L'expérience du tout libéral des deux dernières décennies du XXe siècle a montré à quel point, la démission de l'Etat face à l'initiative privée dans le domaine économique était néfaste. L'Etat de par son rôle de juge entre les composantes de la société constitue un gage de sécurité et de stabilité et une garantie pour les investisseurs et partenaires économiques étrangers. La crise économique qui sévit encore a donné la preuve de l'indigence du système érigé en dogme par les Anglo-saxons depuis les années 1980 du siècle dernier. Les bulles qui ont touché tous les secteurs de l'économie, les faillites qui s'en suivirent, la montée en flèche du chômage notamment dans les pays industrialisés sont toutes consécutives à une dérèglementation générale due à l'absence de l'Etat en tant que régulateur indispensable et incontournable. Ses détracteurs qui occupaient le devant de la scène se font aujourd'hui tout petits préférant l'anonymat aux flashs des photographes et aux plateaux de télévision. A leur place on voit de plus en plus de gens louer les mérites des interventions gouvernementales qui, sans elles la crise aurait atteint le seuil de l'intolérable surtout pour les plus vulnérables. Mais il y a toujours des exemples de gouvernance qui méritent qu'on s'y attardent dessus pour que la comparaison puisse servir le constat observé et permettre d'en tirer les conclusions qui s'imposent. A la fin des années 1980, la Malaisie grâce à la justesse de vues de son Premier ministre de l'époque Mahatir Mohamed, était le seul pays du sud-est asiatique à avoir échappé à la crise qui a frappé toute la région. « La monnaie du pays, est une affaire d'Etat et ne pouvait en aucun cas être laissée entre les mains des spéculateurs », affirmait le gouvernement de M. Mahatir. Le taux de change doit être défini par la banque centrale malaisienne et ne peut être déterminé par le marché. Cette fermeté était payante et a donné matière à réflexion à beaucoup de pays jusque-là épatés par la mode libérale qui déferlait sur la planète. C'était la première leçon qu'on doit se remémorer surtout pour les pays en voie de développement. La seconde, elle est de fraîche date : deux pays émergents ont pu franchir la crise de 2008 sans encombres, il s'agit bien sûr de la Chine et du Brésil. Dans les pays industrialisés (Japon compris), atteindre le taux de 2% serait vraiment une performance. Le marasme dans ces pays perdure en dépit des milliers de milliards de dollars ou d'euros injectés dans les différents secteurs d'activité économique. Mais le ver était dans le fruit, non seulement cette intervention avait tout l'air d'un replâtrage tardif, par conséquent peu efficace. Au Brésil à titre d'exemple le taux de croissance actuel n'a pu être atteint que grâce à toute une stratégie de développement social qui a permis à toutes les franges de la population de participer à l'effort économique par voie de consommation et même d'investissement. Par ailleurs dans ce même pays tout comme en Chine l'Etat reste présent dans l'économie et investit massivement dans plusieurs secteurs, notamment dans l'infrastructure et ne s'est jamais retiré de ceux jugés stratégiques pour qui doivent demeurer sous son contrôle. Et c'est en optant à un tel capitalisme où le privé côtoie le public – mais un public puissant – que ces deux pays ont tourné très vite la page de la crise pour s'installer dans la croissance.