ce sa faute si elle demeure ainsi repliée sur elle-même dans les ténèbres et la moisissure de l'actualité ? Une radio sportive aurait sûrement plus de chance de soulever les passions. Pourquoi nous entêtons-nous à vouloir garder en vie ce grand corps malade qu'est la culture à tout prix ? Ne pourrait-on vivre sans cette damnation que nous nous infligeons par notre propre volonté ? Combien de romans et d'autres variétés de livres produisons-nous par saison ? Combien de films ? Combien de pièces de théâtre ? Combien de peintres de valeur la Tunisie peut-elle se targuer de posséder ? La musique tunisienne existe-t-elle au point d'être aimée et défendue par ses enfants et par les multiples fans de par le monde? Ceux qui sont choyés par les décideurs pour être les timoniers de la frégate des arts méritent-ils d'être nommés à ces pistes ? La politique de non-exclusion est-elle réellement pratiquée ? Le politique est-il obligé d'être créateur artistique où doit-il tout, simplement, se contenter de tracer l'itinéraire qui facilitera le voyage de la frégate des arts ? A côté des radios privées ne doit-on pas laisser la possibilité aux associations de créer des radios libres comme ce fut le cas en Italie et en France depuis bientôt 40 et 50 ans ? Vers le créant ? En tout cas, on espère beaucoup mieux.